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Critique de Michel69004


Genre : comédie apocalyptique

Quel livre étrange !
La quatrième de couverture, un brin grandiloquente, parle d'un « roman total ». Qui embrasse notre présent et nos fautes passées.
Une nouvelle version de la bible ?
Avec trois bichons comme héros ?
Pourquoi pas…
D'emblée le ton est donné et on se demande si Serge Joncour n'a pas écrit un roman à six mains avec Aymeric Caron et Michel Houellebecq. C'est drôle, bien écrit et impeccable moralement (ou impeccablement moral).
Joncour : « Je souhaitais écrire un roman sur une émotion collective, une sensation vécue non seulement par une famille ou un groupe, mais par toute une nation, le monde entier peut-être … »
Jugez plutôt :
L'action se déroule en février et mars 2020. Nous sommes aux Bertranges, coin perdu au fin fond du Lot. Alexandre, bientôt la soixantaine, a repris la ferme familiale, il élève vaches et veaux avec respect, rigueur, bon sens atavique et soucis de la biodiversité. Un gars solitaire et solaire, la figure centrale du livre (après les bichons). Il est fâché avec ses trois soeurs qui ont profité du partage pour faire ériger trois monstrueuses éoliennes qui le narguent, au loin. Il a une amoureuse géniale, résiliente, responsable d'une forêt protégée qui attire tous les savants du monde. Ils se retrouvent le week-end et n'ont pas d'enfant. Des enfants dans un monde pareil, c'est irresponsable et ça occulte la réalité. Ça oblige à penser à court terme, sur deux générations max.
Les parents d'Alexandre font du maraîchage à l'ancienne, au fond de la vallée où ils sont redescendus, pour mettre du beurre dans les épinards (petite retraite…). Ils ont un ouvrier agricole, Fredo, qui trempe dans divers magouilles.
Les soeurs s'avèrent moins pénibles que prévu. Elles habitent en ville : Rodez, Toulouse et Paris.
Et puis on suit l'avancée de la COVID, heure après heure, jour après jour. C'est vrai qu'on avait oublié…
L'inévitable se produit : tout le monde rapplique aux Bertranges. Et en particulier Agathe accompagnée de son ethylo-complotiste de mari et de ses deux ados perturbés.
La scène de l'Intermarché où Greg (le beauf d'Alexandre) provoque un début d'émeute est absolument tordante.

On apprend tout de même deux, trois bricoles: les pâturages naturels, l'épidémie de scolytes en cours qui ravagent les forêts, le rôle des blaireaux et des renards, l'ablation du rejet de l'artichaut, le repiquage des radis etc.
On le répète, le style est enlevé, ça se lit tout seul, c'est plaisant.
La dernière partie du livre est très sympa. Tout le monde sera de la partie, il y aura des surprises etc.

Mais on est très loin du roman total et, même si j'ai de l'affection pour Serge Joncour,
force est de reconnaître qu'il n'est pas un prophète.
Mais un bon romancier...
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