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EAN : 9782081449268
103 pages
Flammarion (09/01/2019)
3.68/5   184 notes
Résumé :
Depuis quelques mois, la vie d'Alma se hérisse de piquants. Sa fille souffre d'un mal étrange et s'étiole de jour en jour. Tous les traitements échouent, et les médecins parlent de tumeur. Mais Alma n'y croit pas. Elle a l'intuition qu'un chardon pousse à l'intérieur de la poitrine de son enfant. On a beau lui dire, son mari le premier, que la vie n'est pas un roman de Boris Vian, Alma n'en démord pas.
À quelques heures d'une opération périlleuse, son intuit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (84) Voir plus Ajouter une critique
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Si jour après jour Alma porte symboliquement des valises de plus en plus encombrantes, c'est que malgré les examens médicaux, le mal qui ronge Billie, reste un mystère. Alors , pour le dire avec des fleurs, Alma l'imagine bien, ce chardon qui se développe dans les poumons de sa fille.
Malgré l'infinie complicité qui les unit, l'angoisse gagne du terrain, tant la perte est possible. et rien ne peut venir à bout de ses pensées morbides , même pas son métier passionnant de bouquiniste. Lorsqu'elle accepte de se rendre en Bretagne pour rencontrer un bibliophile qui lui dit posséder un exemplaire de valeur, elle ne se doute pas de ce qui l'attend au bout du voyage.

L'histoire en elle même est émouvante, on se met à la place de cette mère dans le désarroi, avec un couple qui va mal et l'angoisse permanente pour la jeune fille. Mais surtout dès les premières lignes on est séduit par cette écriture si douce, si délicatement imagée, des phrases de dentelle. La moindre description , la moindre évocation des couleurs , des odeurs prend une allure de poème, alors que surgissent dans la prose raffinée des expressions qui nous font atterrir dans une temporalité bien actuelle. Ça donne des paragraphes étonnants comme celui-ci :

« Alma descend la rue sans vraiment la voir. Elle est encore éprise dans le filet du sommeil, il y a des images effilochées d'un rêve qui frétillent au fond, qu'elle voudrait attraper. Elle croise son voisin au pantalon bouffant, l'étincelle brève de son regard et de son sourire qui veut dire « va chier ».

Enfin, on aime la force du lien qui unit Alma et sa fille, lien qu'elle n'hésite pas à qualifier de fusionnel. Comment s'en sortiront-elles? C'est là le coeur du récit, qui peut aussi couper le souffle du lecteur.

Un premier roman très réussi.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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« Depuis quand Alma se sent-elle comme ça ? Vide ? Au bord du monde ? Comme si elle penchait légèrement ? » Elle le situe vers la fin de l'enfance. « Son corps est une carcasse vide ».

Depuis ses quatorze ans Billie, sa fille souffre d'un mal étrange. Elle tousse, maigrit, se plaint de douleurs au thorax, « comme si une plante vénéneuse poussait dans sa poitrine. » Un chardon.

« Toutes les deux ont développé une relation siamoise……..un lien jumeau »

C'est pour nous parler de cette relation mère-fille que Constance Joly a choisi d'écrire ces pages sublimes. Une écriture soignée, certainement travaillée jusqu'à l'essentiel, sans en avoir l'air….

Ce récit est un combat d'une rare résonance, raconté avec des mots tendres, des phrases poétiques effleurant l'univers d'Alma, de son compagnon Jean et de leur fille Billie. le combat d'une mère désorientée, suivant son instinct, ouverte à tout ce qui pourra soulager sa fille. Prête à se désintéresser de tout pour être entière à son enfant. Pour vivre juste de son enfant.

Un roman de l'intimité, de la remise en question, décrivant joliment mais aussi d'une manière dramatique l'étouffement vécu consciemment ou pas, provoqué ou subit, conduisant si aucune décision n'est prise, à la mort programmée.

C'est un conte. Je l'ai vécu comme un conte. Une sorte d'allégorie prenante et bien armée. L'écriture n'est pas innocente. Les symboles sont là, au détour d'une phrase, pour nous recadrer et se méfier « du soleil qui a du noir dans l'aile…. »
Un roman d'amour intense, d'amour maladroit ou parfois « le matin est un tigre qui rampe doucement en attendant de vous sauter à la gorge ».

