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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Voilà un roman particulièrement sombre et déstabilisant, qui m'a rapidement perdu…

Pas pour son coté trash, hard ou cruel envers les animaux, dimensions omniprésentes et quotidiennes dans la vie du narrateur et de son enfance à La Fourrière, village perdu du Sud-Ouest comme il en existe tant en France. Là-haut, la vie y est parallèle, marginale, quasi-ancestrale. On y vit chichement et on y meurt salement, hommes comme bêtes, dont les carcasses et les ossements viennent pourrir puis nourrir la terre. Et les marqueurs sont immuables à travers les générations : le travail, l'alcool, la castagne et souvent la violence, la survie…

Quand le narrateur s'en échappe à l'arrivée des années collèges, c'est pour mieux se heurter à l'autre monde, celui des nantis des villes reconnaissables à leur Nike toutes identiques. À leur rejet, à leurs sarcasmes. Et quand vient l'âge adulte et la vie dans la grande ville, place à la défonce et aux univers fantasmés qui deviendront finalement les échappatoires tant espérées.

Tout cela a un peu trop tourné en rond pour moi, notamment dans la -longue- première partie, n'arrivant que rarement à entrevoir où l'auteur voulait nous emmener. Changement radical de rythme et de style dans le derniers tiers avec une ambiance plus poétique et métaphorique, sans que cela ne me ramène dans le livre, au contraire.

Un énième roman d'apprentissage, au style certes prometteur, mais sans grand apport au genre, ni empathie pour ses personnages.
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Simon Johannin signe un premier roman extrêmement noir, à l'image de la couverture. L'éditeur, Allia, a d'ailleurs vraiment bien choisi celle-ci : un squelette de chien se dessine finement mais partiellement en bas de la page. Et des squelettes, il y en a dans cette histoire. Pas de meurtre ni d'assassinat, non. On est ici dans la campagne profonde sud tarnaise ; dans un lieu si bien imaginé « La Fourrière », entre Mazamet et Labastide Rouairoux, et les ossements dont il est question sont ceux des animaux, traités sans ménagement par les paysans qui y vivent. C'est que la vie est rude dans cette vallée du Thoré que je parcours chaque jour pour aller travailler : le soleil ne passe que trop peu entre la Montagne Noire et les Monts de Lacaune, et de ce fait, il y règne une humidité palpable. le vent d'Autan qui y souffle est appelé « le vent des fous ». Et la folie, elle semble bien souvent se présenter au milieu de ces hommes rudes qui vivent à l'ancienne, élèvent des agneaux et cultivent des légumes entre deux plans d'herbe, et boivent des quantités phénoménales d'alcool pour oublier la noirceur de leur quotidien. Il en faut de l'abnégation pour tuer des animaux avec sang-froid, surtout quand on n'y arrive pas du premier coup. le narrateur, que l'on devine double de l'auteur, a intégré ces méthodes et le roman s'ouvre par une scène terrible où avec son copain Jonas, ils massacrent un chien à coups de pierre.
La partie, largement autobiographique je suppose, concernant l'enfance de l'auteur est un mélange de rudesse et de sensibilité. On devine que s'il décrit ces scènes de beuverie et de cruauté, c'est qu'elles ont profondément marqué cet enfant des champs. La plume est alerte, souvent poétique, parfois grossière, et toujours trempée dans le sang.
A partir de la page 107, on entre dans l'itinéraire d'un jeune adulte confronté à un autre raisonnement, plutôt urbain, Et l'écriture devient plus abstraite, à l'image de ce jeune homme qui boit et se défonce pour survivre dans cette jungle finalement peut être plus sauvage que celle de la Montagne Noire. J'avoue avoir moins aimé cette partie-là, moins « authentique » que les premières pages.

