AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Epictete


Agnès Magnusdottir, après une enfance difficile en Islande, s'est trouvée mêlée à une sombre affaire de meurtre d'un gourou nommé Natan, sorte de Raspoutine local.
Elle est condamnée à mort et, après un séjour dans des prisons peu sympathiques, elle doit attendre la date de son exécution en tant que domestique dans une famille de la campagne profonde islandaise, celle du représentant légal du canton.
Margret, la femme de Jon, le policier, va d'abord recevoir celle qu'elle considère comme une charge insupportable avec beaucoup de réticence puis va doucement comprendre et accompagner cette jeune femme dans le malheur et dans la situation insupportable à laquelle elle est confrontée.
Les filles de la maison vont avoir des réticences très différenciées, de l'horreur et du rejet pour l'une, ou de l'admiration pour l'autre.
Quant au sous-révérend Thorvardur, désigné pour accompagné spirituellement Agnès jusqu'à ses derniers instants et la ramener dans le chemin de Dieu, il va s'investir au-delà de certaines de ses limites pour aider sa protégée à surmonter l'épreuve.

Ce roman écrit dans un langage agréable et relativement rythmé offre à certains moments beaucoup de poésie descriptive, même quand il s'agit des traitements plus ou moins inhumains infligés aux prisonniers (p.55). On y trouve des passages très émouvants, brillamment écrits comme la mort de la mère adoptive (p. 152).
Ce livre nous présente une Islande inattendue –Autre temps, autres moeurs !
C'est en réalité un portrait étonnant des conditions de vie dans ces régions au début ou au milieu du 19ème siècle. Outre les conditions de vie particulièrement précaires de ces paysans dans leurs fermes isolées pendant des mois en hiver, on se trouve confronté à la présence harcelante, tout au long du roman, des corbeaux qui génèrent de nombreuses superstitions locales. On lutte de même, contre la crainte des créatures du diable, c'est-à-dire de tout ce qui peut être hors normes.
Mais cette description très enrichissante n'est pas le fond de l'histoire. Il y a dans ce récit une peinture effrayante mais pourtant encore actuelle des mécanismes policiers et de justice basés sur les convictions des enquêteurs. de plus, certaines analogies sont émouvantes, entre le sort réservé aux moutons que l'on va abattre et le sort de la prisonnière qui attend la date de son exécution à la hache et dont l'échéance ne peut que se rapprocher.
Cependant, une autre question est posée au fil de la lecture : Comment la société peut-elle se cacher derrière la justice de Dieu pour appliquer sans scrupules celle des hommes.
Peu importe que ce livre soit écrit par une australienne et qu'il concerne l'Islande, si l'on veut bien le lire avec un peu de recul, il pose de nombreuses questions autour de la police, de la justice, du pouvoir, des religions et de la peine de mort.
C'est pour moi une découverte littéraire. Sans Babelio et « Les presses de la Cité » à travers la masse critique de mai, je ne suis pas sur que j'aurais acheté ce volume.

Quelle erreur !!!
Commenter  J’apprécie          220



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}