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EAN : 9782951444836
207 pages
Turquoise Editions (10/11/2009)
4.44/5   9 notes
Résumé :
Istanbul danse avec l’ennemi. C’est l’occupation après la Grande Guerre. Dans un Empire ottoman démantelé, ne subsiste que ce lambeau. Et bien que détestés, les occupants alliés – anglais, français, italiens – fascinent.

Accumulant conquêtes et prestige, la belle Leïla mène une vie mondaine tumultueuse. Entre le capitaine Jackson Read et son fiancé Necdet, son coeur hésite. Se brûlant les ailes au contact d’un Occident dévoyé, Leïla devient alors la p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Une nouvelle découverte de lecture grâce à masse critique de Babelio et à l’édition Turquoise, une aventure dans la mémoire historique de notre auteur Yakup Kadri Karaosmanöglu, originaire de Turquie, de culture francophone avec son roman Leïla fille de Gomorrhe, notre intrigue, au cœur d’Istanbul, dans le quartier de Péra s’aventure juste après la Grande guerre, au préambule de la libération nationale du pays face à la gérance des européens, pays occupant principalement, l’Angleterre, l’errance de la Turquie face à la dérive des occidentaux ; une critique acerbe se cache dans cette romance orientale, ce couple s’oppose dans leur choix profond culturelle.
Yakup Kadri Karaosmanöglu est un écrivain truc du début XXème siècles, œuvrant toute sa vie à défendre sa Turquie, journaliste puis politicien, cherchant à servir son pays et dénoncer la misère sociale à travers ses romans, ses articles et sa passion.
Sodome et Gomorrhe, un des chapitre d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust devait être le titre de base de ce roman, pour éviter la confusion et les amalgames, le changeant pour Leïla fille de Gomorrhe, avec cette noblesse délicate d’ambigüité.
Istanbul, perle de l’orient, pont entre l’Europe et l’Asie, le détroit du Bosphore lisière de ces deux sociétés aux cultures inextricables se’ diffusent l’une à l’autre lors de cette tutelle gérée par les pays vainqueurs, l’Angleterre entre autre, peuple aux mœurs perverses et libertines dépravant l’ancien empire ottoman.
Yakup Kadri Karaosmanöglu dénonce la déchéance de l’occident, filagramme du livre dans le personnage tourmenté, passionné turc, jeune cousin et fiancé de la belle Leïla. Ces tourments l’entrainent dans des monologues où soupirent la négativité de la société du nord, celle dévorant son peuple, le perversité coule lentement dans les ménages locaux, s’entremêlant par appétit de la notoriété au détriment de trahir les coutumes et les us ancestrales de leur peuples.
Mais ce roman distille aussi la mondanité de cette ville, les mœurs lors des parties, réceptions, chère à Marcel Proust décrit dans Le salon de Mme de... et aussi dans son œuvre majeur incontournable, ce cœur précieux que Yakup Kadri Karaosmanöglu se réfère dans ses images Proustiennes. Autres romanciers cristallisent cette histoire, des reflets de la culture de notre auteur, Roméo et Juliette de Shakespeare, ainsi d’Hamlet puis Pénélope Héroïne de L’Odyssée, Le portrait de Doriane Gray d’Oscar Wilde, Faust de Goethe, Pierre Loti écrivain français et tant d’autres constellent l’érudition occidentale de Yakup Kadri Karaosmanöglu.
Dans ce milieu assez bourgeois d’Istanbul Leïla jeune fille turc gâté par ses parents respirent la liberté de vivre sa jeunesse dorée avec les officiers Britanniques, Français, artistes russes, hommes d’affaires américains. Les sentiments se crispent aux humeurs des convives et de leur jalousies rythment avec emphase la mélodie harmonieuse de cette histoire mondaine aux décors sombres d’une Turquie face à son destin historique celui de son indépendance occidentale. Anatolie est un décor lointain, cet écho profond du mouvement national…
Certains faits historiques et noms incrustent ce roman comme un témoignage poignant de la situation ottomane, une vraie satire sociale et culturelle.