Ceci dit, c'est incontestablement un talent à suivre !
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Il n'y a aucun doute, L'été des charognes porte bien son titre ! Bon, vous ne vous apprêtez pas à passer à table ? Non ? Très bien, alors, on y va.
Allez, je dirais, dans les cinquante premières pages, vous passez… de la lapidation d'un chien à la dégustation du fromage aux asticots (gentil hein, mais attendez un peu pour voir), à la description des cadavres de quarante-six brebis qui pourrissent au soleil et dans lesquelles les gamins jouent à se pousser (eh oui, l'équarrisseur ne peut venir avant deux semaines…), un extrait pour voir ? Allez, courage : « … il y en a un en trébuchant qui est tombé sur les brebis mortes. Les bras en avant sur le tas gluant, il a fallu qu'on le tire par le col de sa chemise pour le sortir de là tellement les corps s'étaient mélangés en un amas de pourriture grasse, où il pouvait pas s'appuyer pour sortir et s'enfonçait un peu plus à chaque essai. Nous on hurlait de rire tellement c'était drôle qu'il soit recouvert de cette chose pire que de la merde, et puis quand il s'est approché les moins accrochés ont vomi. Il en avait partout presque jusque dans la bouche, plein ses bouclettes blondes du jus marron dégueulasse et des asticots collés sur les mains, même pour la pêche, on les aurait pas pris ceux-là. »
Ça va ? Vous êtes toujours là ?
Continuons !
Ensuite, on assiste à l'enterrement de Didi une femme chez qui les gamins allaient regarder la TV. Elle a laissé un cochon, qu'il faut manger et donc qu'il faut tuer… scène suivante, je vous le donne en mille : la mort du cochon (je vous en fais grâce), puis, c'est le tour des agneaux qu'il faut tuer… on passe au labo, une petite pièce de la bergerie…
Et là, on arrive à la page 50 et soudain, le rythme un peu éprouvant se calme, on souffle, je dirais presque, on respire…
L'été des charognes est un récit d'enfance puis d'adolescence : dans une campagne loin de tout, des gens très pauvres vivent plus ou moins coupés du monde. Ils élèvent des bêtes, les mangent, en vendent quelques-unes : « J'ai grandi à La Fourrière, c'est le nom du bout de goudron qui finit en patte d'oie pleine de boue dans la forêt et meurt un peu plus loin après les premiers arbres. La Fourrière, c'est nulle part. le père, il s'est mis là parce qu'il dit qu'au moins, à part ceux qui ont quelque chose à faire ici personne ne l'emmerde en passant sous ses fenêtres. Il y a trois maisons, la mienne, celle de Jonas et sa famille et celle de la grosse conne qui a écrasé mon chat, celle à qui il était le chien qu'on a défoncé avec les pierres et qui vient que de temps en temps pour faire ses patates et pour faire chier. »
Les gamins s'amusent comme ils peuvent, c'est la misère : on boit, on se bagarre, les mômes ramènent les parents en voiture les soirs de beuverie, puis, un jour, ils quittent le pays pour aller voir ailleurs si ce n'est pas mieux.
Finalement, ils traînent partout où ils vont la mouise de leur enfance, ne trouvent pas de travail, se droguent, se battent, errent sans but et se perdent ...
J'ai aimé ce texte, la cruauté qu'il met en scène, la violence qu'il nous lance à la figure, la brutalité qui nous assomme à chaque phrase, chaque mot.
L'écriture est puissante, crue, âpre, poétique aussi. C'est sombre à souhait, terrible, désespéré et beau à la fois. Il y a du Céline et du del Amo de Règne animal dans L'été des charognes.
Cependant, j'ai trouvé que les premières pages « en faisaient trop » : on passe sur un rythme effréné d'une scène insoutenable à l'autre et l'on entend l'auteur nous dire : attention, en voilà une autre, tenez-vous bien, encore une « grande scène » ! C'est un peu forcé, démonstratif donc artificiel et, il faut bien le dire, on sature très vite.
Attention, ces scènes, en elles-mêmes, sont fortes, puissantes : pas de doute, on y est, on les voit, on les sent (!), mais le problème, encore une fois, c'est le rythme. Trop serré. La narration perd de sa crédibilité, on décroche un peu. On a presque l'impression de lire des « morceaux choisis », une espèce d'anthologie de la cruauté. J'aurais préféré connaître davantage les personnages, leurs rapports entre eux, leur quotidien ... sans forcément qu'il y ait de l'hémoglobine.
La seconde partie qui évoque l'adolescence du narrateur à travers son errance urbaine dans les brumes de l'alcool et de la drogue est plus posée. On reprend son souffle, même si l'on reste dans un univers glauque et halluciné. L'écriture se fait plus poétique, les phrases s'allongent. Deux livres en un donc.
Simon Johannin, jeune auteur de 23 ans, promet.
Je retiens son nom et lirai à coup sûr son prochain roman.
Car il a du talent, c'est certain !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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J'ai aimé la plume sans détour de ce jeune romancier. C'est noir, cru, glauque, poisseux mais pourtant tellement poétique. On a l'impression de sentir la puanteur de l'alcool mêlé au sang en lisant les lignes de ce roman.

