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Critique de Slava


Dans le monde de la fantasy, il y a deux sagas qui sont incontestablement des classiques : le Seigneur des Anneaux de Tolkien, qui est la base incontournable de tous les autres livres de fantasy, et puis maintenant le Trone de Fer de Martin, qui réinvente la fantasy . Il y a bien sûr les autres, Elric et son héros tourmenté, la Belgariade, les Chronique de Kondor...
Et puis entre les deux sagas cités plus haut, il y en a une au milieu qui est héritière de la première mais qui en même temps annonce la seconde, une saga légendaire qui a cimenté la fantasy et qui fait partie des incontournable tant par son univers et son histoire à priori classique qui chamboule tous les règles. Je veux parler de la Roue du Temps, la série littéraire de Robert Jordan qui sera prochainement adapté en série télévisé par Sony ( si si, et on peut espérer que le résultat en sera bon). Une légendaire épopée de quatorze tomes qui est d'une richesse et d'une complexité magistrale et souvent considérée comme le successeur de Tolkien à juste titre. Mais ne tardons pas trop et passons à la critique de l'Oeil du Monde !
Alors l'histoire : dans le village des Deux Rivières, se tient une fête joyeuse où participent trois garçons, tous amis d'enfance : Rand, un humble berger rouquin, Mat, un facétieux jongleur malin et séducteur et Perrin, un grand costaud considéré comme un esprit lent. Seulement voilà : un étrange cavalier noir les aurait suivis... et un trio d'étranges personnages arrive dans le village. Moiraine, une curieuse jeune femme, un guerrier et un trouvère. le soir, le village est attaqué par les Trollocs, des monstres abominables qui sont des hybride d'homme et de bêtes. Les trois amis parviennent à repousser les monstres, avec les étrangers. Moiraine, qui se révèle être une Aes Sedai, une sorte de super magicienne, leur confie qu'ils seraient poursuivis par le Ténébreux (le grand méchant sorcier emprisonné depuis longtemps mais dont l'aura règne encore sur le monde) et qu'ils joueraient un rôle important dans la Roue du Temps. Ils doivent alors partir de leur village natale. Et ce sera le début d'aventures et de mésaventures palpitants et dangereux...
Un village paisible qui voit l'apparition du Mal venir à leurs portes, des héros promis à un grand destin et jeté dans le monde, des créatures hideuses, de la magie... ça vous rappelle rien ? Eh oui, c'est fortement inspiré de la Communauté de l'Anneau de Tolkien. le début de l'histoire est en effet basique. Les personnages sont stéréotypés et on a plein de clichés de la fantasy compilé : le protagoniste principal qui doit jouer le héros sur qui le monde repose, les amis un peu blagueur où soigneux (en plus, avec Perrin, j'ai pensé Pippin...), des abominations qui n'ont rien à envier aux Orcs, un peu de mégamonstre noir et ténébreux par ci par là, un grand méchant lugubre (qui se nomme souvent le Ténébreux en plus) une magicienne qui débarque et leur prédit tout l'histoire en terme voilé, un voyage épique où ils vont passer leurs temps à découvrir d'autres pays et fuir les suppôts du Mal avec un peu d'objet magique par ci et par là et o tiens une prophétie compliqué, et va-y qu'on voit du pays et des rois qui sont paisibles où très vilains avec des conseillers magiques... bref du vu et du revu de la fantasy.
Eh ben tout cela, à partir des cent cinquante pages, tous ces clichés sont balayés d'un coup de vent ! Par le sang et le cendre ! En effet, Jordan surprend le lecteur en revisitant ces clichés par sa patte !
Déjà, les personnages eux-mêmes dépassent leur simple statue stéréotypé. Rand, le héros qui doit sauver le monde, est un être qui s'interroge constamment sur lui, qui doute de lui, qui se sait vulnérable et qui se demande s'il vaut mieux suivre son destin plutôt qu'un autre, ce qui casse l'image du héros parfait et qui ne doute jamais. Mat, l'humoristique compagnon gaffeur et séducteur est bien conscient de la dangerosité de leur chemin et qui de temps en temps est sérieux et prudent. Perrin (mon préféré des trois !) est plus qu'un esprit lent, c'est quelqu'un de très intelligent qui sait utiliser les armes et le plus mature. Moiraine, la mentor, est une femme dont on ne sait si elle est gentille où méchante, et qui cache de grands secrets. Egwene est loin d'être la simple "copine" du héros et a de la personnalité, bref vous avez compris ? Ils sont tous très complexes et leurs motivations sont ambivalentes. Certains sont amusants, d'autres vous feront de la peine et d'autres... sont effroyables !
