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Critique de Apoapo


Apoapo
11 septembre 2022
Ceci est le premier tome de l'autobiographie d'un jeune dessinateur satirique stambouliote. Il couvre la période s'étalant depuis l'enfance, la découverte des premières bédés et la réalisation de ses premiers croquis sous l'influence de son père, instituteur et lui aussi dessinateur « pour boucler ses fins de mois », jusqu'au premier procès en outrage intenté (et perdu) par Erdoğan, alors seulement Premier ministre, contre l'hebdomadaire satirique Penguen auquel l'auteur collaborait. le récit se compose d'abord et surtout de l'histoire d'une vocation contrariée : à cause du discrédit du métier de graphiste et des périls de l'engagement politique dans la satire. En effet, le père de l'auteur, dont la situation socio-financière l'a toujours contraint de vivre chichement dans des quartiers populaires périphériques, avait lui-même été victime de menaces et de pressions pour réaliser des brochures et des calicots politiques à l'époque tourmentée qui a précédé le putsch de septembre 1980. Par-delà les circonstances d'une activité à laquelle le garçon se consacre au détriment de l'école et même de sa sociabilité, apparaît clairement la métamorphose progressive du milieu populaire urbain où il évolue, qui se déporte vers l'idéologie portée par Erdoğan et son parti. Ainsi, alors que sa famille se retrouve de plus en plus isolée dans le voisinage, le jeune homme se politise au sein d'un milieu très hostile au pouvoir autoritaire qui se met en place. À noter que les milieux estudiantin, de la presse humoristique, de l'édition joueront et continuent de jouer un rôle politique de tout premier plan dans l'opposition au régime de l'AKP en Turquie. La pratique du dessin, d'un simple défi pour réussir, pour « percer », pour acquérir une certaine notoriété et du succès auprès des filles, devient donc un engagement de résistance à la fois contre le père prudent voire veule, contre la société toute proche – sous la forme très concrète de trois imams menaçants, sous la porte de chez eux – et plus généralement contre un pouvoir qui montre d'emblée son intolérance envers la presse libre. Naturellement, une biographie de jeunesse ne peut faire l'impasse de la découverte des premiers émois sentimentaux, traités avec une grande réserve et pudeur. Factuellement, le récit se clôt par la résolution de poursuivre, envers et contre tout, sa nouvelle profession de dessinateur satirique (épaulé par les héros de son enfance : Tintin et le Capitaine Haddock, Lucky Luke, Superman, Astérix, Batman, Spiderman, etc.) et – conséquemment – de quitter le domicile familial. Une galerie de photos de l'auteur, entre 1985 et 2004, occupe les deux dernières pages de l'ouvrage.
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