Mais je n'ai pas réussi à trouver un sens à la narration... J'aurais pu seulement lire quelques page et m'en satisfaire. M'imprégner de l'ambiance et refermer ce livre m'aurait suffit. L'atmosphère, l'univers étouffe tout le reste. Les personnages, leurs aventures sont secondaires.
Mais je suis contente d'avoir été jusqu'au bout. La dernière partie est celle qui m'a le plus fait frissonné. Et pas de dégoût...
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Attention, n'entamez ce livre que si vous n'aimez être dérangé.
C'est noir, trash, violent, brutal, et ça finit fou à lier…

L'été des charognes, quarante six cadavres de brebis, égorgées par les chiens du hameau voisin, ont pué pendant deux semaines avant que n'arrive l'équarrisseur. C'est là qu'il grandit, dans la boue, remis à sa place à coups de torgnoles paternelles, entre les fêtes alcoolisées où les bagarres finissent à coups de couteaux, les parents partis aux champs, les gamins s'amusant de la mort et de la merde. Ah, ça n'empêche pas un amour qu'on ne sait pas se dire, une mère dont on sent qu'elle rêve d'un peu mieux… Mais ça finit par vous faire grandir en enfant sauvage, vêtu de guenille, le coeur bardé dur comme fer.

Confronté à la ville et à l'internat, où le premier signe distinctif est de ne pas porter de Nike, il va découvrir des drogues autrement plus dures pour s'orienter dans ce monde qui allie une liberté nouvelle et des lois sans pitié. le paradis est un enfer, avec ses dérives qui déchirent, ses errances terrifiantes où la douceur des filles est éphémère, où, dans des rêves hallucinés, hommes et chiens se volent les rôles.

Le style s'envole avec la folie de l'esprit, la poésie qui débute dans la noirceur boueuse et triviale, prend des relents d'asphalte épouvantés et cauchemardesques dont le lyrisme saisit autant qu'il déroute.

J'ai vécu ce livre comme une expérience à la noirceur terriblement dérangeante, la signature qu'avec l'âge je deviens tout à fait inadéquate à l'enfer du monde tel qu'il est.

Provocateur ? Pas si sûre. Sincère, perturbant, certainement.
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Lire la critique de MarcDessart...j'aurais écrit la même chose en moins de mots.
Belle couverture, squellette et couleur évocatrice, 4e énigmatique: "Merde, dans toute chose, il y a une part pour les anges" ici la part des anges, c'est le valium"
Ce très jeune auteur (23 ans) ne cherche pas d'effet littéraire, c'est plutôt brut de décoffrage. Ames sensibles s'abstenir: on baigne dans la violence, le sang, les charognes...dans le trou du cul du monde et les taloches pleuvent , ça c'est l'enfance et un peu l'adolescence. Dans une deuxième partie, c'est la descente aux enfers: alcool, drogue, crasse et valium..j'ai un peu décroché, la coupe était pleine.
Peut-il y avoir un 2e roman, mieux écrit et moins autobiographique?
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"L'été des charognes" m'a fait successivement passer par une palette d'émotions plutôt intenses, signe, me direz-vous, qu'il s'agit sans doute là d'un bon roman...
Tout dépend, vous rétorquerai-je, de la nature des dites émotions...

La première impression a été un mélange de dégoût et de saturation. Simon Johannin nous emmène à "La fourrière" -ça promet !-, un coin reculé de la campagne française, mais l'on comprend d'emblée que le bucolisme ne sera pas au rendez-vous.

Le roman s'ouvre sur une scène de lapidation, pratiquée par deux enfants sur un chien. S'enchaînent ensuite divers épisodes relatés par un jeune narrateur à la langue âpre et familière, épisodes dont l'étouffante succession et le caractère répugnant semblent vouloir démontrer à quel point ces bouseux de la cambrousse sont des sauvages décérébrés dépourvus de toute notion d'hygiène, des quasi monstres mal dégrossis, exprimant une bestialité d'un autre temps...

