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Critique de montmartin


Orcières un village du lot, dans le causse vert, c’est ici que débarquent, au printemps 2017, Lise une actrice, fatiguée de tourner, rêvant de renouer avec sa passion première, la peinture, et Franck son mari, intoxiqué par son boulot de producteur. Une maison à l’écart, au sommet d’une colline, la nature, le soleil, sans internet, sans téléphone, ne rien faire d’autre que méditer, marcher, respirer. Trois semaines en étant coupé de tout, Lise sait déjà qu’ici ils y seront heureux ou alors ce sera l’enfer. Et un chien-loup qui les observe, un chien sans collier qui n’appartient à personne.
Juillet 1914, l’Europe est un brasier, les hommes et les femmes goûtent l’instant comme si chaque soir devait être le dernier. À Orcières, personne n’en veut de cette guerre et pourtant le monde va basculer dans la folie, le feu et la peur et surtout le sang. Le tocsin de la mobilisation qui résonne au moment où les hommes lancent les moissons. Au lendemain du départ de leurs maris, les femmes prennent les choses en main.
Wolfgang, un dompteur allemand se réfugie avec son immense chien berger sur ces terres maudites d’anciennes vignes dévastées par le phylloxéra, pour sauver ses huit fauves, lions et tigres de la sauvagerie des hommes. Un déserteur étranger devenu un ennemi. Mais pourquoi se méfier d’un homme qui a choisi de s’éloigner du monde pour s’occuper de ses bêtes, mais à tout malheur il faut un coupable. Ce n’est pas ce que pense Joséphine veuve de guerre à 30 ans et qui est devenue aux yeux de tous une vieille fille et qui ressent au plus profond de son corps l’éveil du désir.
Serge Joncour nous raconte une légende sauf qu’elle est vraie, une histoire qui est toujours là à roder. Le récit va donc alterner entre deux époques, à un siècle de distance. Ce roman est avant tout une atmosphère, le causse et ses collines désertées par les hommes où seuls subsistent les cris des animaux sauvages. La sauvagerie et la cruauté de la guerre, les frayeurs, les peurs irrationnelles, l’angoisse quand on n’a pas de nouvelles du père, du fils ou du mari, les émotions, les désirs, l’amour, l’attente du retour, la violence. Il nous parle aussi du courage des femmes qui pendant la guerre ont accompli toutes les tâches de leurs maris que ce soit sur les terres ou dans les usines. Serge Joncour établit un parallèle habile entre les firmes américaines, géants du web, qui s’attaquent au monde du cinéma, prédateurs qui comme des loups éliminent d’abord les proies les plus faibles.

Des personnages auxquels l’on s’attache véritablement, une plume qui nous immerge à la fois dans les tranchées où les maris, les fils, les pères meurent et dans les campagnes où les femmes se tuent à la tache. Serge Joncour nous emmène dans une histoire où la nature, les animaux et les hommes sont sauvages.




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