A force de souffrir l'imaginaire risque de s'étioler à moins qu'un signe du destin s'impose à Alma et dénoue tous les noeuds du problème. A condition bien sûr qu'elle accepte d'ouvrir ses chaines. Ce signe est donné par un très vieux monsieur, presque aveugle, mais qui ressent tant de choses, qui les suggère si intelligemment, tout en images…………….
Un voyage de dernière minute, imprévu, offert par la vie parce qu'Alma a bien voulu la regarder en face.

Un livre ouvert à la réflexion et à l'interprétation du lecteur. Un huis-clos.
Un coup de coeur assez fort pour qu'il me laisse une trace longtemps.
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Depuis quand Alma se sent mal? Vide , au bord du monde, comme si elle penchait légèrement , sa vie se hérisse de piquants , pourquoi ?
Parce que , depuis ses quatorze ans , il y a six mois, sa fille Billie souffre d'un mal étrange , tousse, maigrit à vue d'oeil, se plaint de douleurs au thorax à l'image d'une plante vénéneuse qui pousserait dans sa poitrine ....
Mais de quoi souffre- t-elle ? Les médecins parlent de tumeur ....Une maladie très étrange ?
Billie et sa maman sont très proches depuis toujours et Alma se se sent responsable du mal de sa petite fille ...
Elles forment un même nuage ...
Alma tient le coup en engrangeant du beau là où il est disponible....
Elle est bouquiniste sur les quais de Seine, elle a hérité de l'emplacement de sa mère et le stock qui allait avec , deux boîtes remplies de livres anciens , de Pléiade, de lithographies de plantes et d'animaux , la librairie de sa mère était devenue un magnifique rosier dévorant ....
Alma glane dans les greniers des vieilles maisons les livres rares et anciens ...
Mais à quoi peut servir cette beauté? à consoler et donner de la joie au regard ?
Elle vit au milieu de « mots » et de « maux » , l'inquiétude pour sa petite fille se transforme en un grand cri d'amour et de tendresse face à cette maladie ....
Faut - il opérer ?
Sans rien dévoiler je dirai que c'est un premier roman tendre , semblable à un conte de fée moderne, une jolie histoire d'amour filial , à la fois universelle et intime .....
Un long poème en prose tissé de pages magnifiques où chaque mot et chaque image ont leur place, comme des bijoux d'orfèvre scintillant dans leur écrin ....une trame vibrante , sillage parfait parlant à l'oreille et aux sens du lecteur .....
L'écriture est fine et délicate, fluide, pétrie d'images foisonnantes .....
Chaque jour est un combat et il faut bien arriver à s'en débrouiller .....
Un conte universel et personnel qui touche au coeur, surtout celui d'une maman .....
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C'est l'histoire d'Alma.

Une histoire qui se trame comme une fable. C'est une histoire d'amour, un conte maternel.

C'est le roman d'une maman qui voit sa fille dépérir à la suite d'une maladie bien étrange.

Ce court roman est un long et beau poème d'amour où plane l'ombre sublime d'un Boris Vian. Où chaque mot est précieusement posé à sa place, chaque phrase sublime et sublimée. Un véritable travail d'orfèvre des mots.
Constance Joly tisse avec le plus grand soin un livre à la fois divinement bien écrit mais également un récit qui ne se lâche pas comme ça, émouvant, moderne et tellement prenant.

Cette maman. Qui veut sauver son enfant.

Malgré tout, malgré tous. Malgré elle.

Elle, qui pense être responsable. Elle, qui pense être la cause du mal. Qui pense avoir transmis à son enfant le fruit de sa mélancolie. Cette culpabilité qui fait terriblement mal. Cet amour incommensurable qui laisse songeur. Qui griffe la peau. Qui cogne au coeur.

