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Critique de ChatDuCheshire


Ce livre me fut prêté par une amie en plein processus de conversion à la religion juive. Étant donné que je suis, plus que jamais, fâchée avec les religions, quelles qu'elles soient, j'ai tardé à le lire mais j'avais tort: ce bouquin ne se penche pas exclusivement, loin s'en faut, sur les efforts qui ont pu être faits en faveur des victimes juives de la guerre (un sujet que je connaissais déjà assez bien) mais sur le sauvetage par un seul homme de tous ceux qu'il a pu épargner du fait de son influence sur le commanditaire des massacres: Himmler, le numéro deux du régime nazi. Je ne vais pas ici reprendre l'histoire, vraie, de Felix Kersten qui, par un concours de circonstances, est devenu le masseur et le confident/faux ami de Himmler et qui prit sur ce dernier un ascendant tel qu'il put le convaincre d'épargner la vie de milliers de personnes durant la guerre jusqu'à la chute du régime nazi. Cette histoire est fort bien racontée dans ce livre et s'appuie (lire le prologue) sur des conversations que l'auteur a pu avoir personnellement avec Felix Kersten. Cette histoire est admirable pour son contenu intrinsèque - un homme seul qui sauve des milliers de personnes (et évite même une déportation massive de la totalité de la population néerlandaise !) - et intéressante en guise d'illustration du pouvoir immense que peut prendre un soignant sur son patient.
Le seul hic est que ce livre ne correspond probablement pas totalement à ce qui s'est réellement passé et, d'ailleurs, l'auteur sème de-ci de-là quelques points d'interrogation sur la personnalité complexe de Felix Kersten. Certes l'homme est admirable et a effectivement sauvé des milliers de personnes. Mais il est également probable que celui-ci ait un petit peu péché par orgueil en exagérant parfois l'importance de son influence sur le dénouement de certains événements. En lisant ce livre j'étais étonnée de n'avoir rien su de cette histoire jusqu'ici mais une petite recherche révèle qu'il y a eu et qu'il y a toujours débat sur ce sujet. Il n'empêche : péché d'orgueil ou pas Kersten figure incontestablement au rang des bienfaiteurs de l'humanité et merci à Joseph Kessel d'avoir pris le temps de conter son histoire par le menu même si celle-ci doit probablement être lue avec un léger grain de sel...
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