Ce roman, considéré par l'auteur même comme son préféré, met en scène un jeune interne en médecine de 26 ans, nostalgique et "infesté de romantisme". Lorsqu'il rencontre Denise, aussi évanescente que volubile, il découvre avec étonnement qu'un lieu, Saint-Savin, les rapproche. Ils s'embarquent ainsi dans un étrange retour sur les terres d'enfance du narrateur, qui venait y passer ses vacances d'été. Durant le trajet la jeune femme raconte dans quelles circonstances ce nom lui est resté en mémoire. Ainsi, alors qu'elle débutait comme généraliste dans un coin reculé de Bretagne, elle fit la connaissance d'une fillette énigmatique, et de son père non moins marginal. Les deux vivaient reclus dans une grande maison délabrée et l'enfant faisait état d'une mélancolie inquiétante. le récit de Denise fait écho au passé du narrateur, qui se souvient de Sylvie, sa jeune voisine dont il s'était entiché. L'amour d'enfance restera gravé dans l'esprit du jeune homme, tournant même à l'obsession. Dans ce roman presque gothique
Pierre Jourde développe les thèmes qui feront le succès de son oeuvre romanesque : la rugosité d'un monde rural en voie de disparition, le sentiment d'étrangeté, la vie secrète des objets et des demeures, la figure du double mais aussi la dénonciation des clichés littéraires. Ce texte oscille sans cesse entre tragique et grotesque, a des accents prophétiques même parfois, et témoigne d'une jubilation d'écriture qui ne se démentira pas. Ainsi le récit d'une soirée et d'un maigre repas ruinés par un insupportable enfant-roi et ses deux disciples-esclaves-parents restera dans les annales du genre.
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