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Critique de pixton



Philip K Dick lui-même a adoubé ce roman, (ce qui veut dire que j'ai serré la main d'un type qui a serré celle d'un Dieu, équivalent littéraire de l'homme qui a vu l'ours qui a vu l'ours…) allant jusqu'à parler de chef-d'oeuvre, et l'histoire raconte que sans lui, il n'aurait même jamais paru. Ce qui est formidable, c'est que ce livre est évidemment devenu culte et le reste à ce jour. KW Jeter a beau le nier, son oeuvre est la pierre angulaire du mouvement cyberpunk, qui trouvera son apogée avec « Neuromancien ». La lutte de l'homme contre la machine, incarnée dans un réseau tentaculaire, au travers de corporations géantes. le style est génial, certains le jugeront immature, trouveront que le récit se disperse et manque de cohérence. Je l'ai trouvé au contraire superbement inventif, libre, affichant sans honte la marque d'un écrivain qui a osé partir dans tous les sens. le côté foutraque de l'ensemble est conforme au fond du propos. C'est un joyeux bordel, à l'image de la schizophrénie et des névroses qui massacrent les psychés des protagonistes. Ni vraiment sympathiques, ni héroiques, ce sont tous des pauvres types plus ou moins frustrés et égocentriques. (et il y a beaucoup de putes, aussi) le Dr Adder, personnage lugubre, projection futuriste d'un Dr Mengele obsédé par le sexe bizarre vraiment (mais alors vraiment) extrême, ferait passer les chirurgiens jumeaux de « Faux-semblants » (superbe film de David Cronenberg) pour des esthètes raffinés. Tout là-dedans regorge, bouillonne, fusionne, se répand, porté par une écriture fluide, largement plus lisible et accessible que les bouquins de Gibson, tout en restant imagée, visuelle et mystérieuse. Et l'humour, surtout, qui englobe le tout, la distance que l'auteur donne à son oeuvre est ce qui fait de ce bouquin un indispensable pour tout fan de SF. (ou de lectures transfictionnelles, façon « Crash » de JG Ballard, d'ailleurs paru lorsque Jeter a achevé Dr Adder et avec lequel les connexions sont évidentes) le passage de l'écrivain de SF transformé en momie pseudo-virtuelle est à ce titre totalement jouissif et hilarant.

Roman cyberpunk, trash, dégoulinant de sexe et d'ordures, traversé de fulgurances gore, « Dr Adder » plaira au lecteur ouvert, qui n'a pas peur de sortir des sentiers battus, et qui n'a pas peur non plus de se frotter à une vision du futur résolument cauchemardesque.
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