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Critique de Acerola13


S'il y a bien une chose que l'on ne peut dénier à Ryszard Kapuscinski, c'est son flair extraordinaire pour les révolutions : on le retrouve ici aux prémices de celle qui agita l'Iran en 1979.

A sa manière habituelle, l'auteur se promène dans les rues de Téhéran et nous conte les anecdotes des badauds, les exactions de la Savak, la terrible police du Shah, et les lubies de ce dernier, ivre de ses milliards pétrolier, et dont l'obsession est "le développement" à grand renfort d'achats en tout genre sans réfléchir logistique, compétence ou utilité. Cette folie de la modernité se retrouvait aussi dans l'autre ouvrage de Kapuscinski, le Négus, et l'on s'étonne de ce point commun constant des dictateurs autoproclamés éclairés.

Malgré sa richesse immense, le Shah peine à résister à la prise de pouvoir graduelle du peuple, soutenu par les ayatollah, que la peur déserte peu à peu et qui s'organise pour prendre en main son destin.

Une fois de plus, Ryszard Kapuscinski nous régale de ses chroniques et j'ai été très intéressée par le portrait qu'il dresse du Shah et de la relation de haine que le détenteur de ce titre entretient avec son peuple ; comme dans le Négus, on ressent l'ingérence des pays étrangers, envahisseurs et irrespectueux de la tradition pour les uns, fidèles alliés dans la course à la modernité pour les autres...Avec cette ambivalence où ceux qui haranguent les foules et les dresse contre l'oppresseur ont bien souvent fait une partie de leurs études chez ses mêmes pays étrangers. Je ne m'épancherai pas sur les horreurs commises par la Savak, qui n'a rien à envier aux autres polices du genre ; j'ai surtout retenu leur rôle de force de l'ordre violent et de dernier rempart contre le peuple : une fois que celui-ci n'est plus effrayé par la police, cette dernière perd tout pouvoir.

Ma lecture du Shah a été précédée de celle du livre de Srdja Popovic Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit, et sans armes, et j'ai été très surprise par la justesse des propos de ce dernier sur la construction des révolutions, dont on retrouve certains traits saillants dans le Shah. Un bel exemple pour faire suite à la lecture du militant serbe.
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