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EAN : 9782258104501
400 pages
Presses de la Cité (15/05/2014)
4.14/5   383 notes
Résumé :
Dans le nord de l'Islande, en 1829, Agnes Magnúsdóttir est condamnée à mort pour l'assassinat de son amant, Natan Ketilsson. En attendant que la sentence soit exécutée, Agnes Magnúsdóttir est placée en résidence surveillée à Kornsá, dans la ferme de l'agent de sécurité du canton, Jon Jonsson, avec sa femme et leurs deux filles. Horrifiées à l'idée d'héberger une criminelle, les membres de la famille évitent tout contact avec Agnes, qui leur inspire autant de peur qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (146) Voir plus Ajouter une critique
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Attention : gros coup de coeur !
En ouvrant ce livre, vous allez littéralement être plongés en Islande dans les années 1800, vous allez habiter une maison humide et venteuse, vous allez vous réveiller le matin avec du givre sur vos draps, vous allez porter des couches et des couches de vêtements sans jamais pouvoir éloigner le froid de votre corps, vous allez souvent avoir faim, vous serez tout le temps ou presque dehors, dans le vent et le brouillard, vous allez devoir faucher pendant des heures, traire les vaches, tondre les moutons, aller chercher sans cesse des seaux d'eau à la rivière ou réparer des murs en pierre, et lorsque vous serez à l'intérieur, vous allez devoir tisser des kilomètres de cordage ou tricoter sans fin, sans espoir d'une vie différente.

C'est ce que vivent les membres d'une famille et il en est de même pour tous leurs voisins à un détail près : eux doivent accueillir dans leur foyer Agnès, une femme reconnue coupable de meurtre et condamnée à mort. L'île ne possédant pas de prison, c'est au sein de la famille d'un agent de sécurité qu'elle attend la date de son exécution.

Sa venue va bouleverser la vie de cet homme, de sa femme, de leurs deux filles et de leurs domestiques. Ces braves gens n'ont pas le choix, ils savent qu'ils doivent faire leur devoir envers la loi et l'église mais cette présence leur pose un problème de conscience.

J'ai dévoré ces pages, j'ai aimé les descriptions des gestes du quotidien et les paysages.
J'ai été intriguée et passionnée par les réactions de tous concernant la présence d'Agnès, j'ai adoré apprendre à la connaître…et j'ai attendu la fin avec l'espoir d'une fin moins inéluctable que celle annoncée.
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Gros coup de coeur !
Quand A la grâce des hommes m'a été proposé dans le cadre d'une opération Masse Critique privilège, je ne pensait pas faire une si magnifique découverte. Ce roman qui se déroule dans l'Islande du XIXème siècle met en scène Agnes Magnùsdottir, servante de son état et condamnée à mort pour le meurtre de son amant. Ce pays froid et austère est dépourvu de prison. Pour purger sa peine en attendant la mort, la captive est envoyée dans une famille de fermiers qui la rejette dès son arrivée, horrifiés par le crime qu'elle a commis et les bruits qui courent sur son compte. La seule personne qui accepte d'adresser la parole à la meurtrière est le révérend Toti qui a été choisi pour lui montrer le chemin de la rédemption. Se condamnant au silence dans un premier temps, Agnès va révéler peu à peu plusieurs facettes de sa personnalité. Femme intelligente sachant lire et écrire, dotée d'une capacité d'analyse supérieure à la moyenne, c'est au moment où elle va commencer à raconter son histoire que l'entourage qui la pointe du doigt va comprendre que la vérité que l'on croit connaître n'est pas toujours exacte...

