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Critique de NicolasElie


Incontournable classique américain pour la première fois traduit en français, Corregidora est un grand chant de révolte et de liberté. Dans ce roman sensuel, charnel, on entend la voix des femmes soumises aux désirs des hommes, livrées aux élans passionnés ou rageurs de leurs corps, et qui rappellent que l'histoire de l'esclavage se grave aussi dans le ventre des femmes.”
C'est ce qui est écrit derrière le roman.
Il est écrit aussi : “C'est l'une des meilleures romancières américaines, et pourtant vous ignorez sans doute son nom.”

J'ai reçu ce roman, il y a plusieurs jours, et je l'ai lu en quelques heures. Tu vas être face à deux cent cinquante pages d'une qualité littéraire que je ne suis pas sûr que tu croises fréquemment cette année.
Ce n'est pas que j'imagine que l'ensemble de la littérature qu'on nous offre à chacune des rentrées littéraires soit d'un niveau finalement assez médiocre, mais c'est surtout que certains romans sont justement bien au-delà de ce niveau.
Avoir réussi à nous offrir autant de choses dans un seul roman tient du miracle, et tu sais à quel point le dithyrambe me saoule.
Je vais tenter de t'en donner un aperçu, pour que tu saches que je n'invente rien.
Témoigner, quand on est une femme, des traumatismes subis à travers les générations, depuis quasiment celle qui nous fonde. La toute première femme face à la violence, et la nécessité de témoigner pour qu'aucune de celles qui viendront n'oublie jamais.
Enfermer dans la cage de sa propre mémoire les abus sexuels auxquels chacune et toutes ont dû faire face, là encore, depuis celle qui les a engendrées.
De quelle manière le regard de l'homme pèse sur le corps des femmes, notamment sur celui des femmes noires, et comment il a fallu se battre pour y résister.
Comment allier le désir, présent en permanence, puisque c'est aussi par lui que l'humain se fonde, et la haine ressenti pour celui qui les viole, la douleur par l'enfant quand il naît, et le bonheur quand il donne son premier regard.
Enfin, et surtout, les exactions et les violences effacées des textes officiels et des lois, parce que commises par des hommes blancs, et transmises seulement par les mots, par le récit oral, pour qu'aucune n'oublie. Être le réceptacle de tous ces récits pour pouvoir témoigner, encore et toujours. Comme le reflet dans un miroir brisé de tous les visages qui vous ont précédé…
Un roman parfois si sombre que tu devras attendre le matin pour en continuer la lecture.
La suite :
Lien : https://leslivresdelie.net/c..
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