Les arbres tombent-ils vraiment dans le grand parc de la propriété du Val de Loire auquel Paul a prodigué tous ses soins ? le vieil homme qui vit là, seul, depuis qu'il a quitté Paris et la vie active, alerte sa fille et lui demande de l'aider. Zélie le rejoint, comprenant que ce père, jadis si puissant, lui lance un ultime appel au secours.
L'amour d'un père et d'une fille est un sentiment pudique et délicat : les voici qui tentent de se parler sous les frondaisons, soignant ensemble les bois dans lesquels, quinze ans plus tôt, ils n'ont pas su empêcher leur fils et frère de se donner la mort.
Survient Luc, qui trouble leurs retrouvailles en les obligeant à se confronter à leurs secrets.
Un roman d'une beauté simple et tragique, qui révèle toute la maturité littéraire de l'auteur.
Oriane Jeancourt Galignani a publie plusieurs romans, dont Hadamar (Grasset, 2017, prix de la Closerie des Lilas) et La Femme-écrevisse (Grasset, 2020). Elle est critique litteraire et theatrale et redactrice en chef de la revue culturelle Transfuge.
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Le bonheur n'était peut-être pas l'idée la plus ridicule qui soit.
" Je n'ai que trente ans. Comme les chats, je dois mourir neuf fois. "
Sylvia Plath (1932-1963)
(page 94)
Les membres du jury pourront apprécier d’eux-mêmes, l’exhibitionnisme de Mme Aunus, j’ai imprimé son mur Facebook et son historique, il s’agit de ma première pièce à conviction. P 42
"Ils assistaient à la violence des SA, aux manoeuvres des donneurs de crédit du NSDAP, aux manifestations à croix gammées grossissant de semaine en semaine comme des truies gavées de graines qui prenaient possession de leurs rues éteintes.
Mais "Rien "ne suggérait la vitesse avec laquelle la pensée nazie s'installa dans les cerveaux, domina l'instant, devint réflexe : l'agilité des prestidigitateurs nazis....Franz l'a enfin compris une nuit de février 33..."
"Toute société se juge à la manière dont elle traite ces hommes, femmes, enfants, ces esprits en fuite qui n'ont d'autre choix que d'être pris en charge par elle.
Tout homme se mesure à la manière dont il appréhende la folie, l'étrangeté, la faiblesse."
Debbie ne regarde plus la partie, mais Quentin figure enragée, poing au ventre. Il n’a plus rien de l’élève à la docilité fourbe. Des rides de férocité se tracent de chaque côté de ses lèvres, sillonnent le tendre blanc de son menton. P60
- [...] Mais y a d'autres choses que le plaisir, dans le sexe.
- Ah oui ?
- Oui. L'absence.
- L'absence de quoi ?
- D'un peu tout. Des gens, de leurs questions, des journées qu'ils t'imposent. T'as jamais cette envie-là, toi, de blanc ?
(p. 137)
Elle ne dira rien de plus [à son mari], sait que chaque mot demeurera entre eux, à jamais. Comme leur histoire avec le couple de Louisiane, une tache de gras qui imprègne leur couple et qui réapparaît selon l'éclairage porté sur leur passé. (p. 231)
Elle se souvient d’un tableau qu’elle a vu dans une pub pour une assurance, tard dans la nuit : une crucifixion médiévale d’un peintre lointain, européen. Une scène sans ombres. Des faces vivantes et, au centre, un meurtre. L’homme en croix représenté en pleine souffrance. Sang et nerfs s’expurgeaient le long des pectoraux du Christ. Le corps se vidait en direct. Elle aimerait donner cette image-là à la Lettown, au jury, au public de la télévision ; vomir l’image d’elle livrée dans le prétoire. Ils la libéreront à coup sûr si elle y parvient. Mais les jurés l’ignorent, ils écoutent la procureure avec la religiosité d’un public de cirque. P 74
Tenace idéal de croire que l'autre est le reflet de soi, que si les corps s'emboîtent, les esprits ne peuvent être que jumeaux.