Un regard de braise

Une chaleur lancinante naissait entre ses cuisses, et ses hanches se cambraient pour mieux se plaquer contre le pilon de chair dur comme le marbre qui tendait son pantalon, preuve du désir qu’il avait d’elle.
Oui, c’était honteux, interdit et décadent. Elle ne se reconnaissait pas dans cette femme haletante et avide qui gémissait sans retenue.

Elle est née esclave dans une ancienne colonie hollandaise. L’anglais n’est pas sa langue maternelle mais, à en croire ses détracteurs, elle parlerait comme une esclave ignare du Sud profond. Les meneuses féministes s’efforcent de tenir les femmes noires à l’écart de leur mouvement, ce qui en dit long sur leur mentalité. Prenez cette Elizabeth Cady Stanton, par exemple. Elle revendique maintenant un vote éclairé. C’est juste une façon de nous laisser au bord du chemin. Comme si les Blanches étaient les seules à savoir lire un bulletin de vote !

Le baiser qui suivit fut si doux et si grisant qu’elle ne put s’en contenter, et elle ne résista pas lorsqu’il l’attira dans ses bras, l’enlaça étroitement comme si leurs deux corps n’en formaient plus qu’un. Alors, elle sentit toute peur, toute prudence l’abandonner.
Plus rien ne comptait que les sensations de plus en plus intenses qu’il éveillait en elle. Elle aurait voulu que ce crescendo de plaisir ne s’arrête jamais. Sa bouche sur la sienne était habile, joueuse, si ensorcelante que Portia ne put s’empêcher d’entrouvrir les lèvres, et leurs langues entamèrent une danse sensuelle qui la fit gémir.

Ce devait être merveilleux d’être libre d’éprouver des sentiments aussi intenses, surtout quand ils étaient réciproques.

Le feu se propagea soudain de sa bouche à son corps tout entier. Elle ne put retenir un gémissement. À quel moment l’avait-il enlacée pour la rapprocher de lui ? Elle n’en savait rien, mais elle sentait maintenant la chaleur de son corps contre le sien, et cela lui parut si naturel que, d’instinct, elle se lova contre son torse puissant et passa les bras autour de son cou, en priant pour que la grande main qui se promenait dans son dos, dans un lent mouvement de va-et-vient, ne s’arrête jamais…
Ses lèvres s’entrouvrirent d’elles-mêmes, succombant à l’invasion de sa langue qui entama avec la sienne un lent ballet, une envoûtante danse de séduction.
Elle aurait voulu que ce baiser dure toujours.

Il y a peut-être quelque part un homme beau et fort qui a besoin d’une femme pour tenir sa maison et lui faire des enfants. Imagine qu’on tombe fous amoureux l’un de l’autre, quelle aventure ce serait ! Tu sais comme je rêve de vivre des aventures.

— Tu es une gourgandine.
— Je sais, mais quelque part il y a un homme qui saura m’apprécier. Je n’ai pas l’intention de me contenter d’un édredon pour me réchauffer la nuit. Et tu devrais m’imiter, sœurette.

L’amour causait des blessures irréparables. Elle avait donc décidé de rester célibataire et de se consacrer à son travail. Le travail, au moins, ne brisait pas les cœurs.