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Critique de Ana_Kronik


Voilà un petit bouquin dense, mais qui reste très accessible. S'il n'y avait qu'un livre d'économie à lire, ce serait peut-être celui-ci. On y trouvera l'explication de la crise des "subprimes" de 2008, que l'auteur a vécu de l'intérieur: de son mécanisme, et surtout de ses causes: la cupidité de quelques personnes et l'aveuglement des autorités.

On apprend ici, s'il en était besoin, que la finance est devenue prépondérante sur le reste des activités humaines. Ce sont des ordinateurs qui désormais passent des milliers d'ordres de bourse fictifs, chaque jour, uniquement pour tester les marchés, et Jorion nous raconte comment une firme qui avait besoin de passer de vrais ordres, a failli provoquer un cataclysme.

D'autres petites anecdotes font rire jaune, comme cet auditeur d'un grand cabinet (un des célèbres 'Big four'), qui, interpellé sur les erreurs d'un modèle de calcul de risques utilisé par son client, enquête auprès de ses confrères et revient en disant: pas de problème, ce modèle est largement utilisé sur la place!

On comprend surtout pourquoi l'économie politique est si peu représentée dans les travaux des économistes qui ont la faveur du pouvoir en place. Bernard Maris le dénonçait déjà: leurs travaux ne portent que sur des modèles théoriques, mathématiques, et simplificateurs. Or l'économie et la politique sont indissociables, la richesse, et surtout, sa répartition, sont bel et bien un sujet politique. Jorion montre que cette analyse des classes existait chez les précurseurs, Adam Smith ou Ricardo; puis les économistes du 19ème et du 20ème, l'ont proprement escamotée pour créer un être de fiction, l'homo aeconomicus, sensé représenter la rationalité de tous les agents économiques. En fait, la rationalité consiste à être cupide, à vouloir accumuler plus de richesses, et à piller les ressources.

Jorion propose une théorie intéressante sur la formation des prix, différente du classique équilibre offre/demande. Et, last but not least, il liste à la fin une série de mesures concrètes, à prendre d'urgence pour assainir l'économie: rétablir la cotation quotidienne des cours de bourse, éliminer les "prix de transfert" qui permettent aux multinationales d'"optimiser" leurs impôts, abolir les privilèges des personnes morales... À quand un homme ou une femme politique capable d'inscrire ces quelques propositions sur son programme? Ah non, mais attendez, pas chez nous, y'a que des gens sérieux chez nous. D'ailleurs Jorion, il est même pas français, il est belge. Ils sont fous, ces belges!
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