AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Syl


Paris, Janvier 1973,

Blanche a vingt ans. Dans la salle des mariages de la mairie de son arrondissement, elle prononce d'une voix claire et déterminée un "oui". En toute simplicité, un huit janvier, devant sa famille, ses amis, elle épouse son ingénieur des Ponts et Chaussées, Alphonse Petit ; Blanche Petit.
Mais, même en ce jour particulier où la félicité fait voyager l'esprit de la jeune épousée sur un nuage, Blanche questionne son oncle, le commissaire Gaston Loiseau, sur ses enquêtes en cours. Tout en versant le champagne dans les coupes, celui-ci lâche "La Compagnie des Casquettes noires". Est-ce le bon moment pour parler de crimes et délits ?

Le père de Blanche offre au couple un appartement qu'il habitait du temps de sa jeunesse. le confort et l'espace sont certes défraîchis, mais agréables et plongent Alphonse et Blanche dans une routine bien désuète pour des jeunes gens. Pour faire le bonheur de la jeune femme, il ne manque qu'une douche, petit souci technique que le preux époux s'empresse de promettre... Il ramènera de son séjour en Angleterre ce cadeau pour sa femme. Alphonse doit traverser La Manche avec son patron, pour visiter le Crystal Palace, un édifice de fonte et de verre, qui servit à l'Exposition Universelle de 1851.

Du côté de Gaston, le décès d'un homme maintient toute son attention. La crise cardiaque qui est diagnostiquée est bien vite démentie. Monsieur de Saint-Auban est mort à son club, Place du Théâtre-Français, en jouant une partie d'échec et après autopsie, le médecin légiste informe que son corps a été vidé de ses cinq litres de sang. Deux petites marques sont retrouvées dans le cou, une croix griffée sur l'épaule, ainsi qu'une sangsue logée dans le nombril. Il serait bon qu'aucune information fuse à l'extérieur. le cas doit rester au secret.

En dégustant son chocolat chaud du matin, Blanche lit attentivement la une du Figaro ; "Le vampire de Paris, par notre envoyé spécial Zacharie R. Cavendish".
Aussitôt, elle regroupe certains faits et tel un horloger, replace un à un les indices qui permettront à l'engrenage du mécanisme, de s'enclencher... Dans le courant des derniers jours, elle avait rendu service à une petite blanchisseuse illettrée, brune, peau très blanche, lèvres écarlates, qui lui avait demandé de lui lire une lettre. Ce message, signé Philémon, s'adressait à Camille et lui fixait un rendez-vous dans un café en face du Théâtre-Français. Blanche est intimement persuadée que Phiménon est le macchabée qui git à la morgue. Il faudrait qu'elle retrouve cette Camille... Mais aussitôt l'idée émise, la raison émousse son exubérance et décourage Blanche de toute entreprise.

Dans les archives de l'ancienne préfecture, les registres parlent de cas les plus horribles et les plus fantastiques. Deux affaires semblent correspondre à des crimes nécrophiles et vampiriques. Alors que Gaston et son collègue Arthur Léo, devenu commissaire, sont dans les annales du Sommier, Blanche retrouve Camille, au comportement bizarre.

Un autre cadavre crucifié, mordu, vidé de son sang, stigmatisé par une croix et porteur d'une sangsue, s'ajoute à l'énigme. le journaliste Cavendish, à travers ses articles, se gosse de la police.
Pour l'une, les indices la mènent vers un asile d'aliénés tenu par le docteur Blanche, pour l'autre, ils le conduisent vers les sociétaires d'une loge de l'opéra où Bizet lance les débuts d'une Carmen. Il paraît que dans toute investigation, il faut chercher la femme.
Oncle et nièce se retrouveront sans se voir, au son d'une polka, au bal du Château des Fleurs... la nuit des masques et des faux-semblants.


Troisième et dernière aventure de Blanche et on referme cette série en demandant à Monsieur Jubert une suite... L'auteur a la particularité d'étonner le lecteur. Dans les scènes les plus banales, il arrive à nous faire sourire, frissonner ou émouvoir.

Blanche, sous son allure de jeune fille bien sage et dans ce dernier tome, de femme mariée, n'est pas faite pour ressembler à sa mère ou à sa soeur aînée (L'auteur a eu la fantaisie d'imaginer la petite dernière, Berthe, en pleine passion religieuse !). Sa condition d'épouse ne la satisfait pas entièrement. Elle voudrait reprendre ses études à la Sorbonne et installer son laboratoire dans son nouvel appartement. Livrée à elle-même durant l'absence de son mari, elle a bien des difficultés à voir son oncle qui est accaparé par son enquête. Gaston, dans cet épisode, ressemble à Vidocq. Il se travestit et s'immerge sur le terrain. Quant à son amie Emilienne, elle prend une tangente très éloignée d'elle. La rousse Emilienne s'est éprise d'un Russe et vit avec lui sans sacrement civil.
J'ai trouvé Blanche un peu en retrait. Elle est entre deux mondes et cherche sa place ; à la fois fougueuse, énergique, pleine d'audace, et observatrice, détachée, ethnologue. A l'aube de tout, il faut espérer qu'elle réussisse à se façonner une vie sans regret. Alphonse, être doux, patient et amoureux, saura l'épauler.

Cette série est écrite avec intelligence. Elle parle de l'Histoire dans toutes ses sphères ; Sciences, littérature, musique, architecture, politique... Il est très intéressant de lire le livre avec quelques pages de wikipédia. Lorsque Alphonse parle du Crystal Palace, une illustration du palais est presque essentielle.
1873, c'est le début des impressionnistes en peinture, le réalisme, le naturalisme, le symbolisme en littérature, progrès dans les sciences et les technologies, les bals dans les guinguettes, l'Opéra comique, la troisième République, les dernières exécutions des communards, la mort de Napoléon III, Mac-Mahon est élu président pour un septennat et le début de la Belle Epoque, où l'insouciance avait soif de vivre.

Un livre à l'image d'une pièce, divisé en scènes, actes et rideau pour le final.
Une série à recommander ++++
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}