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Critique de hcdahlem


Voilà un premier roman riche de promesses. D'abord par son écriture, à la fois plein de poésie et pourtant sans fioritures, traitant d'un drame avec une distance, presque une légèreté qui rendent la lecture très agréable. Ensuite par le sujet abordé, la maladie grave de l'enfant. Tous les parents confrontés à ce problème, et même s'il est plus bénin que dans le roman, savent combien les émotions sont fortes et la souffrance intense face cet événement totalement contraire à «l'ordre des choses». Au sentiment d'échec et d'impuissance vient très vite s'ajouter celui de culpabilité.
C'est aussi dans ces situations de crise aiguë que la personnalité de chacun va apparaître avec davantage d'acuité.
Billie, la fille de Jean et d'Alma, mène une vie plutôt heureuse auprès de parents aimants, bien installés dans la vie. C'est alors qu'elle s'apprête à fêter ses quatorze ans que sa santé commence à se dégrader. « Elle tousse, maigrit à vue d'oeil et se plaint de douleurs au thorax, comme si une plante vénéneuse poussait dans sa poitrine. Alma pourrait presque deviner des feuilles maléfiques bordées d'épines sous la crème pâle de sa peau. En secret, elle appelle «le Chardon» le mal qui a pris sa fille. Billie est fragile, une fleur en verre soufflé, aux nervures bleues que ses parents ne savent plus bien approcher. Confusément, Alma se sent responsable du mal de Billie. Elle se demande si la mélancolie infuse souterrainement et contamine ceux que l'on aime. Billie et elle sont si proches, depuis toujours. Billie sent tout, sait tout, devine tout de sa mère. Elles se mélangent comme du lait dans de l'eau, formant un même nuage. »
Le corps médical ne peut quant à lui apporter de réponses. Examens, analyses, tests n'apportent pas l'explication tant attendue. Les mots compliqués viennent alors tenter de couvrir une incapacité à établir un discours. «La maladie ressemble à un Elephantus trachoma, ou syndrome de Leverrier-Gausseins», mais faute de certitudes, il faut hospitaliser Billie.
Alma, qui est bouquiniste sur les quais de Seine essaie de trouver une réponse dans les livres ou au moins un dérivatif à ses angoisses. Mais ces dernières l'envahissent. Ce qu'elle appelle ses valises deviennent de plus en plus lourdes à porter, comme celle intitulée «je ne fais plus l'amour» avec Jean et qui symbolise sa mélancolie croissante.
Billie va fêter ses quinze ans et s'installer dans un nouvel un nouvel hôpital pour maladies rares. Elle s'épuise, Alma s'épuise, leur couple s'épuise et alors que la médecine tâtonne, elle voit de plus en plus précisément le chardon dans la poitrine de sa fille, un peu comme le nénuphar de Chloé dans L'Écume des jours de Boris Vian.
Appelée en Bretagne pour expertiser une bibliothèque de livres rares, la plante va littéralement lui sauter à la figure. Je ne vous dirai rien de la course contre la montre qui s'engage alors, ni du pouvoir des livres, de l'arrivée de la belle Chicago May et de sa flamboyante chevelure rousse, d'une chute sur une île bretonne au moment où le jour s'achève.
Disons tout simplement qu'au réveil, il faut être très fort, rempli d'énergie et prêt au combat. Car «Le matin est un tigre qui rampe doucement, en attendant de vous sauter à la gorge.»

Lien : https://collectiondelivres.w..
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