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Critique de Sachenka


J'ai bien aimé ce recueil de nouvelles de Iouri Kazakov. Il s'agit d'un auteur russe du milieu du 20e siècle, peu connu. Je ne peux pas dire que ces nouvelles sont particulièrement mémorables, mais il s'en dégage un petit quelque chose qui les rend précieuses. Je crois que ce sont des histoires qu'on apprécie surtout au moment de la lecture, elles laissent une impression, en tous cas. En effet, même si elles sont de facture réaliste, le ton et le style de l'auteur leur donne une sorte de poésie, presque de magie. C'est ce qui fait que, même s'il n'y est pas question de gestes héroïques, ô que non, on peut les apprécier. Kazakov a le don de s'attarder et de nous intéresser aux détails de la vie quotidienne, qui peuvent paraître insignifiants mais qui ont leur importance.

Dans « Ce Nord maudit », il raconte le quotidien, le destin de ces hommes qui vivent là-haut, dans le Nord. On est loin des grandes villes comme St-Petersbourg ou Moscou, loin aussi de ces riches campagnes de l'Ukraine. Avant de lire ce recueil, Mourmansk, Arkhangelsk, la Carélie, ce n'étaient que des noms dans un atlas. Les hommes et les femmes (même si on parle peu d'elles) y mènent une rude vie. Mais, en même temps, c'est là que se trouve l'aventure et, un peu, la liberté. Qui ne rêve pas de se rendre au bout du monde, de quitter la terre ferme pour s'exiler un moment sur un chalutier ? Explorer la mer Blanche ou la mer de Barents.

Là, on est entouré par la mer, bercé par ses vagues. Oui, il y a l'odeur du poisson, de l'huile de morue, du sel, mais ça fait partie du lot. Et on s'y habitue. Tellement que ce sont les escales dans les petits villages qui deviennent étranges. Là, dans les bars où l'on boit la vodka, on peut se défouler via une partie de football, rencontrer des étrangers de passage ou bien écouter des anecdotes, des histoires passées de génération en génération. On peut même voir les rennes passer, suivis par les Nénets, qui vivent en transhumance avec ces animaux. Certains s'y plaisent et acceptent de rester dans des kolkhozes (des coopératives) à cultiver un potager ou s'occuper d'un cheptel. Même cette vie de subsistance a ses mérites.

Tout ce Nord, même s'il peut être terrible, est fascinant. le narrateur de la dernière nouvelle de ce recueil, « Journal du Nord », l'explique bien à la fin. « Ainsi le soir, dans ma tiède maison de l'Oka, j'évoque le Nord. Et l'on dirait qu'entrent en moi Popov le mécanicien, Malyguine le maitre d'équipage, le commandant Joukov, Kotsov le pêcheur, et Pulchérie Ieremeïevna, et les Nénets, tous ceux qui figurent dans mes notes et ceux dont je n'ai rien dit, héros silencieux qui luttent toute leur vie contre une nature cruelle. »

Kazakov y croit à ce nord, il l'aime. Son dernier narrateur continue. « Je regrette de ne pas avoir parlé de bien des choses, d'en avoir beaucoup laissé passer, de très importantes, peut-être. Je veux retourner là-bas. Car le Nord commence seulement à vivre, son ère n'en est seulement qu'à ses débuts. Cette ère, nous la verrons, elle éclatera et fleurira de toute la puissance accessible à une époque comme la nôtre. » Décidément, je devrai lire les autres romans de cet auteur russe pas comme les autres.
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