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Critique de MartinEden87


« Être bien tout seul, être seul et heureux, cela n'a rien à voir avec un mépris des humains ni avec l'égocentrisme : c'est le signe clair de la liberté. La maturité commence lorsqu'un individu se sent auteur et responsable de son existence, lorsqu'il ne demande pas aux autres de le rendre heureux, lorsqu'il n'accuse pas systématiquement les autres de ses propres faiblesses et insuffisances. »

Nos sociétés ont transformé la solitude en une tare, un stigmate honteux d'une inadaptabilité sociale. Alors qu'un individu ne peut s'émanciper et mûrir que par un travail d'introspection. Et qui dit introspection dit forcément : silence, recueillement et solitude. Pas nécessairement dans une retraite à la campagne. Mais le simple fait de prendre du temps pour soi, plusieurs minutes ou heures par jour, pour se recentrer sur soi-même, c'est se rendre service et rendre un service aux personnes qui interagissent avec nous.

Or, tout est fait de nos jours pour maintenir nos sens dans un état d'éveil et d'abêtissement constant (cf. La fameuse recherche de « Temps de cerveaux disponibles » ) dans des loisirs de masses où l'on recherche, vainement, la moindre singularité et élévation.
L'être collectif rejette toujours ses manquements, faiblesses sur les autres. Là où l'être solitaire assume pleinement ses erreurs.
« Finalement, notre appréhension de la solitude, notre volonté de la combattre ou de la déprécier seraient le signe d'une permanente lâcheté, d'une peur à frayer son chemin particulier. »

Dans « L'esprit de solitude », Jacqueline Kelen démontre non seulement que la solitude est libératrice, mais qu'elle est source créatrice. Aussi bien artistes, philosophes, mystiques… Tous y ont eu recours. Car seule la solitude génère la création, l'avant-garde, permet de penser hors des cadres établis. Elle est transgressive par essence, ce qui explique pourquoi elle est tant décriée.

Au-delà de la thèse de l'essayiste que l'on peut difficilement rejeter d'un revers de main, c'est un ouvrage riche et érudit. Mais dont la teneur mystique ne parlera pas à tous. L'auteure se prête à un exercice de mythologie comparée particulièrement intéressant. Elle replace d'ailleurs la valeur du mythe comme récit initiatique « le mythe n'est pas d'ordre moral, il est initiatique. Il ne s'enferre pas dans des considérations existentielles, il a pour sens d'éveiller chacun à une sur conscience. »
Voilà pourquoi, dans nos sociétés hyper connectées, la moindre oeuvre au récit initiatique est taxée de simpliste, déjà vu, suranné. Cette incompréhension du mythe par ces êtres collectifs n'est en rien surprenant. Ils se retrouvent face à un cheminement, une quête solitaire à laquelle ils ont renoncé par conformisme et lâcheté. Ils ne peuvent que la railler avec cynisme.
Un livre à destination de ceux qui veulent éveiller leur conscience.
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