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Critique de vincentf


Loin de répondre à la question posée par son titre, cet ouvrage permet à son lecteur de se poser les bonnes questions sur une période de l'histoire particulièrement problématique, puisqu'elle est constamment menacée par deux maux opposés, la banalisation et la sacralisation.

Ce que tente Kershaw, ou plutôt ce qu'il esquisse, c'est une synthèse des multiples et contradictoires interprétations du nazisme, de la structure de ce régime, de ses rapports à l'économie et surtout du rôle qu'y a joué Hitler, dont le texte montre bien le rôle crucial sans pour autant réduire le nazisme à l'hitlérisme.

Hitler, s'il donne, par son idéologie et par sa propagande dont on peut encore voir les échantillons dans ces discours aboyants qu'on nous montre parfois à la télévision, les buts et fondements de la politique nazie, ne prend que très peu de décisions. Il galvanise puis il laisse faire. Hilter a-t-il donné lui-même l'ordre d'exterminer les Juifs ? Il est bien difficile de répondre à la question. Aucun document ne le prouve. Cependant, il a clairement joué un rôle de prophète en déclarant que les Juifs allaient disparaître d'Europe avant de laisser faire les Einsatzgruppen qui massacraient tout sur le front de l'est. Une fois le génocide mis en route, il n'avait plus qu'à donner une légitimité à ce qui avait déjà lieu. Fonctionnement terriblement pervers, s'il en est, puisqu'il décharge tout le monde de sa responsabilité morale, Hilter parce que ça n'est pas directement sous son ordre que se fait le génocide, et les massacreurs, qui s'appuient sur la volonté du chef charismatique pour accomplir des horreurs inconnues jusqu'à ce jour.

Je me plains parfois de ne pouvoir évoquer cette période de l'histoire que sous son aspect moral. Kershaw répond en partie à ce problème en soulignant que cet aspect est central, que toute recherche sur le nazisme doit avoir pour point de mire Auschwitz, que l'on ne peut pas parler de la vie quotidienne sous le nazisme, même dans ces aspects "normaux", sans avoir à l'esprit, que pendant que la vie continue, que la modernisation de l'Allemagne se poursuit, des millions de personnes sont massacrées au nom de théories racistes et expansionnistes. C'est même en essayant humblement de comprendre comment ont pu coexister l'horreur et la banalité que l'on s'approchera du but non négociable de l'étude historique du nazisme, que cela ne se reproduise pas.
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