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Critique de colimasson


A l'origine de ce court ouvrage, qui se lit sans grande difficulté et reflète assez bien les préoccupations de la psychologie analytique, se trouve un article écrit par Jung en 1912 et publié dans les Annales de Rascher, « Les voies nouvelles de la psychologie ». Révisé ensuite à de multiples reprises, cet article s'est étoffé jusqu'à devenir cette « Psychologie de l'inconscient ».


En 1912, la rupture entre Jung et Freud n'était pas encore consommée, même si elle se confirmait sans cesse davantage. Il est assez facile d'imaginer que les multiples reprises de l'ouvrage effectuées par Jung visaient à renforcer les théories qui distinguaient sa psychologie analytique de la psychanalyse freudienne. Pas un chapitre ne se passe sans que Jung ne vienne implicitement remettre en question les théories de Freud. Les comptes se règlent silencieusement, ici et là, au gré des chapitres.


La théorie du tout-à-l'Eros ? Très peu pour Jung. Et pourquoi pas plutôt la volonté de puissance d'Adler ? Pourquoi certains préfèrent-ils tantôt une de ces théories, tantôt l'autre ? Une histoire de types psychologiques, suppose Jung, présentant au passage un résumé des idées qu'il développera avec succès dans « Les types psychologiques ».


Et la théorie du rêve, avec sa distinction entre le contenu manifeste et le contenu latent – entre énoncé et énonciation ? Non, Jung préfère stipuler la bonté naturelle du rêve qui, contrairement à l'homme (comme si l'un et l'autre étaient distincts) ne dissimulerait rien, ne tromperait pas, et dirait la vérité, rien que la vérité. de la même façon, Jung parle de l'inconscient comme s'il s'agissait d'une entité autonome qui montrerait à l'homme la supposée bonne trajectoire de l'individuation. Les prémices du développement personnel se trouvent en germe dans cette vision des phénomènes. Jung semble ici essencifier l'inconscient en l'assimilant aux qualités qu'il considère comme étant celles du Bien. Ce faisant, il ne parle évidemment plus d'inconscient mais surtout de ses propres fantasmes.


Jung a également souvent tendance à réduire le rôle du psychanalyste (ou plutôt, dans son cas, du psychologue analytique) à celui de l'éducateur. Il considère en effet que les rêves sont « un instrument d'éducation et de traitement infiniment utile » et qu'ils se meuvent « dans la ligne du progrès et prennent le parti de l'éducateur ». L'éducation se trouverait du côté du psychologue. Cette déclaration faite, Jung n'a plus besoin de chercher à mettre en valeur ce qui différencie ses idées de celles de Freud. Il apparaît assez clairement que la psychologie jungienne n'est pas une psychologie de l'inconscient mais une psychologie de la volonté, et plus particulièrement de celle de « l'éducateur ». Alors que la psychanalyse permet au sujet d'accepter d'assumer à nouveau sa responsabilité, la position de la psychologie analytique, telle qu'ici présentée, suppose que le « patient » continue en effet de rester passif en déléguant la responsabilité de ses impasses à celui qui se présente comme ayant une juste réponse à fournir – bien qu'elle ne soit pas la sienne.
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