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Critique de Sachenka


Je me suis attaqué à La roue du temps en sachant que c'était un défi. Une dizaine de tomes, un univers parmi les plus complexes. Ouf! le début, les premiers chapitres semblaient répondre à cette promesse car l'auteur Robert Jordan prend le temps nécessaire à installer ses personnes, les lieux, leur histoire, etc. Trop? Nan, un auteur de fantasy ne mettra jamais assez d'énergie à faire connaître son univers unique.

Toutefois, là est le problème : l'univers de la roue du temps est-il si unique? Les chapitres suivants m'ont donné une impression de déjà vu, je croyais relire le Seigneur des anneaux. En effet, dans une campagne idyllique, Emond's Field (the Shire), quatre amis, Rand, Egwene, Mat et Perrin (Frodo, Sam, Merry & Pippin) sont confrontés à des forces obscures et maléfiques. Sous les conseils d'une magicienne Moiraine (Gandalf), ils partent pour une ville éloignée (Rivendel). En chemin, ils sont pourchassés par des Trollocs et Myrddraals (des orcs et des Nazgûl) qui semblent obéir à un Seigneur de l'Ombre (Seigneur des Ténèbres). Je sais que c'est une très grande simplification. J'imagine déjà les amateurs de cette oeuvre me lancer des tomates et des insultes. Je sais aussi que, dans les chapitres et les tomes suivants, les divergences vont aller en augmentant au point que les deux histoires deviendront complètement différentes. L'univers de la roue du temps est aussi riche et profond que celui de J.R.R. Tolkien. Il faut seulement un peu ou beaucoup de patience pour s'en rendre compte.

Un autre élément qui m'amène à ne pas me montrer trop sévère à l'endroit de cette saga, c'est qu'elle a plus de trente ans. À l'époque de sa parution, elle était l'une des premières séries originales (et de qualité) à paraitre depuis le Seigneur des anneaux, l'oeuvre contre laquelle doivent se mesurer (injustement) toutes les autres. C'était un précurseur à sa façon, il est donc normal qu'il ait été ardu de s'éloigner du modèle.

Toutefois, pour revenir à ce premier tome ce premier livre m'a néanmoins déçu. Je n'ai pas trouvé les personnages si attachants, du moins, pas suffisamment pour m'attacher à leurs défauts ni à m'inquiéter de leurs infortunes. Peut-être étaient-ils trop nombreux trop tôt? Pour les grands adolescents campagnards que sont Rand, Mat et Perrin, c'est pardonnable. J'ai trouvé Egwene et Nynaeve insupportables. Quant à la magicienne et son « chevalier-servant » Thom, je les ai trouvés peu compétents. Ça augure mal.

Pour ce qui est des aventures que cette bande originale, il y a autant de positif que de négatif. le début est assez lent mais c'est normal. Pour tout dire, à part l'arrivée impromptue de Nynaeve, il y avait un bon mélange de découverte et de frousse. L'épisode dans la ville fantôme était particulièrement réussi. Puis, les choses se sont gâtées. La bande s'est retrouvée séparée en trois groupes distincts et les chapitres passés loin de certains d'entre eux nuisaient à la charge émotive. Comme je l'écrivais plus haut, je n'avais pas eu le temps de m'attacher à certains personnages donc leur sort m'importait peu : ça ne faisait que retarder le moment de rejoindre ceux qui comptaient à mes yeux. Pour ajouter à mon impatience, plusieurs de leurs péripéties me semblaient inutiles, apporter peu à l'intrigue en général. Que du temps perdu, ou presque. Je n'ai rien contre les pavés mais encore faut-il qu'ils vaillent la peine.

Et c'est là que la faiblesse de Robert Jordan se fait sentir. Si cet auteur démontre beaucoup de créativité, énormément même, car il parvient à faire visualiser à ses lecteurs son univers original et fantaisiste, il n'est pas le plus habile conteur. Sa plume est ordinaire, sinon à peine meilleure que la moyenne, selon moi. Les aventures qu'il fait vivre à ses personnages auraient pu être plus concises. J'y trouve trop de dialogues, trop d'actions secondaires qui n'apportent rien ou peu à l'intrigue. Quant à ses tentatives d'ajouter un peu de poésie, eh bien, c'est ce qu'elles sont : des tentatives.

Tout ceci étant dit, je vais poursuivre ma lecture de cette série. En effet, dans ma critique, je crois bien m'être attardé davantage sur les points négatifs (parce que, quand je repense à ce premier tome, c'est ce qui me vient d'abord en tête) mais j'y ai trouvé aussi du positif. Surtout, je sais que l'univers que propose Robert Jordan est inouï, que La roue du temps ne constitue qu'un pan d'une oeuvre magistrale, que les autres tomes sont supposés m'éblouir, m'épater, me renverser. J'espère ne pas être déçu.
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