Que dire des antagonistes ? Ils sont... géniaux ! Si le grand méchant de service est simple, il est terrifiant (argh, les flammes dans les yeux ! et s'il hante vos rêves, je vous dis bonne chance pour vous en sortir...), ses sbires sont... effrayants. Les Trollocs sont des êtres redoutables, les Suppots du Ténébreux vous rend paranoïaque car étant des gens comme vous et moi mais ceux qui gagnent le palme des monstres les plus atroces sont les Myrdraals ! Je crois que jamais des monstres de la fantasy m'ont hanté mon sommeil avec leur apparence simple mais qui suffit à paralyser les plus téméraires ! Comme les personnages, chaque fois qu'ils apparaissent, je tremblais et priais qu'ils ne me regardent pas... cauchemardesques, ils sont la menace constante dans la Roue du Temps et vous en serez marqué...
Une chose que j'ai beaucoup aimé dans ce premier tome, c'est de voir que le manichéisme, certes très présent dans l'univers de la Roue du Temps (les gentils contre le Ténébreux) est bien écorné : les gentils sont divisés entre eux, luttant plus pour leur intérêts que pour l'intérêt général, se chamaillent et se font la guerre constamment, plus désunis que les méchants qui sont plus consistants et plus solidaires. Et pour ne rien arranger, on a un ordre fanatique qui ferait passer l'Inquisition pour une association caritative et qui suspecte tout allié d'être un Suppot du Ténébreux... le Bien est en effet bien moins solide et coupé de toute part contrairement au Mal qui est plus fort que jamais (comment ça, ça peut s'appliquer à notre monde aujourd'hui?)
Par contre, la qualité principale et qui peut se transformer en défaut est la richesse de ce monde. En effet, il faut s'y accrocher parce qu'on voyage beaucoup, qu'on croise beaucoup de gens avec de nombreux noms, des peuples et des villes aussi diverses et variés. Un exemple : les Zingaros, un peuple de gens du voyage qui ont une philosophie pacifiste, ont des vêtements colorés et ne vivent que pour la danse et la chanson mais qui sont mal vus par les populations locales... ils ne vous rappellent pas les Tziganes ? On tient là un message de Jordan : la tolérance et le respect des autres, qui est malmené dans le monde de la Roue du Temps, émaillé de suspicion et de jugement de toute part. Avec les Zingaros, c'est la tolérance envers les peuples "différents" qui y est prôné mais aussi envers toute culture et toute personne. Un autre message est qu'il faut rester unie face au Mal, car on dit bien que diviser pour mieux régner (mais vu comment est le monde de la saga, c'est bien mal parti).
Le seul problème comme je l'ai dit avant, c'est qu'on peut être complètement perdu et perdre le fil de l'histoire, si bien qu'on peut y décrocher. Moi-même, j'ai faillis abandonner, c'est peu dire. En plus, le glossaire présent à la fin du livre est un allié plus qu'indispensable pour comprendre chaque terme et nom du roman, même si ça peut être fatiguant de le consulter toutes les cinq pages... Et je ne parle de certaines longueurs...
Et le style de Jordan est... magnifique. Fluide, coulant, avec des phrases lourdes de sens mais si vous êtes allergique aux descriptions, fuyez pauvres fous parce qu'il y en a beaucoup, par la Lumière !
De plus, du livre sort une vision originale du fonctionnement du monde : tout n'est que la trame de la Toile du Destin, qui se dévie au fil des Ages, montrant que si les vies et actions sont fixés, on peut les changer...
Bref, je peut m'éterniser encore sur ce premier tome mais il faut que j'abrège la critique. En conclusion, malgré quelques petits défauts, le livre est un splendide roman de fantasy original malgré un départ classique et qui mérite qu'on s'y plonge malgré la peur que peut inspirer ses tonnes de pages et son monde très riche. Que vous soyez néophyte où un aguerri de la fantasy, lisez-le ! Mais n'oubliez pas : que la Lumière vous accompagne contre le Ténébreux...
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