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Critique de mjaubrycoin


Quand on a eu comme moi, l'audace d'emprunter à Crébillon une partie du titre de son beau roman pour en couronner ses propres écrits, le moins que je puisse faire c'est de publier une chronique pour témoigner de mon admiration pour cet auteur phare du 18ème siècle qui a enchanté ses contemporains et continue à illustrer à travers les siècles, l'esprit français dans toute son élégance.
C'est bien une comédie sociale qu'il nous livre à travers les mésaventures du jeune Meilcour qui découvre les tourments du coeur et les incertitudes de l'amour à travers ses relations avec trois femmes.
Mme de Lursay, l'amie de sa mère, belle femme mûre et expérimentée qu'il admire et rêve de séduire alors que celle-ci lutte contre le tendre attachement qu'il lui inspire.
Mme de Sénanges, la voluptueuse coquine qui vit pour les plaisirs de l'amour et ne dédaignerait pas d'ajouter à son tableau de chasse ce joli jeune homme
Enfin la belle Hortense, mystérieuse et inaccessible qui enflamme les sens de notre héros par son indifférence.
C'est bien la maxime: suis-moi, je te fuis, fuis-moi, je te suis qui est ici illustrée avec un raffinement extraordinaire, porté par la merveilleuse langue du 18ème siècle qui berce son lecteur et le laisse imaginer qu'il lit, pelotonné dans une vaste bergère douillette aux moelleux coussins de satin.
Le monde révolutionnaire est encore loin et c'est la douceur de vivre d'une aristocratie oisive qui donne le ton au récit.
Toutefois, il ne faut pas être dupe des apparences et Versac, le mondain aguerri qui se pique de donner au jeune Meilcour de judicieux conseils pour se frayer un chemin dans le monde, traduit dans son discours le regard sans concession que porte Crebillon sur la socièté de son temps dans laquelle "le coeur et l'esprit sont forcés de s'y gâter, tout y est mode et affectation ".
Nous voici dans le royaume de l'imposture, de la dissimulation et du paraître, là où triomphe "l'esprit frivole et méchant, le discours entortillé".
Mais qui a dit que ce monde est tellement éloigné du nôtre et qu'il est impossible de s'y reconnaître et de s'y projeter ?
Regardez autour de vous. La nature humaine reste diablement identique et au détour d'un cocktail mondain , vous aurez certainement la surprise de croiser Versac qui aura troqué son jabot de dentelles et son habit de soie, pour un costume Hugo Boss. Ne manquez pas de le saluer de ma part ...
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