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Critique de Liver


Liver
15 février 2014
Chaque journal de guerre de 14-18 est unique : certes, il raconte les mêmes scènes toujours et encore, communique les mêmes informations et les mêmes espoirs ou désillusions. Mais à chaque fois, c'est un témoignage unique : car l'auteur est unique et son journal est le reflet à la fois de ce qu'il était avant la guerre et de ce que la guerre fait de lui. Journal de guerre d'un Juif patriote d'André Khan, que j'ai eu la chance de découvrir grâce à Masse Critique de Babélio et aux Editions Tallandier, ne fait pas exception à la règle. Ce journal a d'abord la particularité d'avoir été écrit du premier au dernier jour de la guerre que l'auteur a faite en sa totalité, sans blessure. Avec son régiment, il a participé à tous les combats dont le nom résonne encore : le Grand Couronné, Ypres, Verdun, la Somme, le Chemin des Dames… Il y fut brancardier, infirmier puis avocat de conseil de guerre. Ensuite, plus qu'un journal, c'est une sorte de dialogue à distance avec la femme qu'il aime et à qui il adresse ses lettres. le style est clair, sans fioritures et le propos précis, ce qui fait que malgré les coupes ou les non-dits dus à la censure, on identifie les combats et attaques dont il parle et qui pour certaines sont restées dans l'histoire. Il est encore une fois émouvant de voir combien il était difficile à ces hommes d'écrire, partagés entre l'intense besoin de s'épancher et de partager leur horrible condition et celui de protéger ceux de l'arrière de la peur, de l'inquiétude de perdre l'être cher (c'est une constante dans tous les journaux ou courriers, le plus bel exemple en est certainement ceux de Roland Dorgelès à sa mère où il ne lui narre que des anecdotes). Grâce à tout cela, la lecture de ce journal est intéressante à qui s'intéresse à la Grande Guerre, un peu plus difficile pour ceux qui cherchent à la connaître car il me semble nécessaire d'avoir quelques connaissances pour lire à travers les lignes obligatoirement concises de ce témoignage. de ce journal, je retiendrai encore la grande difficulté pour les Poilus de savoir réellement dans quel conflit ils étaient embourbés : il suffit de voir comment il parle davantage des autres fronts que le sien, englué sans le vouloir dans la propagande, car il sait peu de choses des opérations menées sur place, auxquelles il participe sans explication. En revanche, le choix du titre, Journal de guerre d'un Juif patriote, sans doute utilisé pour une question de visibilité au milieu de tout ce que le Centenaire va produire, ne rend pas vraiment hommage au texte : le texte d'un homme parmi les autres, d'un homme qui parfois se met à nu devant la peur, la mort, la barbarie. Un témoignage, comme ceux des autres, nécessaire et dont on peut saluer la parution.
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