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Citations sur Du pouvoir. Histoire naturelle de sa croissance (23)

La liberté, ce n'est point notre participation plus ou moins illusoire à la Souveraineté absolue du Tout social sur les parties, mais c'est la souveraineté directe, immédiate et concrète de l'homme sur soi-même, qui lui permet et l'oblige à déployer sa personnalité, lui donne la maîtrise et la responsabilité de son destin, le rend comptable de ses actes envers le prochain doté d'un droit égal qu'il doit respecter -- ici intervient la Justice --et envers Dieu dont il remplit ou bafoue les intentions.
Ce n'est point comme élément du bonheur individuel que la liberté a été tellement vantée par les esprits les plus élevés ; mais parce qu'elle retire l'homme du rôle d'instrument où les volontés de puissance tendent toujours à le réduire, et consacre la dignité de sa personne.
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Plus les partis s'organisent, plus c'est le "drapeau" et la "machine" qui assurent l'élection, plus aussi l'élu est inféodé à la "machine", véritable maîtresse de son sège. Le Parlement n'est plus alors une assemblée souveraine où une élite d'hommes indépendants comparent des opinions libres et parviennent à une décision raisonnable. Ce n'est que la chambre de compensation où les partis mesurent l'un contre l'autre leurs paquets de votes.
Plus la "machine" est puissante, plus les votes sont disciplinés, moins la discussion a d'importance : elle n'affecte plus le scrutin. Les claquements de pupitres tiennent lieu d'arguments. Les débats parlementaires ne sont plus l'académie des citoyens mais le cirque des badauds.
La machine a commencé d'écarter les intelligences et les caractères. Maintenant ils s'écartent d'eux-mêmes. Le ton et l'allure de l'assemblée vont s'abaissant. Elle perd toute considération.
La puissance effective quitte d'ailleurs l'assemblée à mesure que les partis gagnent en consistance et en discipline. si l'un d'eux dispose d'assez de sièges pour dominer l'assemblée, elle n'est plus qu'une chambre d'enregistrement de ses décisions. Dans ces conditions aucun gouvernement n'est possible que celui voulu par le parti, que celui du parti.
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(...) il n'y a point d'institutions qui permettent de faire concourir chaque personne à l'exercice du Pouvoir, car le Pouvoir est commandement et tous ne peuvent commander. La souveraineté du peuple n'est donc qu'une fiction et c'est une fiction qui ne peut être à la longue que destructive des libertés individuelles.
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On ne peut nulle part et en aucun temps construire un Pouvoir envahissant avec des aristocrates. Le soin d'intérêts de famille, la solidarité de classe, les préjugés de l'éducation, tout les dissuade de livrer à l'Etat l'indépendance et la fortune de leurs semblables.
La démarche absolutiste, soumettant la diversité des coutumes à l'uniformité des lois, combattant les sentiments locaux pour rapporter les fidélités à l'Etat, éteignant tous les foyers de vie pour en aviver un seul, substituant enfin le gouvernement mécanique d'une administration à l'ascendant personnel des notables, est naturellement destructrice des traditions auxquelles s'attache la fierté des dynasties aristocratiques et des patronages qui font leur force.
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Si le Pouvoir tend naturellement à grandir et s'il ne peut étendre son autorité, accroître ses moyens qu'au dépens des puissants, la plèbe doit être son éternelle alliée. La passion de l'absolutisme doit nécessairement conspirer avec la passion de l'égalité.
(...)
Ainsi les progrès de la plèbe dans l'Etat et de l'Etat dans la Nation sont intimement associés.
L'Etat trouve dans les plébéiens les serviteurs qui les renforcent, les plébéiens trouvent dans l'Etat le maître qui les élèvent.
(...)
Des historiens sentimentaux ont déploré que la royauté se soit rendue absolue, tout en la félicitant d'avoir promu des plébéiens. C'est se moquer. Elle a élevé des plébéiens parce qu'elle voulait se rendre absolue, elle s'est rendue absolue parce qu'elle a élevé des plébéiens.
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Si l'on voulait bien ne pas rendre l'Histoire incompréhensible à force de la compartimenter -- politique, économique, sociale -- on s'aviserait peut-être qu'elle est essentiellement compétition de volontés autoritaires, qui se disputent par tous les moyens le matériau commun de tous leurs édifices : les forces de travail humaines.
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A quoi donc tend cette lutte renouvelée du Pouvoir contre les pouvoirs qui se forment dans la Société ? Cette voracité toujours en éveil du grand consommateur des forces humaines à l'égard de tous les rassembleurs successifs de ces forces ?
Où est le terme ? C'est la destruction de tout commandement au profit du seul commandement étatique. C'est la pleine liberté de chacun à l'égard de toutes autorités familiales et sociales, payée d'une entière soumission à l'Etat. C'est la parfaite égalité de tous les citoyens entre eux, au prix de leur égal anéantissement devant la puissance étatique, leur maîtresse absolue. C'est la disparition de toute force qui ne viennent de l'Etat, la négation de toute supériorité qui ne soit consacrée par l'Etat. C'est, en un mot, l'atomisation sociale, la rupture de tous les liens particuliers entre les hommes, qui ne sont plus tenus entre eux que par leur commun servage envers l'Etat. C'est à la fois, et par une convergence fatale, l'extrémité de l'individualisme et l'extrémité du socialisme.
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Accident aux yeux de l'homme qui vit exclusivement dans son temps, lequel peut être par bonheur pacifique, la guerre apparaît à celui qui contemple le déroulement des époques comme une activité essentielle des Etats.
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L'Histoire est lutte de pouvoirs.
Partout et toujours l'homme s'empare de l'homme pour le plier à sa volonté, le faire servir à ses desseins ; de sorte que la Société est une constellation de pouvoirs qui sans cesse s'élèvent, s'accroissent et se combattent.
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Rêvant un ordre trop simple et trop rigide, voulant le réaliser trop vite par des mesures trop impératives et trop radicales, la Pensée se trouve conspirer perpétuellement en faveur du Pouvoir : n'importe si elle combat les détenteurs de l'autorité, elle travaille à élargir la fonction. Car elle jette dans la Société des visions qui ne sauraient prendre d'existence concrète que par un immense effort en sens inverse du cours naturel des choses, effort dont le Pouvoir seul, et un Pouvoir très grand, est capable. De sorte qu'enfin elle fournit au Pouvoir la plus efficace justification de sa croissance.
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