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Critique de hrousset


2015 est le centenaire de la naissance de Tadeusz Kantor, et l'occasion de publications le concernant, ainsi parallèlement ses écrits, aux « Solitaires Intempestifs ». Mais qui est Tadeusz Kantor ? Ce nom n'a probablement d'écho que pour les lecteurs qui s'intéressent à l'histoire du théâtre. Et là, le nom s'impose avec force. Tadeusz Kantor est polonais, né donc en 1915, élève des Beaux-arts de Cracovie, peintre, inspiré à la fois et successivement par le constructivisme, le dadaïsme (Duchamp en particulier) et le surréalisme. Et de là, après avoir créé une oeuvre originale, avec avant Christo, la technique des « emballages », il a consacré sa vie au théâtre, avec toute son expérience plastique , donnant priorité à la scénographie et avec ce qu'il est convenu d'appeler la théâtralité, théâtre total incluant la création d'objets originaux (par exemple le berceau automatique ou la machine à accoucher), introduisant des mannequins sur scène, des musiques originales, et tout cela dans une intention de théâtre pauvre, proche de Grotowski, avec des amateurs… La vision est souvent politique (en lien avec la souffrance de son peuple), et métaphysique, dans une familiarité avec la mort, dans une expression bouffonne (Théâtre de la mort). En réalité : bouffonnerie métaphysique, destinée par contraste à montrer la vie, sans pessimisme… On ne sera pas surpris, choisissant des espaces de théâtre originaux de le voir s'orienter vers des happenings ou des « performances » qui ont marqué le théâtre contemporain.

Invité à Paris au festival de Nancy, en 1975, puis au festival d'automne avec un spectacle devenu mythique : « La classe morte », représentée plus de quinze cent fois, il a été reconnu comme l'un des grands maitres de l'Art du théâtre, avec une grande cohérence de son parcours qui s'est poursuivi jusqu'en 1988, où un spectacle « Je ne reviendrai jamais » venait conclure cet itinéraire très original du « Cricot 2 », la compagnie qu'il dirigeait. Il a pu faire apparaitre, en mettant en scène de façon récidivante des personnages clefs, comme la femme de ménage ou les jumeaux qu'il avait ainsi créé un style nouveau, proche de la Commedia dell'arte. Grand homme de théâtre donc, d'autant que ses créations étaient accompagnées d'un discours théorique rigoureux, à l'instar de ses contemporains Bob Wilson ou Julian Beck.
C'est dire tout l'intérêt de ces quatre entretiens qui datent de décembre 1989 et de Janvier 199O, avec un grand critique polonais (Porebski). Il y a cependant quelques points d'ombre : l'absence pour le grand public français d'une introduction à visée pédagogique, (malgré de nombreuses notes en bas de pages), une présence du « Moi » questionneur excessive, centrée sur sa propre biographie anecdotique, avec une voix « off » surajoutée, tout cela entrainant un peu de confusion, au détriment de l'essentiel. Enfin, il manque des illustrations pour ce théâtre de l'image…, et on peut se demander, à l'inverse si le texte en polonais apporte quelque chose de vraiment utile pour le lecteur français.
Au total, une excellente contribution à l'hommage rendu à Kantor, pour des initiés.
Hugues Rousset
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