AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782492596537
256 pages
DALVA (03/03/2022)
3.41/5   32 notes
Résumé :
Chaque soir dans les cabarets du Kentucky, Ursa monte sur scène et chante le blues, ce qui rend fou de jalousie son mari. Une nuit, il se fait violent, Ursa tombe, perd l’enfant qu’elle portait. Il n’y aura personne à sa suite à qui raconter ces histoires qui la hantent, ces récits que sa mère et les femmes avant elles se sont transmis de génération en génération, pour prévenir leurs filles et pour ne jamais oublier. Des histoires d’hommes et, surtout celle de Corre... >Voir plus
Que lire après CorregidoraVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Sa grand-mère ne cessait de lui répéter que le plus important était d'assurer la descendance, pour entretenir la mémoire. Pour que la lignée familiale issue de l'esclavage ne s'éteigne jamais et que son histoire tragique puisse continuer à être racontée. Malheureusement Ursa va briser le cycle. Parce que suite aux coups de son mari, elle a dû subir une ablation de l'utérus. Il ne supportait pas que sa femme, chanteuse de Blues dans un cabaret du Kentucky, attire les regards d'autres hommes. Après l'opération, Ursa se reconstruit. La convalescence est longue, le patron du cabaret se veut protecteur, attentif à tous ses besoins. Elle finira par l'épouser et s'en mordra les doigts, forcément. Ici les hommes ne peuvent qu'être mauvais. Rien à en tirer, rien à en espérer. Depuis que ce salaud de Corregidora, le maître de la plantation, a violé ses ancêtres, le schéma se répète et les femmes de la famille ne semblent bonnes qu'à subir la violence masculine. Une forme de fatalité qu'Ursa constate autant qu'elle accepte. Avec lucidité et la rage au coeur.
Ce roman est un monument de la littérature afro-américaine, considéré depuis longtemps comme un classique contemporain. Un livre cru, tant sur la forme que sur le fond. Un livre brutal, sans concession. Publié en 1975 par Toni Morrison, écrit par une inconnue de 25 ans qui va estomaquer la future prix Nobel de littérature et éblouir quelques grands noms des lettres américaines tels que James Baldwin ou Richard Ford, il est étudié depuis des décennies à l'université. C'est à se demander pourquoi il aura fallu attendre presque cinquante ans pour qu'il soit enfin traduit en français.
Le monologue d'Ursa résonne comme un blues lancinant. C'est à la fois un cri et un chuchotement, un déferlement qui emporte tout sur son passage. La traduction rend parfaitement compte du rythme, de la trivialité et de la poésie d'une prose qui oscille entre réalisme et onirisme. L'oralité de la langue souligne une formidable modernité de ton, une totale liberté parole.
Une histoire qui prend ses racines dans l'esclavage et qui cherche à perpétuer l'héritage de ce traumatisme. Pour ne jamais oublié que les femmes ont tant souffert de cet asservissement inhumain, marquées dans leur chair par une toute puissance masculine qui s'autorisait les pires excès. Et qui se les autorise encore, malheureusement.

Lien : https://litterature-a-blog.b..
Commenter  J’apprécie          60
Incontournable classique américain pour la première fois traduit en français, Corregidora est un grand chant de révolte et de liberté. Dans ce roman sensuel, charnel, on entend la voix des femmes soumises aux désirs des hommes, livrées aux élans passionnés ou rageurs de leurs corps, et qui rappellent que l'histoire de l'esclavage se grave aussi dans le ventre des femmes.”
C'est ce qui est écrit derrière le roman.
Il est écrit aussi : “C'est l'une des meilleures romancières américaines, et pourtant vous ignorez sans doute son nom.”

