Parce qu'après tout, nous n'avons pas besoin d'yeux qui jugent, mais d'oreilles qu'on nous prête.
Nous sommes deux individus parmi un milliard, si l'on considère ce pays, parmi sept milliards si l'on prend en compte le monde entier, et, bien sûr, tout ce qui a pu m'arriver, à moi, ta mère, et tout ce qui peut nous arriver à partir de maintenant, n'a d'importance que pour nous. Parce que regarde autour de toi, près ou loin, partout en dehors de cette maison, au-delà de son obscurité et de ses larmes, de ses murs, de son plancher, et tu verras les vigoureux, les joyeux, les jeunes, les vieux, les calmes, les bruyants vivre leur vie, ignorant jusqu'à notre existence.
... c'est alors que je prends conscience pour la première fois, qu'en même temps que toi, je suis née en tant que mère, et que, pareille à toi, je suis éperdue dans l'obscurité.
La Fille au Ballon et lui survolent la ville, au-dessus de la couche nuageuse irrégulière, chacun tend un de ses bras, l'autre tenant la ficelle attachée au Ballon Rouge. Un vent soudain les précipite en chute libre à travers les nuages. La Fille au Ballon pousse un cri d'excitation mêlée de peur, montrant du doigt la ville, disposée comme un puzzle.
Il ne peut pas plus éviter les mouches que les pauvres.
Où qu'il regarde, où qu'il aille, ils sont là, toujours plus nombreux face à lui. Ils le fixent, ils le regardent dans les yeux. Qu'ils soient assis ou debout, rampent ou s'accroupissent, rient ou pleurent. Et même quand ils font l'amour, comme il les a vus le faire, au milieu de la rue au milieu de la nuit, ils ne le quittent pas des yeux.
L'histoire d'amour la plus courte qu'on ait jamais racontée est celle qu'un parent raconte à son enfant à propos d'un homme qu'elle aime et qui n'est pas son père. Parce qu'il n'y a rien à dire.
Il était une fois un homme, qui n'est pas ton père, qui m'aime et que j'aime.
Quoi qu'elle puisse ajouter d'autre, à titre d'explication, n'est aucune utilité, car, pour un enfant, un nouvel amour constitue toujours une forme de trahison.