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Critique de berni_29


Et si je vous parlais de Juliette, écrite et dessinée par Camille Jourdy. C'est une merveilleuse BD tout en rondeur, presque en apesanteur. Les couleurs ont quelque chose qui rappelle du pastel. C'est un charme désuet, comme un tableau du Douanier Rousseau... Oh ! Oh !
Mais voilà, derrière les rondeurs, tout ne tourne pas toujours rond et derrière les joues roses de Juliette, ce n'est pas toujours rose... Il y a de la souffrance dans cette BD, on ne la devine pas tout de suite. C'est plutôt une sorte de mélancolie douce-amère qui se promène entre les pages et les dessins, les courbes et les mots... Les maux aussi... Les personnages sont à la fois solitaires et attachants. C'est un récit intime, celui de Juliette qui prend le train sur un trajet déjà plein de la poésie du quotidien, donnant le ton de cette BD. Hypocondriaque et anxieuse, Juliette a des nœuds plein la besace, quoi de mieux que de tenter de les défaire au contact de ses racines : les parents, sa sœur Marylou, la grand-mère... Juliette est un roman de la famille, une famille ordinaire, c'est-à-dire forcément très compliquée, avec son lot de non-dits, de secrets, d'ombres et de lumières... Juliette pense venir s'y ressourcer, en même temps elle vient avec ses doutes, ses angoisses et voilà, elle tombe brusquement dans un vaudeville burlesque. Ah ! Les repas de famille...
Derrière toute comédie se cachent du mal-être, de la douleur. Les pages se déplient, Juliette déambule parmi les cris et les fracas de sa famille. Chaque personnage promène sa propre histoire, sa petite musique : l'amant de sa sœur qui rejoint celle-ci dans le jardin potager, déguisé en lapin, mais oui... la grand-mère atteinte de la maladie d'Alzheimer qui retrouve la mémoire quand on s'y attend le moins. Cette BD est un jeu de miroir avec la mémoire. Et puis il y a Pollux, vieux garçon avec lequel Juliette se lie d'amitié, car il habite son ancienne maison. C'est la seule personne à qui elle va confier ses angoisses. Il fréquente un bar où il passe son temps à jouer aux fléchettes, recueille un caneton dans un parc et c'est le début d'une histoire avec Juliette. Ils s'effleurent, se cherchent, s'étonnent, s'attendent, se perdent aussi. C'est beau. On voudrait qu'ils s'aiment, qu'ils aillent plus vite l'un vers l'autre. On a envie de remuer les pages pour accélérer leur destin. Mais voilà, le temps de Juliette n'est pas forcément notre temps à nous et c'est bien comme cela aussi. Ils font ensemble un bout de chemin dans cette déambulation tout en rondeur, c'est déjà ça. J'ai aimé cette BD pour tout ce que je viens de vous écrire...
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