J'ai reçu ce roman, il y a plusieurs jours, et je l'ai lu en quelques heures. Tu vas être face à deux cent cinquante pages d'une qualité littéraire que je ne suis pas sûr que tu croises fréquemment cette année.
Ce n'est pas que j'imagine que l'ensemble de la littérature qu'on nous offre à chacune des rentrées littéraires soit d'un niveau finalement assez médiocre, mais c'est surtout que certains romans sont justement bien au-delà de ce niveau.
Avoir réussi à nous offrir autant de choses dans un seul roman tient du miracle, et tu sais à quel point le dithyrambe me saoule.
Je vais tenter de t'en donner un aperçu, pour que tu saches que je n'invente rien.
Témoigner, quand on est une femme, des traumatismes subis à travers les générations, depuis quasiment celle qui nous fonde. La toute première femme face à la violence, et la nécessité de témoigner pour qu'aucune de celles qui viendront n'oublie jamais.
Enfermer dans la cage de sa propre mémoire les abus sexuels auxquels chacune et toutes ont dû faire face, là encore, depuis celle qui les a engendrées.
De quelle manière le regard de l'homme pèse sur le corps des femmes, notamment sur celui des femmes noires, et comment il a fallu se battre pour y résister.
Comment allier le désir, présent en permanence, puisque c'est aussi par lui que l'humain se fonde, et la haine ressenti pour celui qui les viole, la douleur par l'enfant quand il naît, et le bonheur quand il donne son premier regard.
Enfin, et surtout, les exactions et les violences effacées des textes officiels et des lois, parce que commises par des hommes blancs, et transmises seulement par les mots, par le récit oral, pour qu'aucune n'oublie. Être le réceptacle de tous ces récits pour pouvoir témoigner, encore et toujours. Comme le reflet dans un miroir brisé de tous les visages qui vous ont précédé…
Un roman parfois si sombre que tu devras attendre le matin pour en continuer la lecture.
La suite :
Lien : https://leslivresdelie.net/c..
Commenter  J’apprécie          30
Page 67 : Quand est-ce que tu chantes le blues ? Chaque fois que j'ai envie de pleurer. Est-ce que les larmes seraient servies dans des verres ? Oui, il y en aurait des verres renversés. Je suis venue à toi, ouverte et meurtrie. Tu m'as dit, Chante pour moi, bordel, chante. Et j'ai chanté de tout mon corps.
.
Premier roman qui va devenir un classique de la littérature contemporaine américaine, encensé par tous, étudié dans les universités... j'aurais du adorer l'histoire d'Ursa, la chanteuse de blues... elle que son mari violent, a fait tomber et qui a perdu le bébé dans son ventre. Elle qui entends la voix des femmes de sa famille la prévenir de ne jamais oublier de quoi l'homme est capable, de ses esclavages, d'être attentive à l'histoire des siens pour acquérir la liberté. Et que tout a commencé ou presque avec Corregidora, esclavagiste portugais. Oui j'aurais du vraiment aimer ce livre à la couverture superbe et au titre intriguant... mais je suis passée totalement à côté sans trop comprendre pourquoi au juste. Il y a de nombreux passages que j'ai souligné pourtant, Ursa est un personnage singulier mais j'ai été alourdie par cette écriture répétitive, par l'accent, l'esprit, le trait d'humour, le tout arrosé à la sauce Kentucky des années 20.
Je reste cependant persuadée qu'il s'agit d'une histoire importante de femme dont la génération a subi l'esclavage, de l'affranchissement et d'espoir de liberté.
Commenter  J’apprécie          00
Ursa chante le blues. Elle le chante même mieux depuis que son mari, Mutt, l'a tabassée, lui faisant perdre son foetus et sa fertilité. Il en reste un voile, une tessiture dans la voix, qui magnifie son chant. Tadpole, le gérant du bar où elle se produit, prend soin d'elle et en fait sa maîtresse.
Comme un choeur antique, les voix d'Ursa et des femmes de sa lignée maternelle viennent en contrepoint du récit principal. Une lignée violentée par celui qui leur a donné son nom, un esclavagiste portugais. Corregidora est ce nom maudit, ce nom qui ne sera plus perpétué, mais dont l'histoire criminelle se répercute dans la vie intime de chacune de ces femmes.
Les mots sont crus, violents comme la réalité qu'ils décrivent. La force et la difficulté de ce roman édité initialement par Toni Morrison résident dans ce récit théâtral et parfois scandé jusqu'à l'abrutissement. On en vient à ressentir physiquement l'abrutissement d'Ursa, son découragement, sa détresse.
Un grand livre qui n'est donc pas d'un abord facile, ce qui a pu faire hésiter les éditeurs français, puisque ce n'est que récemment que les éditions Dalva, qui mettent en valeur des écrits de femmes, ont permis de découvrir ce texte traduit par Madeleine Nasalik.
Commenter  J’apprécie          00
C'est l'histoire d'Ursula, (Urs) d'une descendante d'esclaves. Qui dit histoire d'esclave dit histoire assez monstrueuse. Corregirdora est le patron d'une plantation au Brésil. Bien que marié, il violait à tour ses esclaves, les engrossait et envoyait ensuite les enfants à travailler aux champs. Un moyen pour multiplier ses esclaves sans avoir à en acheter. Bien des années après, aux Etats Unis, dans les années 1920, nait Ursula, la descendante d'une de ces familles. Les Esclaves ont été affranchis mais ils ont pris et emporté le nom de leur maître. Mais Ursula est différente : elle chante du blues dans des bars (réservés aux noirs) avec un certain talent. Elle porte néanmoins en elle l'histoire de sa grand-mère et de son arrière grand-mères, violées par le même Correridora; une ordure, Elle se remémore les récits de ses aïeules : la fuite des esclaves, retrouvés morts, les maltraitances,... Urs se sépare se son mari qui l'a maltraitée, battue jusqu'à lui faire perdre l'enfant qu'elle porte en elle, la rendant stérile. Il n'y a pas d'évènement dans ce roman, on pourrait s'ennuyer. Sauf qu'il décrit une réalité...
Commenter  J’apprécie          00


