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Critique de YvPol


Mise en garde : ce roman est absolument passionnant. Pour qui, comme moi, ne connaît que très peu -c'est un euphémisme- l'histoire de la Grèce et de l'Albanie, c'est une découverte et un contexte de roman très fort. Habilement, Gazmend Kapllani nous parle d'abord de la Grèce actuelle, qui tend vers la xénophobie, la peur de l'étranger (ce qui, évidemment n'arrivera jamais chez nous, en France, le FN est totalement dédiabolisé, son chef historique viré, ses membres voire même ses candidats n'ont jamais eu de dérapages racistes... tout cela bien sûr si l'on écoute les médias...). La Grèce de la crise économique récente qui dure et qui fait le jeu des opportunistes, poujadistes et populistes de tout poil. Il parle ensuite beaucoup de l'Albanie, de celle d'il y a 70 ans, lorsqu'elle accueillait sur son sol des migrants fuyant les nazis. Puis ensuite, c'est la dictature de Hodja, pendant quarante ans. Et sous une dictature stalinienne, il ne faut pas bouger une oreille, le moindre écart est sanctionné.

Melsi découvre dans le roman de son père ce qu'il croit être la vie de sa famille, les secrets bien gardés sur les origines, la vie difficile sous la dictature même si au départ, grâce à une connaissance bien placée, ses grand-père et père trouvent un travail qu'ils aiment. Pendant ces trois semaines en Albanie, il a aussi le temps de faire le point sur sa vie ; la quarantaine, il papillonne entre deux femmes, hésite à s'engager, vient de se voir refuser sa demande de nationalité grecque, veut quitter ce pays mais ne sait pas où aller et avec qui, ... Il est en plein doutes, questionnements.

Ce court roman de 160 pages commence doucement, surtout ne pas se laisser décontenancer par le début qui peut sembler un peu mou mais qui colle parfaitement à l'état d'esprit de Melsi à ce moment, la suite est excellente, notamment à partir du moment où Melsi ouvre le manuscrit de son père. Extrêmement plaisant à lire, parce que bien écrit et bien traduit, l'auteur remerciant en des termes chaleureux F. Bienfait et J.Giovendo "qui ne sont pas seulement les traducteurs remarquables de ce livre, mais sont devenus (ses) alter ego littéraires." (p.157). J'aurais pu citer une foultitude de passages, tous aussi intéressants les uns que les autres, mais longs, parce que difficiles à couper pour que le sel de l'écriture de Gazmend Kapllani saute aux yeux. Je me contenterai du début, les toutes premières phrase pour vous mettre en appétit :

"A l'instar de certaines amours, certains pays sont une aberration : ils n'auraient jamais dû exister. Être né et avoir vécu dans un tel pays procure un désenchantement assez proche de ce que l'on éprouve quand on a gâché sa vie avec une personne qui n'était pas la bonne." Melsi était content de sa trouvaille. Craignant de l'oublier, il retrouva un peu d'énergie pour sortir son carnet et y consigner ces phrases, moitié en grec, moitié en albanais." (p.9)

Les éditions Intervalles m'ont rarement déçu, jusqu'ici j'y avais surtout lu des auteurs français, je découvre avec bonheur le rayon auteur étranger.
Lien : http://lyvres.fr
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