Voilà une lecture qui m'a carrément rétamée, à tel point que l'inspiration pour en écrire la chronique s'est envolée, ayant du mal dans un premier temps à mettre des mots sur les sentiments qui m'ont habitée au fil des pages tant ils étaient puissants. Hannah Kent nous a dépeint une fresque vivante et vibrante de l'Islande pourtant ce n'est pas l'action qui prime dans l'intrigue mais suivre le quotidien de cette femme, dernière condamnée à mort dans son pays, est bouleversant, j'en ai pleuré! Lire un tel récit fait office de piqûre de rappel sur l'injustice qui règne et a toujours régné quand une personne veut aller au-delà de sa condition initiale, les accusateurs ne cherchent jamais à savoir les faits réels et condamnent des pauvres âmes à mourir pour l'exemple. Je pense que c'est ce qui m'a chamboulée c'est de savoir qu'Agnes a certes été la dernière femme à connaître une telle sentence dans son pays mais de nos jours, combien y a-t-il d'Agnès qui connaissent le même sort à travers le monde? Mickbu, dans son excellente critique nous a interpellés sur ce sujet et je rejoins parfaitement son avis. C'est cette vision du roman qui a contribué à me le faire adorer, j'avais beau avoir le coeur retourné au fur et à mesure que j'avançais dans la lecture, il fallait que je sache jusqu'où la connerie des hommes pouvait aller et une fois de plus, j'ai eu la certitude qu'elle n'avait pas de limite et allait jusqu'à enlever des vies gratuitement simplement parce que la différence d'état d'esprit fait peur et n'a pas sa place dans la société.
Dès sa réception, j'ai dévoré le livre en trois jours, on ne peut pas rester insensible devant un tel récit et quasiment un mois et demi après l'avoir fini, le souvenir de cette lecture est encore bien présent comme si je l'avais achevé hier. L'auteure nous a pondu un véritable bijou, cruel, réaliste alors je vous conseille vraiment de le lire, chacun y trouvera un petit quelque chose dedans qui le touchera.
A lire!
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Cette oeuvre littéraire extrêmement bien rédigée , nous fait vraiment ressentir les émotions des personnages , les paysages ... ce fut pour moi un coup de coeur . A la grâce des hommes est inspiré d'un fait réel en Islande dans les années 1800.
Hannah Kent s'est vraiment bien renseignée et documentée pour écrire un tel ouvrage si poignant .
Agnès jeune fille est accusée à mort pour l'assassinat de son employeur et amant.
Voilà le début de l'histoire ...mais au fur et a mesure des pages ... on va découvrir peu à peu la vie d'Agnès .
Agnès est une jeune qui travaille dans les fermes Islandaises et qui vit modestement hébergée chez les fermiers .Les conditions de travail ainsi que la vie sont rudes .Le climat , la neige ,le vent ne laisse pas de place aux faibles.
Agnès rencontrera Nathan , un homme égoïste , odieux .Par ses belles paroles, lui fera découvrir l'amour ..il lui propose de l'emmener dans sa ferme ou elle sera la gouvernante .....
Malheureusement , Agnès naïve , jeune et amoureuse croirais paroles de cette homme.

Dans les années 1800 en Islande , il n'y a pas de centres pénitentiaires et Agnes qui est condamnée à la peine capitale est hébergée en attendant la date de l'exécution chez une famille d'accueil.
Elle est sous la responsabilité d'un homme de Dieu qui à en charge la préparation d'Agnes au jugement dernier.
Agnès arrive donc dans cette famille ou elle est accueillie avec réticence et ou elle est considérée comme la criminelle.
Au fur et mesure des visites du pasteur , Agnes va se confier et raconter son histoire ....
La famille l'acceptera et aura de l'empathie pour Agnes qui est une jeune fille intelligente ...elle aidera même une voisine à accoucher alors que son bébé se présentait en siège ....Elle a sauver la vie de cette famille.

Je vous recommande ce livre ...je ne connaissais pas l'Islande , ni ses paysages ...
Je vous recommande ce livre car parfois la vie est injuste et ce livre remet les idées en place...surtout quand il est si bien écrit .
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L'histoire se déroule en Islande, au début du XIXème siècle. Agnès Magnusdottir est accusée de complicité pour le double meurtre de Natan Ketilsson, son amant, et celui de Pétur Jonsson. Jugée coupable, la jeune femme, ainsi que ses deux acolytes, est alors condamnée à la peine de mort. Mais en attendant que la sentence soit exécutée, Agnès se retrouve placée dans une ferme, isolée dans la campagne islandaise, à Kornsa. Son arrivée comme domestique chez Jon Jonsson, le policier du canton, et sa femme Margrét est vue d'un mauvais oeil par les gens du coin, qui voient en elle une menace pour leurs enfants et leur tranquillité. Mise à l'écart par la famille, elle va néanmoins trouver une oreille attentive en la personne du sous-révérend Thorvardur Jonsson. Chargé d'aider cette brebis galeuse à retrouver le chemin vers dieu, cet homme bienveillant va tout faire pour comprendre ce qui s'est réellement passé et accompagner de son mieux la jeune femme dans les derniers mois qui lui restent à vivre, afin qu'elle parte l'esprit apaisé…


