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Critique de FabtheFab


Salama Kassab a grandi à Homs, elle a dix-sept ans, elle voulait obtenir son diplôme avec mention et devenir pharmacienne à l'hôpital Zaytouna. Lors du printemps arabe, le peuple a lancé un appel à la liberté réprimé dans le sang par la dictature. Son père et son frère ont été arrêtés par l'armée lors d'une manifestation et sont emprisonnés à la prison de Saidnaya près de Damas et probablement torturés. La maison familiale a été bombardée et sa mère a succombé.

Néanmoins, le vieux Homs reste sous le contrôle de l'Armée syrienne libre, le mouvement d'opposition à Bachar el-Assad. Aussi Salama vit-elle chez son amie d'enfance et belle-soeur, Layla, la femme de son frère Hamza, enceinte de sept mois ; Salama a promis à son frère de veiller sur Layla et de la protéger. Salama travaille à l'hôpital ou elle aide le chirurgien, le docteur Zied, à tenter de sauver des vies des nombreux blessés de la guerre.

Un jour, un jeune homme, Kenan Aljendi, vient la chercher pour sauver sa petite soeur, Lama, d'un morceau de shrapnel dans le ventre… Kenan est le fiancé que sa famille lui avait choisi.

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Zoulfa Katouh est venue à Paris pour le lancement de son roman, Tant que fleuriront les citronniers, qui est un énorme phénomène d'édition, il est présent partout sur TikTok et Instagram. Zoulfa Katouh est canadienne d'origine syrienne et elle vit actuellement en Suisse.

Dans le roman, une jeune femme Salama perd toute sa famille à Oms. C'est un texte très dur et émouvant. Zoulfa Katouh a étudié en Suisse depuis 2017 et elle a pris des cours d'allemand dans une école de langue avec des jeunes du monde entier, elle s'est aperçue que les Européens connaissaient peu ce qui se passait en Syrie. C'est pourquoi elle a voulu raconter l'histoire de son pays d'origine dans ce roman pour les adolescents déjà traduit en 22 langues.

“C'est la magie des livres de pouvoir toucher le coeur des gens.” dit-elle.

Devenir réfugié n'est jamais un choix, c'est quitter tout ce que l'on est, sa maison, son histoire, sa culture. Ne pas partir, c'est mourir et partir, c'est peut-être rester vivant. Ce roman veut aussi donner chair à des personnages au-delà des actualités souvent déshumanisées.

Il y a aussi une romance dans la tradition musulmane. Zoulfa Katouh parle même de « romance hallal ». Elle a voulu montrer les traditions dans le monde musulman pour que les adolescents musulmans soient fiers de leur culture et de leur héritage. Mais aussi que le monde puisse connaître autre chose que le modèle véhiculé habituellement dans les médias, les opinions publiques et les réseaux sociaux.

Chaque personnage est une image symbolique de la révolution. le titre de sa première version était Quand vous lirez cela, je serai morte, et tout le monde lui a dit que c'était trop pessimiste ; aussi elle a mis de l'espoir en introduisant le personnage de Kennan et une romance.

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Il s'agit d'un best-seller qui est maintenant traduit en France. Zoulfa Katouh décrit la guerre en Syrie et afin de mieux en montrer toute la violence et l'horreur, elle place son héroïne dans un hôpital dans le service de chirurgie dans lequel cette jeune femme voit arriver tous les blessés, tous les mutilés, tous les mourants et tous les morts de l'effroyable répression de Bachar el Assad en Syrie. Zoulfa Katouh peut ainsi montrer les atrocités, notamment sur les enfants.

Elle ajoute la description du stress post-traumatique de certains personnages et les mécanismes de défense que les survivants mettent en place pour se protéger face à l'horreur de leur quotidien, dont les hallucinations.

La guerre est montrée du seul point de vue des victimes de manière manichéenne sans que l'histoire de la Syrie soit expliquée, notamment sur la diversité des mouvements de résistance à Bachar el Assad et la montée du terrorisme islamiste avec les Frères musulmans. Enfin, Zoulfa Katouh montre une jeune héroïne musulmane pratiquante et observante, notamment sur le hijab et ce, même dans les circonstances les plus exceptionnelles - après la tentative de viol ou après le naufrage du bateau de migrants vers l'Italie en pleine mer Méditerrannée.

Zoulfa Katouh apporte enfin un témoignage bouleversant sur l'émigration forcée et les réalités du statut de réfugié, un témoignage nécessaire en cette période de repli sur soi et de débats politiques visant à restreindre le droit d'asile pourtant soumis à la Convention de Genève et donc au droit international.
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