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Critique de antoineperroud


Un maître, le célèbre peintre japonais Katsuhika Hokusai, un jeune disciple, Sutehachi, cela aurait pu être une classique histoire d'apprentissage et de transmission du savoir. Dans les faits, ce que propose Kazuo Kamimura (Lorsque nous vivions ensemble) dans Folles Passions va bien au-delà. Dès le premier chapitre, l'auteur fait comprendre au lecteur qu'il va plutôt être question de l'acte créateur que de l'artiste en lui-même. Hokusai s'est ouvert les veines afin de dessiner avec son sang. Quelle est cette force qui abuse des hommes et les pousse à créer au mépris de tout ?

La mise en abîme est forte, grave. Heureusement pour le lecteur, Kamimura a choisi la voie de la farce tragi-comique pour son scénario. Hokusai, quand il est question de saké, a le coude leste et un caractère bien trempé quand il est l'heure de discuter avec d'éventuels clients fortunés. de son côté, Sutehachi a bien vite compris qu'en faisant quelques concessions d'ordre commercial, on peut rapidement, au contraire de son maître, très bien gagner sa vie et avoir ainsi suffisamment de temps pour batifoler avec la belle O-Shichi. Les personnages sont bien campés et très bien construits. La description d'Hokusai est particulièrement réussie. le vieil homme, à la fois truculent et torturé, illustre, très finement, le trouble dans lequel peuvent se retrouver certains artistes. La rencontre, du peintre avec le romancier Bakin – un ami de longue date –, passant de la joie des souvenirs à la réalité de leur condition actuelle est admirable et résume bien le difficile équilibre entre gravité et légèreté que l'auteur est arrivé à maintenir tout au long de l'album.

Parler d'un homme de la trempe d'Hokusai en bandes dessinées - en images - est spécialement délicat. Kamimura propose un traitement graphique des plus originaux. La narration varie entre une approche manga moderne à de grandes compositions rappelant, à juste titre, les estampes de la période Tokugawa. le résultat est des plus intéressants tant le dessinateur se révèle à l'aise aussi bien dans un style que dans l'autre. Âme nippone oblige, il sème également des haïkus ici et là, ouvrant ainsi la porte à toutes les interprétations.
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