« A la grâce des hommes » reprend l'histoire vraie d'Agnès Magnusdottir, la dernière femme à avoir été condamnée à mort en Islande, en 1930. Hannah Kent nous livre un portrait contrasté de cette femme aux multiples facettes. Abandonnée à ses huit ans par sa mère, Agnès a dû se construire seule, parcourant l'Islande de fermes en fermes et proposant ses services en échange du gîte et du couvert. Malgré sa basse extraction, la jeune fille fait preuve d'une grande intelligence et d'une volonté redoutable. Son érudition et son désir de réussir afin de s'extraire de sa classe sociale, lui vaudront d'être diabolisée et jugée manipulatrice par ceux qui l'ont connue. le portrait d'une femme froide, calculatrice et insondable se mêle donc à celui d'une femme blessée, vulnérable, évoluant dans un monde violent et impitoyable, dominé par les hommes. Agnès a beau être coupable, on s'y attache dès lors qu'elle nous livre ses failles.


Un roman à l'ambiance sombre, glaciale, qui dépeint une Islande hostile et rude pour ceux qui y vivent. Un climat qui endurcit les hommes, qui ne connaissent que trop le froid et la faim. Je me suis complètement laissée prendre par cette atmosphère oppressante et cette plongée dans les moeurs islandaises. Même si l'issue est connue d'avance, j'ai trouvé le sujet intéressant et bien traité. Les personnages sont bien représentés et les différentes voix des narrateurs qui se font entendre rendent le récit vivant et l'éclairent d'un regard chaque fois différent. Un roman habilement construit donc, qui offre une lecture agréable et particulièrement prenante.


Un grand merci à Babelio et aux éditions Presses de la cité pour cette découverte réalisée dans le cadre de l'opération Masse Critique !
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Un des aspects que j'aime dans la lecture, c'est la possibilité qu'elle nous procure de voyager, dans l'espace et dans le temps.
Avec ce roman, question voyage, j'ai été servie !
Hannah Kent nous emmène dans l'Islande du début du dix-neuvième siècle.
La vie des fermiers y est rude.
J'ai adoré partager le quotidien de ces gens modestes, courageux et attachants.
J'ai vécu dans leurs maisons complètement dépourvues de confort ; il y fait froid et humide, on n'y est pas à l'abri du vent ("J'ai vécu à demi gelée pendant si longtemps que l'hiver semble avoir élu domicile dans ma moelle épinière.").
J'ai dormi avec la maisonnée dans la pièce principale, cette pièce dans laquelle on vit et on dort tous ensemble, sans intimité possible.
J'ai travaillé dur, en toute saison et par tout temps. Je me suis occupée des bêtes et j'ai disputé à une terre aride une maigre subsistance.
J'ai vécu une autre vie, elle était difficile, mais qu'est-ce que j'ai aimé ça !
Mais ce n'est pas tout. Loin de là.
Hannah Kent ne s'est pas contentée de nous immerger dans cette Islande du passé.
Elle a écrit un roman historique dans lequel elle nous raconte la vie d'Agnes Magnúsdóttir, la dernière condamnée à mort islandaise.
En ces temps-là, l'Islande ne possède pas de prison, et c'est dans une famille qu'Agnes va attendre son exécution.
Imagine-t-on couloir de la mort plus cruel ?
Car si la méfiance est au départ de mise des deux côtés, la cohabitation forcée va nécessairement créer des liens entre la "prisonnière" et ses "geôliers".
La vérité n'est pas celle que l'on croit ("Comme la fine pellicule de glace sur l'eau d'un étang, la vérité est trop fragile pour mériter notre confiance."), et va se dévoiler petit à petit au cours d'une histoire haletante, digne des grands polars.
Pour son premier roman, Hannah Kent fait preuve d'un immense talent. Elle s'est inspirée d'une histoire vraie pour construire un récit puissant et très bien rédigé, dans lequel l'émotion monte au fil des pages.
Un très beau livre dans lequel la vie des hommes et la nature sont intimement liées.
Une grande réussite.
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Citations et extraits (106) Voir plus Ajouter une citation
Nos souvenirs sont aussi mouvants qu'un tas de neige poudreuse en plein vent. Aussi trompeurs qu'une assemblée de fantômes s' interrompant les uns les autres. Seule demeure en moi la certitude que ma réalité n'est pas celle d'autrui. Partager un souvenir, c'est risquer d'entacher ma mémoire des faits. (...) Comme la fine pellicule de glace sur l'eau d'un étang, la vérité est trop fragile pour mériter notre confiance.
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Le 30 mai 1829

