AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'esprit de solitude (63)

A vivre seul, au moins quelques années, on apprend à passer du besoin qui ligote au désir et au rêve qui ouvrent grand l'espace en soi et autour de soi. A vivre seul, on apprend à choisir ses relations au lieu de les supporter, de s'en accommoder. Sauvage et sociable tout à la fois, l'individu solitaire ne se croit pas obligé d'aller à des repas de famille, de participer à des fêtes dont les convives l'ennuient. Et de cela il ne se sent nullement culpabilisé parce qu'il est en accord avec ce qu'il fait. Se tenir en solitude,c'est chérir une situation propice à inattendu, à l'incroyable dont les tableaux de Van Eyck et de Brueghel esquissent l'apparition. C'est se vouloir disponible, absolument; et non disponible pour quelque chose, en attente de quelqu'un. Se tenir dans la fraicheur du commencement. C'est donc un état émerveillé.
Commenter  J’apprécie          1030
Les épousailles avec soi, dans le secret d'une solitude fertile, permettent une alliance avec l'autre qui ne portera pas atteinte à l'intégrité de chacun. Mais tant que l'individu cherche à l'extérieur celui qui le complètera, qui répondra à ses manques, il ne pourra que nouer des relation intéressés ou précaires, il fera un mariage bancal. Lorsqu'il s'est mis au monde, lorsqu'il se sait entier, il envisage avec les autres des liens sous le signe de la liberté et de la gratuité. On ne veut posséder l'autre que si soi-même on se sent incomplet. D'une façon féroce, René Daumal a analysé la situation dans La Grande Beuverie, par l'intermédiaire de "la grande voix derrière les fagots". Voici ce qu'elle dit, la voix: "Quand il est seul, le microbe (j'allais dire "l'homme") réclame une âme sœur, comme il pleurniche, pour lui tenir compagnie. Si l'âme sœur arrive, ils ne peuvent plus supporter d'être deux, et chacun commence à se frénétiser pour devenir un avec l'objet de ses tiraillements intestins. N'a pas de bon sens: un, veut être deux; deux, veut être un."

Le geste naturel au sentiment amoureux est de toucher, de prendre, bientôt d'accaparer. Beaucoup s'imaginent que l'amour va mettre fin à leur solitude alors que c'est la solitude qui permet l'éclosion et la durée de l'amour.
Les uns vivent en couple dés qu'ils quittent leurs parents, les autres se précipitent dans les aventures toujours décevantes, d'autres sortent sans arrêt pour rencontrer quelqu'un, en fait pour ne pas se retrouver seuls: tous, à leur manière, croient briser ou conjurer leurs solitudes, mais ce besoin des autres, ce besoin d'être à deux va aggraver plus encore leur sentiment d'isolement. Bien sur, tout l'environnement social, les joyeuses familles et les couples satisfaits sont là pour asséner à l'individu qu'être seul c'est vivre mal, c'est vivre à moitié. Peu rétorquent qu'à vivre toujours ensemble on devient l'ombre de soi-même et que d'un autre point de vue "deux est la moitié d'un".
Commenter  J’apprécie          650
Souffrir de la solitude, mauvais signe; je n'ai jamais souffert que de la multitude. (Nietzsche)
Commenter  J’apprécie          490
La vie solitaire d'un penseur, d'un artiste, d'un ermite est un engagement, jamais une solution.L'expérience de solitude s'avère indispensable à tout être qui veut conquérir ou sauvegarder sa liberté; en ces heures privilégiées, l'individu n'est plus cet homme moyen, mécanique ou "neuronal", cible facile des sondages, de la mode et des médias; il s'éprouve être unique, oiseau rare. Il se distingue. De là on qualifiera de pensée aristocratique toute célébration de la solitude alors que celle-ci est bien moins dédaigneuse qu'exigeante, dénotant une vigilance rebelle. Résister à la facilité comme à la résignation, demeurer discret sinon secret, ce sont là de beaux titres de noblesse. Il faut un courage constant, une passion tenue, comme on dit d'une note ou d'un pari, pour oser être soi, pour ne pas renier ses valeurs ni ses rêves.

Le besoin de reconnaissance apparait bien comme le talon d'Achille de tout individu. Il explique que, pour se sentir compris ou acceptés, la plupart des hommes préfèrent renoncer à leur liberté, à leur singularité. Le véritable solitaire ne cherche ni à plaire ni à être réconforté. Sa grande force vient de ce qu'il n'est point troublé par les agissements et les opinions du monde: quand on vit seul, on ne donne pas prise, on ne se situe plus par rapport au général mais par rapport à l'absolu.
Commenter  J’apprécie          470
Le chemin intérieur est toujours solitaire et ensoleillé.
Il requiert une vigilance de chaque instant.
Pour voir et entendre les signes qu'offrent le ciel et la vie.
Pour accepter ou saisir les invitations, les cadeaux, les mains tendues.
Commenter  J’apprécie          350
Beaucoup s'imaginent que l'amour va mettre fin à leur solitude alors que c'est la solitude qui permet l'éclosion et la durée de l'amour.
Commenter  J’apprécie          280
Faut-il le répéter ? La liberté de pensée ne se trouve ni à droite ni à gauche ni même dans l'anarchisme. Elle ne loge dans aucune religion, dans aucun système politique ou philosophique, pas plus dans l'athéisme que dans la laïcité. Tout cela représente des robes, des voiles et des attaches et Pensée va toute nue, tel le jeune François d'Assise abandonnant entre les mains de l’évêque les vêtements par lesquels le prélat voulait le retenir afin de le remettre dans le chemin balisé de la droite raison. Or la liberté n'a pas raison mais elle va son allure, impertinente, juvénile, elle déjoue la barbarie comme l'esprit de productivité, l'imposture intellectuelle comme la facilité. Elle est dans ce refus de tout conditionnement et de toute appartenance, elle se trouve dans la ville et dans le désert, elle passe tel un vent dans la forêt, une tempête sur la demeure provisoire. Elle n'a pas de dévots, elle n'a pas de suiveurs mais seulement des relais. On ne voit guère ses progrès dans la conduite des hommes mais elle avance, seule. Elle n'a pas de famille, de clan ni de parti, elle ne regarde jamais son visage et les années glissent sur ses épaules de jeune fille. Elle ne veut rien prendre mais tout dénouer. Elle avance mais on ne la remarque pas; elle est si nue, tandis que les passants sont engoncés dans leurs croyances, dans leurs principes. Elle est nue, elle va son chemin, elle ne requiert nulle acclamation.
Commenter  J’apprécie          240
Aimer quelqu'un, c'est honorer sa solitude et s'en émerveiller. En fait, il s'agit de choisir entre devenir un et demeurer unique.
Commenter  J’apprécie          230
«Chaque individu perd en intensité ce qu'il acquiert en sécurité.»
Commenter  J’apprécie          230
Dès qu'on a le gout de l'intelligence, la passion de l'étude, on se retrouve immanquablement seul. Dès que l'on a soif de nouveau, d'originalité, on s'éloigne de la collectivité humaine, des gros remous et des menus plaisirs du monde. On se tourne vers soi, vers le silence et vers les livres. Vers tous ceux qui, avant nous, ont pensé. Plus tard, on rencontrera d'autres esprits profonds, on conversera avec des amis sans essayer de les convaincre, sans vouloir réduire la diversité des points de vue. La solitude apprend à affermir sa propre pensée et à s'ouvrir à celle des autres.
Commenter  J’apprécie          190






    Lecteurs (393) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

    Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

    amoureux
    positiviste
    philosophique

    20 questions
    853 lecteurs ont répondu
    Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

    {* *}