Un monde dénaturé

Merci à Masse critique et aux éditions Decrescenzo pour ce livre, le premier roman d'un auteur coréen que je lis. J'avais un peu peur de me retrouver avec des considérations politiques Corée du Nord et Corée du Sud, mais pas du tout. A l'occasion d'un voyage qu'il fait aux U.S.A. et plus particulièrement à San Francisco, l'auteur raconte ici ce qu'il a vu, entendu, vécu et ressenti ou peut-être mieux encore comme il le dit, "des choses que je n'ai pas vues comme elles se présentaient à mes yeux, que je n'ai pas entendues comme elles se présentaient à mes oreilles, que je n'ai pas ressenties comme elles se présentaient à mon coeur, bref, que je n'ai pas recueillies telles que je les ai vécues." Tour à tour il nous donne ses souvenirs et ses pensées mais également celles qu'il attribue aux êtres, humains ou animaux, qu'il croise sur sa route, dans ses rêves ou dans ses souvenirs, le tout avec un humour subtil. Parce que, depuis qu'à l'âge de 7 ans il est tombé (ou pas) d'un plaqueminier et s'est cogné fortement le coccyx il se laisse envahir et entraîner par des idées et des sentiments déjantés, ce qu'il apprécie car, après tout, le réel est inconsistant. Et l'auteur conclut en disant : "Le livre entier aurait bien pu avoir pour titre 'Nuages filant au gré du vent', car à mon avis, parmi toutes les réalités de la nature, ce qui montre le mieux qu'elles n'ont rien de solide en profondeur, ce sont les nuages. Et en même temps, ce récit qui n'est qu'un jeu de pensées et de mots n'a aucun noyau solide, tout comme les nuages qui filent au gré du vent."
Un livre à découvrir, même s'il peut rebuter les lecteurs de romans traditionnels.