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Critique de ATOS


ATOS
15 décembre 2015
Le message des derniers hommes. Celui d'un peuple, gardien de nos racines. Peuple étonnant, incroyable. Résistant et non conquérant. Peuple de l'apprentissage, du savoir, de la connaissance, peuple du respect, de la patience, peuple des étoiles, des pierres. Ils ont un savoir étrange. Des facultés surprenantes. Pour nous qui les écoutons, nous, les petits frères. Ils ont une représentation du monde extrêmement claire , une vision de l'humain extrêmement sage, et pourtant ils sont en danger. En danger parce qu'ils sont si proches de la Terre, si proches à en toucher le ciel , qu'à chaque coup de hache qu' à chaque pelletée de terre qu' à chaque barrage qu'à chaque racine arrachée c'est leur peau que l'on arrache, leur coeur, leurs entrailles, leur ventre que l'on entaille.
Peuple guérisseur, peuple soigneur, peuple de l'offrande et du don. Sur Sierra Nevada de Santa Marta sur cette portion de terre que l'on nomme Colombie , vit une communauté humaine qui sait vivre en harmonie sans chef, sans argent, sans tribunal, sans armée, sans église, sans économie. le partage, la reconnaissance mutuelle, le bien être de l'ensemble de la société sont les fondements de cette communauté qui connaît le destin des étoiles. La misère, la pauvreté, la solitude, leur sont inconnus. Leurs yeux sont des lacs, leur mémoire est un chant, les pierres leur bibliothèque. Ils dressent des cartes extrêmement précises, cartes illisibles pour nos cerveaux de petits frères.
Devant leur savoir, leur capacité à survivre dans une nature qui nous paraît si hostile, nous sommes des nouveaux nés maladroits, ignorants.
Dans l'obscurité leur chamans apprennent durant des années à regarder par de là, au-delà, à travers. Peuple mémoire, peuple messager. Les derniers hommes. Ces peuples racines.
Un combat : survivre. Survivre parce qu'ils savent que leur survivance est le signe d'une possible pérennité du monde. Survivre alors qu'ils sont pris en tenaille entre les sociétés minières, la guérilla, les trafiquants de drogue. Ils survivent face à la barbarie, à la dévastation de la terre, face à son empoisonnement. Ils survivent face à notre arrogance, notre bêtise. Ils survivent grâce à une solidarité exemplaire, un pacifisme inébranlable. Ils vivent en refusant ce que le monde moderne voudrait leur imposer, en refusant ce mieux vivre qui pour eux ne peut être qu'un moins être. Ils vivent en accueillant l'autre, le petit frère. En lui expliquant, en l'instruisant, en le soignant. Ils parlent aux petits frères et essaient de leur remettre un peu de grandeur et de vivant dans leurs têtes, ils tentent de réanimer l'âme des petits frères. Ces petits frères, ses frères blancs, qui ont pourtant leurs lois, leurs livres, qui ont un savoir, tout ce qui devrait leur permettre de comprendre ce que les Kogis tentent de leur faire entendre, ces petits frères qui ont perdu, rompu le lien avec le monde auquel ils appartiennent. Certains petit frères comprennent et leur viennent en aide. Ils leurs viennent en aide parce que les Kogis leur ont sauvé la vie. Alors petit à petit, parcelle par parcelle, des petit frères les aident à racheter leurs terres.
Racheter une terre...voilà qui n'a aucun sens pour un Kogi. Mais le Kogi est intelligent, il veut vivre en bon entente avec son petit frère, alors il accepte la loi du petit frère, il rachète sa terre. Parce qu'il sait qu'il ne peut survivre sans espaces de quiétude, de paix, sans ces lieux sacrés . Oui le peuple Kogi est intelligent. Il sait que toute la vie tient en équilibre. Il connaît la fragilité de ce fils, de ce lien qui nous relie. Les kogis nous parlent et prennent soin de sauvegarder leur mémoire. Car ils nous jugent aptes à recevoir leur enseignement. Ils nous juges comme des égaux. Ils nous reconnaissent la possibilité d'une conscience. Ils ne nous condamnent pas. Ils nous jugent malades, malades et amnésiques, amnésiques et fous. Et pourtant ils nous parlent parce qu'ils mettent un espoir en nous. Et cette mémoire ils ont feront un film pour nous, pour eux, au nom de tous.
« Des derniers jardins ouvriers de Montreuil à la forêt amazonienne tout ce qui entrave notre développement et impitoyablement balayer, éliminer. le prix de cette folie devient chaque jour plus élevé. le renoncement d'un plus vers le mieux nous est impossible et pourtant sans doute représente-t-il notre seule chance de survie ».

Astrid Shriqui Garain
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