A l’attention du sous-révérend Thorvardur Jónsson,

Breidabólstadur, canton de Vesturhóp

Mon révérend,
J’espère que cette lettre vous trouvera bien portant et prospère dans votre paroisse de Vesturhóp.
Tout d’abord, je tiens à vous adresser mes félicitations sincères, quoique tardives, pour l’obtention de votre diplôme dans le sud de l’Islande. Vous êtes un jeune homme zélé, apprécié de vos paroissiens. J’étais ravi d’apprendre que vous aviez regagné le nord du pays sitôt vos études terminées, afin de débuter votre aumônerie sous le contrôle de votre père. Savoir qu’il existe encore dans nos contrées des hommes de valeur prêts à servir Dieu et ses fidèles m’emplit d’une joie immense.
Je vous écris aussi aujourd’hui en ma qualité de commissaire de police pour vous demander une faveur. Comme vous le savez, un crime terrible a récemment endeuillé la vie de notre communauté. Les meurtres haineux commis l’an dernier à Illugastadir me paraissent emblématiques, par leur violence même, de la dépravation et de l’impiété qui règnent dans ce canton. En tant que chef de la police du Húnavatn, je ne peux tolérer le moindre débordement de la part de nos concitoyens. Aussi ordonnerai-je l’exécution des meurtriers dès que la Cour suprême de Copenhague m’en aura donné l’autorisation. C’est dans cette perspective que je viens requérir votre aide, sous-révérend Thorvardur.
Vous avez certainement gardé en mémoire la circulaire que j’ai adressée aux membres du clergé il y a presque dix mois, les informant du double meurtre et les invitant à le condamner avec la plus extrême vigueur auprès de leurs paroissiens. Permettez-moi cependant de revenir sur ces événements – pour que vous en ayez, cette fois, une connaissance plus approfondie.
Dans la nuit du 13 au 14 mars 1828, trois individus ont perpétré un acte abject à l’encontre de deux hommes qui vous étaient peut-être familiers : Natan Ketilsson et Pétur Jónsson. Les corps calcinés de Pétur et de Natan ont été retrouvés à Illugastadir parmi les décombres de la ferme de Natan, dont les bâtiments avaient brûlé pendant la nuit. Un examen attentif des cadavres a permis d’y déceler des blessures manifestement infligées dans l’intention de tuer. Une enquête a été ouverte, suivie d’un procès pour homicides volontaires. Le 2 juillet 1828, les trois suspects – un homme et deux femmes – ont été reconnus coupables par le tribunal du canton, présidé par moi-même, et condamnés à être décapités. Comme le prescrit l’Ancien Testament, « celui qui frappera mortellement un homme sera puni de mort ». Ces condamnations ont été confirmées par le tribunal d’appel, qui s’est réuni à Reykjavík le 27 octobre dernier. Le dossier se trouve actuellement à la Cour suprême de Copenhague, qui entérinera, selon toute vraisemblance, les attendus de mon jugement. Le condamné se nomme Fridrik Sigurdsson. C’est le fils du fermier de Katadalur. Les deux femmes, nommées Sigrídur Gudmundsdóttir et Agnes Magnúsdóttir, sont filles de ferme.
Ces trois individus sont incarcérés dans le nord du pays, et y resteront jusqu’à leur exécution. Fridrik Sigurdsson est détenu à Thingeyrar, sous le contrôle du révérend Jóhann Tómasson. Sigrídur Gudmundsdóttir vient d’être transférée à Midhóp. Nous avions prévu de laisser Agnes Magnúsdóttir en détention à Stóra-Borg jusqu’à son exécution mais, pour des raisons que je n’ai pas le loisir de développer ici, elle sera transférée le mois prochain à Kornsá, dans la vallée de Vatnsdalur. A la suite d’un désaccord avec son directeur de conscience, elle a mis à profit l’un des derniers droits qui lui restent pour réclamer un autre pasteur. Et c’est vous qu’elle a désigné, sous-révérend Thorvardur.
Ce n’est pas sans hésitation que je vous confie cette mission. Je suis conscient que vos responsabilités se sont jusqu’à présent limitées à l’éducation spirituelle des plus jeunes membres de votre paroisse – tâche d’une valeur indiscutable, mais de faible portée politique. Peut-être vous jugerez-vous trop novice pour conduire cette femme vers notre Seigneur et son Infinie Miséricorde. Dans ce cas, je ne m’opposerai pas à votre refus. C’est une charge que j’hésiterais à confier à des pasteurs chevronnés.
Si toutefois vous acceptiez de préparer Agnes Magnúsdóttir à sa rencontre avec le Seigneur, sachez que vous devrez vous rendre régulièrement à Kornsá si les conditions climatiques le permettent. Là, il vous faudra dispenser la parole de Dieu à la condamnée, lui inspirer du repentir et l’amener à accepter la justice des hommes. Ne laissez pas, je vous prie, l’orgueil ou la sympathie – s’il en naissait entre vous et cette femme – guider vos choix. Quoi qu’il arrive, mon révérend, si vous doutez de votre propre jugement, quêtez le mien.
J’attends votre réponse et vous saurais gré de la confier à mon messager.