Leïla, cette jeune héroïne Turc cristallise autour d’elle la mondanité nouvelle d’Istanbul, cette cours joue les plaisirs les plus délicieux, les joies nocturnes des soirées, des diners avec les occupants occidentaux. Chaque protagoniste de ce roman exprime l’humeur de cette période avec ce flegmatique capitaine Gerald Jackson Read, bourreau des cœurs au visage d’ange, le Major Will, homme à femmes assez malotru organisateur de fêtes mondaines, l’officier Marlow au mœurs pédérasties et tous les personnages secondaires tel la jeune autochtone Nermin amoureuse de la pétillante journaliste américaine Fanny Moore, Mme Jamson, mondaine Turc reniant ses origines en disant « Etre turque, un scandale inouïe, une tare irrémédiable » . Et Necdet cousin et fiancé de Leïla ennemi des anglais et souverain de l’âme de son pays, ses monologues ajustent la pensée de notre auteur de la décadence de l’occident et de la misère de son peuple.
Yakup Kadri Karaosmanöglu s’amuse des clichés occidentaux ornant ce roman comme la vision de la femme orientale devant être pour les Français « Des poupées rutilante d’or et pierre précieuse », il égratigne le prestige anglais en les nommant « Perfide Albion », nom antique de la grande Bretagne et cette anecdote ironique sur leur prestige incontournable dans les mots du Capitaine Jackson Read touchant même les sauvages d’un contrée inconnue, la mégalomanie stoïque des britanniques.
La lecture est une douce musique comme celle de cette époque passée où les mots tintent une note nouvelle, l’amour oscille les battements de cœur de ces jeunes prisonniers de leur choix culturel, de leur orientation sexuel, du plaisir de charmer l’assistance. La décadence tourbillonne les âmes comme les bulles de champagne ivre de leur gaité enivrante.
Un roman complet, au soupçon historique, une romance orientale belle et passionnée, la fièvre enflammée des tourments du cousin de Leïla embrasse avec légèreté les sentiments de nos deux cœurs opposés l’un pour sa Turquie et l’autre pour le rêve occidentale.
Leïla fille de Gomorrhe demeure un vrai plaisir de lecture, la justesse des mots, la précision des faits et l’intrigue romanesque entre chassé-croisé amoureux et jalousie.
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C'est là une belle trouvaille des Editions Turquoise !
Leïla fille de Gomorrhe nous transporte dans une Istanbul conquise, contrainte à la cohabitation.
A l'époque où un goût pour l'orientalisme submerge l'Europe, les officiers anglais et français en place dans le quartier de Péra se laissent porter de festins en bacchanales au gré de leurs amours. Les apparences et le faste sont des priorités dans ce milieu aisé, et nous nous faisons témoins des émois, vicissitudes et déconvenues des personnages. Les natifs du pays sont tiraillés entre fascination et répugnance, opportunisme et déchéance.
Leïla, jeune beauté fortunée, se complait avec innocence dans les mondanités de Péra, en tout point sûre de ses charmes. Amourachée d'un officier anglais et fiancée à un natif, elle se lance dans un ballet courtois, passant de l'un à l'autre selon son bon gré. Leïla est à l'image de son pays, et semble agir en mimétisme avec les événements historiques.
D'un style fluide et poétique, Yakup Kadri Karaosmanoglu nous dévoile les dessous de l'occupation, nous donnant l'occasion de découvrir la psychologie de ses personnages au fil des pages.
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Suite à la défaite de l'empire Ottoman dans la Grande Guerre, İstanbul * est occupée par les armées Alliées. Les britanniques surtout sont omniprésents, se pavanant en pays conquis, foulant au pied culture et traditions, répandant leur vice avec nonchalance. La société turque elle, fait face tant bien que mal à cette humiliation, tiraillée entre haine et opportunisme. Devenue une société de paraître, la haute bourgeoisie se répand en mondanités qui rappellent, en plus épicées, celles toutes Victoriennes des Austen et consort.

