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Critique de jcjc352


Farce à l'Albanaise que ce live, c'est ainsi que je découvre cet auteur qui par moment a un petit coté Sciascia caustique et gouailleur, gouleyant c'est à dire frappé. Ce qui ne m'étonne pas. Un albanais c'est un peu un italien (oui ils s'en défendent surtout coté religion) et un italien c'est un peu un sicilien édulcoré d'où... je vais éviter de conclure...

Farce tragi-comique mais farce à demi et critique, plus ou moins bon enfant, des ses concitoyens Je pensais naïvement que Clochemerle était essentiellement français et inimitable et bien non il y a aussi Gjirokastër
qui fait aussi bien et pendant des temps troubles les rumeurs vont bon
train
Quitte à faire la guerre sans la faire et sans savoir avec qui et contre qui, l'Albanie étant essentiellement un lieux de passage pour les troupes alliées mais lesquelles, l'activité principale reste le commérage. Surtout deux médecins homonymes de nom Gurameto l'un surnommé le grand l'autre le petit en font les frais

L'affaire du dîner (sans Jacques Villeret pour détendre l'atmosphère: il a le chic pour le faire même en Führer dans «papy fait de la résistance») de Gurameto avec les allemands et les otages. Une mystérieuse invitation d'un mort qui effectivement viendra bien manger

Réalité? Légendes? Eh bien les deux docteur!

Puis Kadaré passe a des choses moins frivoles et narre l'après-guerre

Après guerre avec le communisme, une paranoïa va s'emparer de la ville qui n'aura pas «son jour de gloire» le petit père des peuples demande des comptes et exige des purges: la guerre n'a pas assez tué
Les comploteurs traîtres et alliés des allemands, les juifs comploteurs planétaires, les nationalistes royalistes.
Arrestations arbitraires, règlements de compte, «les dessous de l'Affaire des Dames» interpellées courtoisement «camarades» et qui en payerons le prix

Enfin Kadaré sur un registre plus angoissant aborde «le dernier chapitre»

Il nous parle du déroulement des purges staliniennes et luttes contre la conspiration ainsi que des procès fréquents à l'époque en URSS et dans les pays satellites Celui d'Artur London connu par son livre «l'aveu» restera célèbre.

Il met bien en scène ce processus de dégradation des individus interpellés: mécanisme impitoyable de broyage physique et psychologique des individus, d'auto-accusation forcée, manipulation, huis clos et tortures dans les geôles, sadisme des exécutants même les lettrés, pratiques courantes pendant la guerre froide.

Rien n'est simple chez un auteur de la Mitteleuropa d'Adriatique On croit avoir tout compris puis un petit quelque chose interpelle et voilà le doute à n'en plus finir
Kadaré évoque donc son pays qui a subit les régimes ottomans avec ses nuées de juges surnuméraires zélés, le régime fasciste du Duce, l'amitié douteuse de l'Allemagne nazi et le communisme et pour «un peuple qui manque de nerf» ce n'est pas évident.
C'est pour moi une agréable découverte. Un esprit comme je les aime.
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