Le commissaire de police du canton
Björn Blöndal
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– Si j'étais jeune et simplette, croyez-vous que la police et les juges auraient pointé le doigt vers moi ? Non. Ils auraient accusé Fridrik. Ils auraient dit qu'il nous dominait, qu'il nous a forcées à tuer Natan pour mettre la main sur sa fortune. Toute la vallée savait que Fridrik rêvait de délester Natan d'une partie de ses biens. Mais quand la police m'a interrogée, quand ils ont compris que j'avais la tête sur les épaules, ça ne leur a pas plu. Femme qui pense n'est jamais tout à fait innocente, vous comprenez ? On ne peut pas lui faire confiance. Voilà la vérité, que ça vous plaise ou non, mon révérend !
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« Agnes jeta un regard à la marmite, puis s’affaissa brusquement au sol. Margrét crut d’abord qu’elle avait perdu connaissance – non : elle voulait boire. Penchée au-dessus du faitout, elle y puisait à pleines mains et s’abreuvait avec l’impatience d’une bête à l’étable. L’eau graisseuse coulait sur son menton et dans son cou avant de s’immiscer dans les plis crasseux de sa robe. Sans réfléchir, Margrét plaqua sa main sur le front de la jeune femme et la tira vivement en arrière. Agnes tomba en poussant un cri. L’eau gargouillait encore dans sa bouche de manière si pathétique que Margrét en eut le cœur serré. Les yeux mi-clos, la bouche ouverte, Agnes ressemblait à ceux que la boisson, la maladie ou un deuil trop brutal ont rendus fous. Elle gémit, frotta sa bouche et sa robe du plat de la main, puis elle se dressa sur ses coudes et tenta de se relever.
— J’avais soif.
Margrét poussa un long soupir. Son cœur cognait dans sa poitrine.
— Demandez-moi une tasse, la prochaine fois. »
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Il avait une haleine atroce, mais la mienne ne vaut guère mieux. Je sais que je pue. Je suis noire de crasse et couverte de croûtes : sang, sueur, humeurs. Je ne suis que suintements. Je ne me souviens même plus du jour où je me suis lavée pour la dernière fois. Mes cheveux ressemblent à un amas de cordes graisseuses. Au début, j'essayais de les natter, puis j'ai renoncé : ils m'ont privée de rubans. Le jeune garçon de Hvammur m'a certainement prise pour un monstre.
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