L'auteur explore ces matins de nos existences où il faut faire face à la vie, malgré toute sa férocité. Entre songe et brutale réalité, elle propose ici un livre personnel mais universel qui frappe vraiment par sa belle poésie.
Un livre écrit d'une si belle façon que l'émotion, chez moi, a parfois eut un peu de mal à passer. Comme lorsque les mots sont trop beaux pour être vrais.

Une histoire féroce. Sûrement émouvante. Littéraire. Un beau livre. Une belle écriture. Presque trop pour moi…

Lien : https://labibliothequedejuju..
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Ce titre intriguant, « le matin est un tigre », donne envie de savoir ce qui se cache derrière ce tigre.

L'héroïne, Alma, est une bouquiniste installée sur les quais de la Seine. Arrivée à la quarantaine, elle se questionne sur sa vie qui semble lui échapper.
« Depuis quand Alma se sent-elle comme ça ? Vide ? au bord du monde ? Comme si elle penchait légèrement ? ... »
Elle est alourdie par ses valises emplies de ses peines et ses angoisses.
Elle aime toujours son mari Jean, même si le désir s'en est allé.
Alma est en osmose avec sa fille Billie et lorsque celle-ci est atteinte d'une maladie inconnue, l'angoisse ne va plus la quitter. Quel est ce mal étrange qui fait tant souffrir sa fille ? Les médecins tâtonnent pour mettre un nom sur cette maladie, Alma est sûre qu'un chardon pousse dans le thorax de Billie et non cette tumeur dont on veut l'opérer.

Il faudra un éloignement d'Alma, la rencontre d'un vieux monsieur, d'une aventurière de fiction à la crinière rousse et d'un chat à la queue tordue pour qu'Alma dompte ses peurs.
« Il est temps pour Alma de vivre par elle-même, sans crainte de s'épanouir »

Il y a beaucoup de questionnement dans ce roman, sur la famille, sur le rôle de la mère, mais ce n'est jamais pesant grâce à la magie de l'écriture de Constance Joly.
Le style est poétique, émaillé de métaphores, l'imaginaire est à chaque page.
La lecture de ce court roman est plaisante.

