Fae

Je ne la reverrai plus jamais. Plus jamais… Je dois vivre sans elle. J’ai l’impression que je vais brûler vif, que la douleur va m’étouffer, que mon corps va tomber en cendres.
Ils ont tué ma femme.
Ils ont causé la mort de mon enfant.
Ils ont détruit nos vies.

Il m’attend. Moi. En cet instant, je suis le centre de son attention et ce n’est pas pour me déplaire. C’est même flatteur, j’ai l’impression de ne plus être invisible.

Maintenant, je suis prête à trouver les réponses aux questions qui me hantent depuis des années.
Je prends mon envol tant que je respire encore.
Et le temps m'est compté, parce que je vais mourir.

Bientôt.

Beaucoup de Faes coupaient le haut des oreilles de leur bébé à la naissance pour les faire passer pour humains et leur éviter une vie d'esclavage, mais la plupart mourraient des suites de ces mutilations désespérées.

- Tu as brisé ma solitude multicentenaire. Tu l'as dévastée, même, et je crains d'avoir à y retourner un jour. Tu es une boule de feu dans un ciel sans étoiles. Alors pardonne-moi si je ne suis pas doué pour m'exprimer, je suis un peu décontenancé.
Je ne peux retenir un sourire.
- Je trouve au contraire que tu es particulièrement doué pour les mots. Ceux que tu as dits étaient très beaux.

Tu es une boule de feu dans un ciel sans étoiles.

Il me reprend sur ses épaules et repart en direction de ses bateaux.
Je me trémousse, je gigote, je prétends ne pas être à mon aise. Sous mon poids, même s'il me maintient fermement, il vacille, chancelle, trébuche, m'ordonne de rester tranquille. Espère-t-il sincèrement que je vais lui obéir ? Est-il naïf à ce point là ? Je n'espère pas pour lui, sinon il n'ira pas loin dans la vie, ce pauvre garçon.

e ne connaissais pas le tiraillement d’un coeur qui tombe amoureux, ni la douceur d’un baiser, ni la fougue ardente de deux corps qui se désirent.