C'est dans ce milieu en plaqué or que la vénéneuse Leïla affole les passions. Jeune, riche et jolie, elle brille de mille feux alternant cajoleries et bravades comme une enfant capricieuse. Sa personnalité est un curieux mélange entre la frivolité d'une Lydia Bennett et la froideur manipulatrice d'une Scarlett O'Hara. Mais à trop s'approcher des flammes on finit par se brûler les ailes...

Ce roman a été pour une moi une vraie bonne surprise. L'écriture est fluide et travaillée, on sent que malgré sa publication récente le roman a été écrit au début du XXᵉ siècle. J'y ai retrouvé tout ce que j'aime dans la littérature classique, une intrigue réaliste exempte de rebondissements exagérés, un bel équilibre entre les événements historiques et l'histoire de l'héroïne, et surtout une narration imagée qui accentue en finesse la référence à Sodome et Gomorrhe. Vraiment, quelle riche idée des éditions Turquoise que de redonner vie, plus de 80 ans après sa parution en turc, à l'oeuvre de Yakup Kadri Karaosmanoglu !

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* En turc il existe deux i : le i avec un point qui se prononce comme le i français, et le ı sans point qui se prononce entre i et é. İstanbul s'écrit donc convenablement avec un İ et non un I.
Lien : http://www.labiblidekoko.clu..
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J'ai lu « Leila fille de Gomorrhe » de Yakup Kadri Karaosmaoğlu, traduit par René Marchand et paru aux éditions Turquoise dans la collection Écriturques en 2009.
L'histoire se déroule à Istanbul dans les années 1920 sous l'occupation par les pays alliés (Angleterre, France et Italie) après la défaite de l'empire Ottoman dans la Grande Guerre.
Leila, jeune, innocente, belle et riche stambouliote tombe sous le charme ensorcelant de cette nouvelle vie mondaine du beau quartier de Péra.
Pourtant fiancée à Necdet, Leila ne se prive pas de papillonner et flirter avec le capitaine Gerald Jackson Read. Leila fait partie de ces stambouliotes aisés qui sont fascinés par l'Occident et aspirent à s'occidentaliser, contrairement à ceux qui comme Necdet nourrissent une haine viscérale envers les ennemis occupants et sont de fervents nationalistes qui soutiennent la guerre de libération menée par Mustafa Kemal en Anatolie.
Les officiers sous le charme de l'Orient ne savent plus où donner de la tête, ils virevoltent de soirée en soirée, batifolent, badinent, s'adonnent avec excès au plaisir de l'alcool et de la chair, profitent de tout ce qu'Istanbul peut leur offrir. Ils mènent la danse dans l'obscurité de la nuit qui sous son grand voile noir cache tous les vices.
Quel sera le destin de la belle Leila ? Sortira-t-elle indemne de ce jeu ou y laissera –t-elle des plumes? Qu'adviendra-t-il de la belle Istanbul ? Se laissera-t-elle consumer à petit feu par l'ennemi ?
Un roman sur fond historique qui donne beaucoup d'authenticité au récit et où la référence à Sodome et Gomorrhe prend tout son sens.

Lien : https://www.instagram.com/le..
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La lecture de ce roman reçu dans le cadre du jeu Masse critique de Babelio s'est faite avec plaisir. L'écriture est élégante, agréable. Elle est raffinée. Je l'ai beaucoup appréciée. Quant aux thèmes évoqués, ils sont, pour moi, d'un grand intérêt. C'est la passion amoureuse et ses tourments; c'est la dislocation de l'Empire ottoman et ses conséquences c'est à dire l'occupation des lieux par les vainqueurs – anglais, français et grecs; c'est leur cohabitation avec les populations locales; c'est l'humiliation subie; c'est la supériorité affirmée; c'est la rencontre des imaginaires, des représentations, des stéréotypes donc des déceptions et des désillusions; c'est enfin la contestation des forces étrangères. Ecrit à l'heure de la construction de la Nation turque, la dénonciation de ces dernières ne peut surprendre. le roman les évoque tels des perfides qui souillent le pays à son contact, transportant avec eux des comportements et des valeurs controversés, le titre en témoigne. Il y a, enfin, dans ce roman, les traces d'une influence française: j'ai pensé, pendant la lecture, à Maupassant, je ne saurais dire pourquoi. J'ai donc forcément apprécié. Je le conseillerai.
Lien : http://kanimezin.unblog.fr/2..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dans une incessante évolution où notre âme poursuit à notre insu sa formation, toujours plus complète mais toujours inachevée, il arrive qu'en l'espace d'un moment, parfois sous l'influence de certaines émotions, nous embrassions par elle toute notre vie déjà passée, en en percevant tout à coup le sens qui nous avait jusqu'à là échappé. Il ne restait rien en lui des révoltes et des indignations de toute à l'heure. Il se sentait au contraire envahi par cette philosophie sereine et détachée à laquelle se résigne l'homme qui a goûté à toutes les joies et qui a connu tous les maux. Ce n'était plus de la douleur ni de la souffrance qui montaient en lui. Ce milieu qu'il avait ressenti avec ses nerfs ne lui apparaissait plus à présent que comme un phénomène d'ordre sociologique.
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La civilisation occidentale y a déversé tous ses rebuts. Un homme dont la conscience n'est pas encore complètement étouffée ne peut plus y respirer. Avec ses bottes maculées de boue, l'ennemi a pénétré dans nos demeures, il s'est glissé jusque dans nos lits, il nous a pris sous nos yeux nos femmes, nos maitresses, nos sœurs encore vierges, il a éveillé la convoitise malsaine de la femme pour la femme, de l'homme pour l'homme, et ajouté aux tourments dont est faite le vie le poison des voluptés anormales. Vous résistez encore. Vos rues seules sont témoins de leurs dérèglements. Vos maisons tiennent toujours comme des forteresses assiégées. De notre côté, hélas, elles sont toutes tombées les unes après les autres.
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Certaines passions nous enlèvent au point de faire de nous des héros ; d'autres au contraire nous précipitent jusqu'au tréfonds de la plus dégradante bestialité.
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Bouffonnerie et tragédie, ces deux antithèses ne contenaient-elles pas définitive toute l'humanité ? Et cette maison en liesse dont le maitre se mourait n'en apparaissait-elle pas comme le déconcertant symbole?
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Notre religion ne connait pas la confession.
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