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critiques presse (1)
LaCroix
12 avril 2019
Dans une langue très imagée, Constance Joly met en scène l’amour étouffant d’une mère pour sa fille.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
Parfois, les mots sont pareillement inamicaux. Aussi artificiels que ces costumes et ces brushings. Même s’ils tentent de décrire la vérité. Je ne fais plus l’amour. Ma fille est malade. Les mots sont de pauvres choses, se dit-elle. Ils sont pratiques et incomplets, incapables d’exprimer la complexité de nos vies, la subtilité de ses nuances. Il faudrait les décrasser, les lessiver, les essorer pour leur faire dégorger un sens nouveau. Quel terme pourrait traduire cette réalité: Alma aime Jean même si elle ne fait plus l’amour avec lui? Quel serait celui capable de dire ce qu’Alma ressent par rapport à la maladie de sa fille? La «maladie» de Billie est son étrangeté et sa force. Une force qu’elle-même a perdue, et qu’elle cherche au fond de son être. Or, parfois, on gagne les guerres en se laissant tomber par terre. p. 109
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« Alma ouvre les yeux. Le soir est un drap de coton qu’on agite au vent, des fleurs comme de petits soleils pleuvent dans la lumière dorée. Mai est un serpent à écailles, une guirlande de fête enroulée autour d’un arbre. Mai est un mensonge.
Et soudain, entre les arbres , un frémissement .
Le soleil orange allume un incendie entre les branches noires et, se détachant de l'ombre, surgit une chevelure de feu....Une chevelure vraiment ? ».
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Il est temps de s'affirmer....il est temps de se redresser....... il est temps de cesser de s'excuser d'être soi. De cesser de compter sur les autres pour se donner une consistance. Pour se tenir droit. Se réparer. Pour être.
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En revanche, la malle pèse son poids. Alma a souvent envie de la confier à d’autres, le problème c’est de demander – c’est comme dans le métro, les gens ne viennent pas spontanément vous aider lorsque vous êtes encombré – mais, après quelques tentatives, elle y a renoncé. Les gens se précipitent, la soulèvent, grimacent, putain comment tu fais pour porter ce machin, t’es super forte, puis la reposent. Ils cherchent toujours à voir ce qu’il y a à l’intérieur, je te parie que tu as emporté trop de trucs, attends, laisse-moi voir, on va regarder, à vue de nez tu peux virer la moitié. Alma leur répond que non, elle a fait le tri, mais chacun a sa technique et son avis sur la question. Mais t’en as pas marre un peu des fois, tu ne devrais pas t’encombrer avec ça, pose-la, vis pour toi. Alma ne peut pas, elle est à elle cette valise, elle doit la porter, elle ne va pas la laisser là. D’autres ne disent rien et la regardent douloureusement, et c’est presque pire. D’autres encore semblent penser que cette malle tombée du ciel, Alma l’a bien méritée après tout. Si bien qu’elle a arrêté de songer à s’en décharger.
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INCIPIT
C’est un jour blanc, éreinté, qui n’a envie de rien. Un matin à mettre du bois dans le poêle, et à se recoucher immédiatement. Ou bien à se lever, à la rigueur, mais pour écouter un disque sur le tapis, quelque chose qui râpe un peu. Un matin à ranger ses trésors, à écrire une lettre à la main, à manger du beurre de cacahuète. Un matin à guetter le filet d’or du soleil border les toits, en tirant sur sa cigarette, le cul d’une tasse de café dans sa paume. Au lieu de ça, aller attraper un jean, réveiller Billie, et essayer de ne pas louper le RER de la demie.
Alma descend dans la cave, la chambre baignée d’ombres a une vieille odeur de tabac froid. Sous les draps : un fouillis de boucles, un bras laiteux qui dépasse ; au-dessus : un cendrier plein sur un carton à pizza. Elle s’assied sur le lit, une main sur le drap qui fait une montagne. Billie respire doucement, faisant frémir une boucle de ce châtain doré qui est le sien. Alma écarte le rideau. Les flocons tombent en armée serrée. Le café avalé brûlant, le baiser à l’odeur de foin au sommet du crâne de sa fille, il est temps d’aller enfiler ses bottes.
Alma descend la rue sans vraiment la voir. Elle est encore prise dans le filet de sa nuit, il y a des images effilochées d’un rêve qui frétillent au fond, qu’elle voudrait attraper. Elle croise son voisin au pantalon bouffant, sa démarche sautillante, l’étincelle brève de son regard et son sourire qui veut dire « va chier ». Le rêve s’est esquivé, le ciel a une couleur de craie. Dans le creux de la pente, l’enseigne de la boulangerie clignote sans son L, qui s’est cassé la gueule depuis au moins un an. Elle se souvient de l’histoire qu’on raconte. La boulangerie, autrefois, abritait une poissonnerie. Le poissonnier aimait sa jeune et jolie femme à la folie, mais celle-là en aimait un autre, qui travaillait à Rungis. Un jour, en plein milieu des brochets et des truites, le poissonnier a trouvé un mot d’amour dans la blouse de sa jeune épouse, et il lui a planté un couteau en plein cœur. La belle jeune fille est tombée sur le carrelage, et ses yeux grands ouverts rappelaient ceux des merlans, figés dans la glace.
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Vidéo de Constance Joly
Constance Joly, romancière, lauréate 2021 et membre du jury, nous présente "La Tour" de Doan Bui, (Editions Grasset), l'un des 5 romans finalistes du Prix Orange du Livre 2022. Le vote est ouvert jusqu'au 2 juin 2022, le nom du lauréat ou de la lauréate de cette 14e édition du Prix Orange du Livre sera annoncé le 9 juin.
Romans, polars, bandes dessinées, jeunesse… Tous les jours, de nouveaux conseils de lecture à découvrir sur Lecteurs.com, la communauté des passionné.e.e.s du livre ! Pour en savoir plus, visitez le site : http://www.lecteurs.com/ Suivez Lecteurs.com sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/orange.lecteurs Twitter : https://twitter.com/OrangeLecteurs Instagram : https://www.instagram.com/lecteurs_com/ Youtube : https://www.youtube.com/c/Lecteurs
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