Les enfants évoluent dans cet enfer rural en se vautrant dans une immonde saleté composée d'excréments divers et d'entassements de cadavres en putréfaction, élevés -ou pas- à coups de gueulantes et de torgnoles par des parents taiseux et souvent brutaux. C'est un monde de survie quasi instinctive, soumis aux aléas des saisons et au mépris du reste de la société, dont les rivières et l'air, pollués par les usines d'engrais aux relents délétères, n'ont même plus le charme d'une nature préservée à offrir.

Immergé avec violence dans ce quotidien rude et glauque, le lecteur, pris à la gorge, est assailli d'odeurs repoussantes et de sensations visqueuses...

L'auteur m'a donné le sentiment de faire dans la surenchère aux dépens de la crédibilité du récit. Et malgré un ton très réussi, qui parvient très habilement à mêler ingénuité et abjection, tout en laissant percer les bribes d'une sensibilité opportunément humaine, j'ai vraiment eu du mal à adhérer à la première partie du roman.

Puis, au moment où je m'étais résignée à continuer ma lecture en diagonale pour la conclure au plus vite, j'ai eu l'impression d'entamer un autre livre... le narrateur a grandi. Devenu jeune adulte, toxicomane, il erre en ville, exprimant un délire halluciné et désespéré, nourri d'obsessions et de cauchemars éveillés. Il le fait dans une langue riche de métaphores, où le sordide s'allie à la poésie.

Je ressors donc de cette lecture avec des sentiments contradictoires, suscités par le décalage entre le manque de subtilité avec lequel Simon Johannin traite son sujet et sa parfaite maîtrise d'un style original et très marquant.

A suivre tout de même, donc...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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A la Fourriere, les enfants tuent les chiens et les parents boivent comme des trous.

C'est un autre monde que l'on découvre ici mais ce monde est il vraiment le quotidien d'un bon nombre d'enfant?

C'est une vie dure, rude où les enfants conduisent dès leur plus jeune âge une fois que le papa, complément ivre, a réussi a enclencher la première.

On se tape, on joue avec des carcasses d'animaux. C'est glauque.

Livre bien écrit, assez court, très percutant mais je n'ai pas trop adhérée contrairement à Nino dans la nuit que j'ai adoré.
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Lecture violente et dérangeante. Peut-être le genre qu'on aime ou qu'on déteste... mais malgré tout, impossible de savoir de quel côté me situer. Ce qui est certain, c'est qu'elle est malsaine, déstabilisante, parfois écoeurante mais originale. Et que sans l'Intime festival (2017) et les recommandations de Benoit Poelvoorde, je ne m'y serais jamais plongée....
Âmes sensibles, s'abstenir

Lien : https://armoirealire.wordpre..
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Voilà un roman noir, à l'écriture à la fois brute et poétique. le narrateur nous conte sa vie, de son enfance jusqu'au début de l'âge adulte, avec un phrasé particulièrement imagé et imaginatif. Pour ce qui est du style, j'adhère donc, même si certaines phrases sont tout de même bien crues.
Pour ce qui est du fond, j'ai par contre plus de mal. Ce livre, s'avère être comme le journal intime d'un garçon habitant la campagne profonde et qui assène quelques anecdotes bien senties.
Mais, au final, et c'est là mon principal reproche, le livre est juste une succession de moments de vie, sans lien, posés un peu là, à la va comme j'te pousse. le narrateur perd peu à peu pied dans ce monde qui ne lui convient pas, mais sans qu'on comprenne véritablement le pourquoi d'une telle déchéance et surtout si rapidement, mis à part 2 relations amoureuses qui se terminent mal ou trop vite.
Donc pendant que notre jeune homme s'enfonce, je ne peux m'empêcher de me demander le but de cette oeuvre et où veut nous emmener l'auteur ?
Aspect qui m'a dérangé, également, c est l'importance de la période enfantine qui prend la moitié du livre, alors qu'un quart est consacré a l'adolescence et le dernier quart à la période "jeune homme".
Dernier point qui m'a laissé un arrière goût désagréable, c est la manière dont est décrite la France dite "profonde", qui est pour le moins "clairement attardée" et débordante de clichés dans ce livre. Par moment je me suis même demandé si l'auteur situe l'action au début du XXème et non du XXIeme tellement nos pauvres campagnards n'en sont encore qu'aux rudiments de la modernité.....
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