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Critique de Fleitour


Chien-loup! Comme deux métamorphoses,
une femme qui à la mort de son mari médecin défie la PEuR de l'étranger,
un homme qui grâce à Chien-loup défie la PEuR des empires du numérique,
La Nature nous invite à cette renaissance.
Fantastique Chien-Loup, "Chien-Loup" renoue avec les grands romans d'aventure, ceux de Jack London ou ceux de Jules Vernes, Serge Joncour nous offre avec ce récit une impressionnante fresque historique, où le présent paisible de Lise et de Franck, se heurte à une nature redevenue sauvage.

Serge Joncour à l'ombre de Jean Giono, et la trilogie de Pan, suggèrent une nouvelle approche féconde de son dernier livre et de l'univers de Serge Joncour.
je vous l'offre, publié sur
https://revue-traversees.com/2019/01/29/12279/




A l'heure du tout numérique, cette confrontation à une nature la plus déglinguée est un pied de nez à l'obscurantisme, une provocation toute Desprogienne à l'adresse de Google, ou autres Amazon, un tweet rageur sur la vie, la vraie, les deux pieds dans la glaise.


Dès les premières pages on frémit, "jamais on avait entendu beugler comme ça", ! On sent l'animal Serge Joncour s'exprimer, il n'y a que lui pour vociférer sa haine de la mauvaise foi, clamer le respect la nature, celle que l'on ne doit ni oublier, ni déguiser, ni dédaigner.
On ne pourra plus écrire sur la nature sans se référer à ce récit, comme à celui de Jean Hegland « dans la Forêt », l'homme reste ce qu'il a toujours été vulnérable.


En arrière plan, Serge Joncour déroule l'histoire de la grande guerre à Orcières, petit village de son Quercy près de Limogne, à un siècle de distance, ce sont les mêmes peurs, les mêmes défiances vis à vis de l'étranger.
Au mont d'Orcières séjourne à la déclaration de la guerre un dompteur de fauves, il est allemand. Des moutons disparaissent, tout le village est gagné par la peur, une peur qui enfle jusqu'aux dernières secousses, jusqu'au derniers dénouements les plus dramatiques.
Il est rare de passer au scalpel ce que l'on nomme la peur...
Elle est mauvaise conseillère, la PEUR. Une femme la brave c'est Joséphine, une femme, une des premières veuves de la grande guerre, qui à la mort de son mari médecin défie la PEUR de l'étranger. C'est l'une des qualités de ce roman, l'une de ses multiples entrées. Serge Joncour se mouille, rentre dans la cage des fauves, avec ses tripes, et à l'égard de ses associés "je voulais voir votre peur dans vos yeux , y voir la trouille de votre vie."
Çà, çà vous trempe dans le bonheur pour dix ans.


Renouer avec la vie sauvage n'est pas sans rappeler l'appel de la forêt. On lit page 9, : "Les anciens eux-mêmes ne déchiffrèrent pas tout de suite ce hourvari, à croire que les bois d'en haut étaient le siège d'un furieux Sabbat, une rixe barbare dont tous les acteurs seraient venus vers eux. Ou alors c'était le requiem des loups parce que les loups modulent entre les graves et les aigus, en meute ils vocalisent sur tous les tons pour faire croire qu'ils sont dix fois plus nombreux."

Il y a le Franck des premières pages qui s'accroche à son smart-phone comme une bernique à son rocher, même pas une barre, rugit-il page 75, « ça capte nulle part c'est de la folie ».
le grand producteur toujours reconnu par la profession, est prêt à défier Netflix, et tous les autres, « les géants du numérique, des monstres », car autour de lui les charognards s'agitaient, à commencer par ses associés Travis et Liem, ce dernier qui page 313, lui lança, "le cerveau c'est comme l'iphone, il faut faire les mises à jour."

Et il y a l'autre Franck le double de Serge Joncour, qui au contact du chien-loup se métamorphose, entreprend une mue, écoute les silences peuplés de bruits, se fait chasseur, peu à peu oublie sa peur dans cet espace à l'écart, livre bataille, engage la lutte contre Neflix à sa façon, sa lucidité s'est mise en marche.

Arrivé cloué par la peur dans ce Quercy déserté depuis la grande guerre, Franck privé de tous contacts, concède une pause de trois semaines à Lise qui elle a déjà renoncé aux fastes de l'éphémère et du virtuel. Franck devenu l'unique présence humaine à cent lieux de tout, va réapprendre à vivre, dominer ses peurs au contact du chien-loup, animal farouche, fidèle et un peu buté, mais plein de tendresse et de reconnaissance pour l'homme qui voudra bien l'adopter.

La phrase assassine de Travis, "t'aurais des gosses, tu pigerais", ronge chacun de ses instants, sa prise de conscience de la vraie nature du numérique, sa perception nouvelle de la violence du monde du cinéma, et de ses dangers mûrit sa vengeance.


Pour Serge Joncour le virtuel est devenu fou, son livre vient nous le dire, aucune violence même animale est capable d'engendrer de tels monstres!
Tendresse et humour viennent jouer avec notre plaisir de déguster ses bons mots et livrer son roman le plus abouti, mais aussi, le plus sauvage de ses romans, l'écriture la plus charnelle, l'expression de ses tripes la plus personnelle.
Une évocation aussi surprenante que réelle de la grande guerre, en fait le livre événement de cette rentrée littéraire. Tout Serge Joncour est là, sa voix noie ses pages de ses intonations qui nous font sourire tant elles sont si justes.

-Putain, mais où est ce que tu nous amènes, dans un trou ou quoi?
-Ben non, tu vois bien qu'on monte... C'est tout le contraire d'un trou. Page 408.
Merci à masse critique à Serge Joncour et à son éditeur Flammarion pour ce "Chien-Loup".

https://revue-traversees.com/a-propos/
Analyse de Chien-Loup à l'ombre de Jean Giono
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