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Critique de denisheudre


Ce "postier posté" est le journal d'un jeune Breton monté à Paris pour travailler aux PTT pour trier les gros sacs de courriers, cartes postales, cartes de voeux, faire-parts, factures, journaux et revues, livres que la France d'avant les courriels se plaisait à envoyer et à recevoir. Ces petites mains occupées à dispatcher le tout par code postal dans des casiers, Jacques Josse en a fait partie, au tournant de la modernisation, prélude aux hangars des multinationales de la logistique rognant sans vergogne sur le droit du travail. le mal était déjà en germe quand la machine a remplacé les hommes.

Mais au-delà de ce poste de postier, c'est comme une porte que Jacques Josse entrouvrait à cette époque. A dévorer les poèmes de Franck Venaille et Jacques Reda, ces deux poètes des lieux, il approfondit son regard et ouvre la porte qui libérait le poète qui était en lui.

Cet ouvrage est un vrai livre d'artistes au pluriel, avec les pastels de Georges le Bayon, l'astuce de l'éditeur Yves Prié qui a inséré un courrier de Jules Mougin, l'autre "facteur-poète", dans cet ouvrage et le travail impeccable de l'imprimeur.

Tel un Proust prolétaire, Jacques Josse aime à détailler en de longues phrases, sans aucune lourdeur, les descriptions de lieux, de personnages. Il y ajoute des références littéraires non pas pour étaler ses connaissances (ce n'est pas du tout le style de l'homme) mais pour préciser ses émotions et ses souvenirs. Comme par exemple quand il lit Franck Venaille : "Ses poèmes parviennent à ouvrir les rideaux métalliques de la grande nuit postale et permettent à un vent rehaussé par la rage, la force, l'écume dentelée, les cris rauques, le vacarme, le haut voltage, le flux soutenu des vagues à l'oeuvre dans les creux rincés et râpeux de la mer du Nord de s'engouffrer dans les goulottes pour venir me balancer quelques baffes salées en pleine figure. Cela me revigore, donne du punch, du sens, du nerf aux heures monotones de l'avant-jour."

Jacques Josse, un homme de l'être.




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