critiques presse (1)
LeMonde
07 juin 2022
Le premier roman de cette grande écrivaine afro-américaine paraît en France avec près de cinquante ans de retard. Un effet de sa vie tumultueuse ? Près de cinquante ans après sa publication aux Etats-Unis, Corregidora, de Gayl Jones, s’avance dans les librairies françaises escorté par les dithyrambes des plus grands.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La dernière fois que je suis retournée à Bracktown, j’ai accompagné Maman à l’église baptiste.
— C’est qui que tu nous ramènes ? Une traînée qui débarque en ville et qui va mettre le grappin sur nos maris ?
— Non, c’est Ursa, c’est ma puce.
— C’est la petite Ursa ? Elle a grandi.
— Oui, elle a bien grandi.
Au buffet.
— Je vous propose de la salade de pommes de terre ? me demande un type.
Je l’ai laissé me servir une portion. Je n’avais pas vu qu’il était venu accompagné, mais elle, elle ne m’a pas lâchée des yeux. Il est parti, elle s’est approchée en catimini. « ’Spèce de morue aux cheveux roux. » Plus tard, alors que je marchais dans la rue, vaquant à mes petites affaires, ces deux bonnes femmes dans une voiture. « ’Spèce de morue aux cheveux roux. » Bracktown, je n’y ai pas fait de vieux os. Juste le temps de voir comment se portait ma famille.
Commenter  J’apprécie          00
Je suis Ursa Corregidora. J’ai des larmes à la place des yeux. Toute petite, on m’a obligée à palper mon passé. Je l’ai tété à la mamelle de ma mère.
Commenter  J’apprécie          10
Ça t’apporte quoi le blues ?

Ça m’aide à expliquer l’inexplicable.
Commenter  J’apprécie          30

Video de Gayl Jones (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gayl Jones
Zoli Smith: Gayl Jones
autres livres classés : esclavageVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (101) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
562 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..