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Critique de Floyd2408


Une nouvelle découverte de lecture grâce à masse critique de Babelio et à l’édition Turquoise, une aventure dans la mémoire historique de notre auteur Yakup Kadri Karaosmanöglu, originaire de Turquie, de culture francophone avec son roman Leïla fille de Gomorrhe, notre intrigue, au cœur d’Istanbul, dans le quartier de Péra s’aventure juste après la Grande guerre, au préambule de la libération nationale du pays face à la gérance des européens, pays occupant principalement, l’Angleterre, l’errance de la Turquie face à la dérive des occidentaux ; une critique acerbe se cache dans cette romance orientale, ce couple s’oppose dans leur choix profond culturelle.
Yakup Kadri Karaosmanöglu est un écrivain truc du début XXème siècles, œuvrant toute sa vie à défendre sa Turquie, journaliste puis politicien, cherchant à servir son pays et dénoncer la misère sociale à travers ses romans, ses articles et sa passion.
Sodome et Gomorrhe, un des chapitre d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust devait être le titre de base de ce roman, pour éviter la confusion et les amalgames, le changeant pour Leïla fille de Gomorrhe, avec cette noblesse délicate d’ambigüité.
Istanbul, perle de l’orient, pont entre l’Europe et l’Asie, le détroit du Bosphore lisière de ces deux sociétés aux cultures inextricables se’ diffusent l’une à l’autre lors de cette tutelle gérée par les pays vainqueurs, l’Angleterre entre autre, peuple aux mœurs perverses et libertines dépravant l’ancien empire ottoman.
Yakup Kadri Karaosmanöglu dénonce la déchéance de l’occident, filagramme du livre dans le personnage tourmenté, passionné turc, jeune cousin et fiancé de la belle Leïla. Ces tourments l’entrainent dans des monologues où soupirent la négativité de la société du nord, celle dévorant son peuple, le perversité coule lentement dans les ménages locaux, s’entremêlant par appétit de la notoriété au détriment de trahir les coutumes et les us ancestrales de leur peuples.
Mais ce roman distille aussi la mondanité de cette ville, les mœurs lors des parties, réceptions, chère à Marcel Proust décrit dans Le salon de Mme de... et aussi dans son œuvre majeur incontournable, ce cœur précieux que Yakup Kadri Karaosmanöglu se réfère dans ses images Proustiennes. Autres romanciers cristallisent cette histoire, des reflets de la culture de notre auteur, Roméo et Juliette de Shakespeare, ainsi d’Hamlet puis Pénélope Héroïne de L’Odyssée, Le portrait de Doriane Gray d’Oscar Wilde, Faust de Goethe, Pierre Loti écrivain français et tant d’autres constellent l’érudition occidentale de Yakup Kadri Karaosmanöglu.
Dans ce milieu assez bourgeois d’Istanbul Leïla jeune fille turc gâté par ses parents respirent la liberté de vivre sa jeunesse dorée avec les officiers Britanniques, Français, artistes russes, hommes d’affaires américains. Les sentiments se crispent aux humeurs des convives et de leur jalousies rythment avec emphase la mélodie harmonieuse de cette histoire mondaine aux décors sombres d’une Turquie face à son destin historique celui de son indépendance occidentale. Anatolie est un décor lointain, cet écho profond du mouvement national…
Certains faits historiques et noms incrustent ce roman comme un témoignage poignant de la situation ottomane, une vraie satire sociale et culturelle.
Leïla, cette jeune héroïne Turc cristallise autour d’elle la mondanité nouvelle d’Istanbul, cette cours joue les plaisirs les plus délicieux, les joies nocturnes des soirées, des diners avec les occupants occidentaux. Chaque protagoniste de ce roman exprime l’humeur de cette période avec ce flegmatique capitaine Gerald Jackson Read, bourreau des cœurs au visage d’ange, le Major Will, homme à femmes assez malotru organisateur de fêtes mondaines, l’officier Marlow au mœurs pédérasties et tous les personnages secondaires tel la jeune autochtone Nermin amoureuse de la pétillante journaliste américaine Fanny Moore, Mme Jamson, mondaine Turc reniant ses origines en disant « Etre turque, un scandale inouïe, une tare irrémédiable » . Et Necdet cousin et fiancé de Leïla ennemi des anglais et souverain de l’âme de son pays, ses monologues ajustent la pensée de notre auteur de la décadence de l’occident et de la misère de son peuple.
Yakup Kadri Karaosmanöglu s’amuse des clichés occidentaux ornant ce roman comme la vision de la femme orientale devant être pour les Français « Des poupées rutilante d’or et pierre précieuse », il égratigne le prestige anglais en les nommant « Perfide Albion », nom antique de la grande Bretagne et cette anecdote ironique sur leur prestige incontournable dans les mots du Capitaine Jackson Read touchant même les sauvages d’un contrée inconnue, la mégalomanie stoïque des britanniques.
La lecture est une douce musique comme celle de cette époque passée où les mots tintent une note nouvelle, l’amour oscille les battements de cœur de ces jeunes prisonniers de leur choix culturel, de leur orientation sexuel, du plaisir de charmer l’assistance. La décadence tourbillonne les âmes comme les bulles de champagne ivre de leur gaité enivrante.
Un roman complet, au soupçon historique, une romance orientale belle et passionnée, la fièvre enflammée des tourments du cousin de Leïla embrasse avec légèreté les sentiments de nos deux cœurs opposés l’un pour sa Turquie et l’autre pour le rêve occidentale.
Leïla fille de Gomorrhe demeure un vrai plaisir de lecture, la justesse des mots, la précision des faits et l’intrigue romanesque entre chassé-croisé amoureux et jalousie.
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