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Critique de tamara29


C'est dans un ''autre Finistère, loin des longues plages de silence'', que je me suis laissé embarquer par « Arbres remarquables du Finistère », reçu lors du dernier masse critique. Je remercie donc vivement Babelio et les éditions Locus Bolus pour ce magnifique livre.
Des choses marquantes du Finistère de mon enfance, il y avait la langue bretonne que parlaient les adultes, les crêpes, le kig ha farz et les plateaux de fruits de mer. Il y avait les églises et les chapelles à l'architecture gothique, les toits de chaume ou en ardoise et puis, pas très loin, certaines grands-mères portant la coiffe. Il y avait aussi la musique celte bien sûr, les fest-noz et le bagad de Lann-Bihoué, comme me le rappelait Alain S.… Mais, sans conteste, c'est avant tout la mer (avec les embruns, les tempêtes, les dunes, les phares, les rochers et le sable fin) ma plus grande madeleine de Proust parce que, chaque fois que je la vois, elle a cette capacité de m'amener le sourire et de me faire ressentir des émotions intenses.
Pourtant, point d'eau dans cet ouvrage (ou peu). Ici l'élément c'est la terre et les arbres… Connaissant mal la Bretagne par ce prisme, j'étais curieuse d'en apprendre un peu plus. Alors, c'est finalement par une autre porte que je reviens au pays de mon enfance.
Mickaël Jézégou, Yannick Morhan et Guy Bernard (le photographe) ont classé les arbres remarquables de ce département, selon 8 catégories : vétéran, insolite, exotique, arbre d'histoire, arbre de parc, sacré, arbre de hameau agricole et arbre d'inspiration.
Le livre est divisé en parties selon les différents « pays » dont est composé le Finistère : pays de Brest, pays de Cornouailles, pays de Morlaix et pays de Centre Bretagne.
Au sein de chaque pays, les arbres les plus remarquables sont présentés avec une photo et un commentaire détaillé expliquant leurs particularités. Que les auteurs ne se soient pas limités à la sphère botanique a été vraiment appréciable. Les contextes économiques, historiques, sociaux, etc. sont aussi abordés pour expliquer la présence et/ou la spécificité de l'arbre. Tel arbre, par exemple, est arrivé dans cette région lors du retour de voyages de tel botaniste ou tel autre officier de la marine (il y a notamment un de Kersauzon parmi ceux-là vers 1823…) ou encore pour enrichir le jardin botanique maritime de Brest, etc. Tel autre pour ses qualités dans la construction des bateaux (l'eau finalement n'est pas oublié. le Finistère reste un département côtier, synonyme de ports, de voyages, de commerces maritimes).
Enfin, une petite fiche technique récapitule les informations sur l'arbre (circonférence, âge, lieu public ou privé, essence). Comme il est incroyable de se dire que certains de ces arbres datent de plus de 300 ou 1200 ans (le châtaignier patriarche) ! Ça remet l'humain un peu à sa (petite) place.
Les arbres découverts, au fil des pages, sont tout bonnement magnifiques et incroyables. Et je regrette en écrivant ces quelques lignes de ne pouvoir partager les photographies pour mieux faire comprendre l'étonnement ou les émotions que la vue de ces arbres éveille. On s'arrête sur certains détails : le tronc tors (celui du poirier centenaire), ou encore massif et rassurant (comme le chêne pédonculé de Plouvien) ; le feuillage ; le profil parfois étrange, s'étant développé de manière étonnante et intelligente par la proximité d'un rocher ou un mur, ou encore du fait des vents forts océaniques, parfois encore abimés par des maladies, par des tempêtes (1987), par la main de l'homme qui a voulu le couper (parfois par nécessité pour le chauffage, parfois dans le but de faire passer une ligne électrique ou bétonner la place)…
Quelques termes techniques botaniques rendent de temps en temps la lecture un peu aride (et c'est presque un paradoxe à propos d'un livre sur cette région !) (le petit moins : il est dommage qu'il n'y ait pas un lexique en fin d'ouvrage / le petit plus : j'ai enrichi mon vocabulaire...).
En plus de ces photos, d'anciennes cartes postales ou encore des peintures de divers artistes (comme Boudin) mettent en relief les différences des arbres avec aujourd'hui (grandeur, blessure, etc.).
Au fil des pages, force est de constater l'énorme travail des auteurs pour répertorier tous ces arbres, recueillir les informations sur chacun d'eux, sans parler de tous ces kilomètres qu'il a fallu parcourir pour les prendre en photo. Et à chaque page, c'était pour moi une découverte, un plaisir différent.
Quel régal, en effet, que de feuilleter ce livre et de s'arrêter sur une photo, ébahi par la beauté, la magnificence de chacun des arbres. Les hêtres, ifs, chênes verts ou pédonculés, châtaigniers, séquoias, tulipiers et tant d'autres encore ! (Alors, non, il n'est guère dans mes intentions d' « aller me briser la voix une dernière fois à 120 décibels contre un grand châtaignier »… Je les respecte trop ces arbres). Plaisir, bien entendu, plus particulier et décuplé, lorsqu'au passage, j'ai retrouvé un lieu, une place de village, un souvenir, un arbre que je connaissais…
Cet ouvrage est un guide très utile pour les balades dans le Finistère (en s'aidant des diverses cartes de ce livre), pour mieux connaître cette région et ses trésors arboricoles. Mais c'est plus qu'un guide puisque c'est surtout un bel ouvrage très instructif, qui invite à la contemplation et à l'émotion.
Un livre pour tous ceux qui s'intéressent et aiment la nature, pour tous ceux qui s'intéressent à notre histoire et nos racines (sans mauvais jeu de mots), pour tous ceux qui préfèrent, aux villes bruyantes, asphyxiées et aux buildings, plutôt admirer les arbres en pleine campagne, dans la forêt ou pas loin de la mer, les regarder se dresser vers le ciel, et se ressourcer en leur compagnie.
Sûrement, qu'auprès de mon arbre je vivais heureux(se), j'aurais jamais dû le quitter, mon arbre du Penn-ar-Bed.
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