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Critique de nilebeh


Yudah, fille du désert, appartient à la tribu des Qurayzas, peuple juif qui parcourt le désert avec ses chèvres, selon une organisation très établie dans laquelle le rabbin Haïm joue un rôle essentiel. Nous sommes sur les terres algériennes, au temps d'Abdelkader, le caïd qui tint tête aux Français pendant quinze ans. le rabbin pour attirer la bienveillance du grand chef arabe veut lui donner en cadeau une jeune vierge de quatorze ans, Yudah. Les parents pensant qu'ils vendent leur fille à un émir, la laissent partir. du reste, c'était son destin, la gloire future était annoncée dès sa naissance par une tache bleue au-dessus des fesses, signe indiscutable de grandeur à venir.

Haïm mène donc sa protégée à Alger mais là, rien ne se passe comme prévu: la fiancée juive est confinée dans le harem, en proie à la méchanceté des autres femmes et son promis est absent, retenu en France, prisonnier des troupes de Bugeaud. Toute la smala, des centaines de soldats, de femmes et d'enfants, sont emmenés sur l'île Sainte Marguerie, en face de l'Estérel. Elle, malade et blessée après une tentative de viol, est hébergée par les religieuses parmi lesquelles la jeune novice Cécile, réfugiée là parce que son fiancé ne peut l'épouser, la mère de ce dernier exigeant une dot que les parents de Cécile ne peuvent fournir. Yudah, devenue Judith par le baptême, ne comprend pas: dans son monde, c'est le futur mari qui offre la dot!
Au monastère vit un jeune moine qui résoudra par le suicide la douleur d'être renvoyé de ces lieux, image d'une silhouette oscillant sous un toit que Yudah n'oubliera jamais, non plus que le visage douloureux de Cécile, la fiancée abandonnée puis recherchée par son amour venu enfin d'Albi pour l'épouser. Les nonnes en décideront autrement, monde cruel et incompréhensible pour la jeune vierge du désert. Elle va suivre l'amoureux devenu quasi fou de désespoir, lui servir de servante, d'amante, de consolatrice, de modèle aussi car il est peintre. Inlassablement, il reproduit la silhouette de Yudah mais c'est le visage, les yeux, le sourire douloureux de Cécile qui apparaissent sur les dessins achevés.

Jusqu'au jour où elle est retrouvée par son cousin, son promis du désert, Daoud, et le voyage reprend, vers Paris cette fois, nous sommes en 1848, jours d'émeute, le peuple se soulève contre la misère. Napoléon III réprime les émeutes, les tentatives de Victor Hugo pour défendre la cause des faibles n'y feront rien. Avec étonnement, nous entrons dans son appartement de la place des Vosges, le voyons pleurer sa fille, organiser une séance de spiritisme avec Yudah en tant que médium. le récit s'égare un peu pour se terminer sur les barricades.

Un livre intéressant quoique partant dans un peu trop de directions, on aurait bien aimé développer certains aspects un peu plus longuement, la vie dans le désert, dans le harem, le contexte historique de la prise d'Alger, le monde parisien en 1848, même ce curieux passage mêlant l'érotisme sado-maso homosexuel et le fantastique (cet artiste de théâtre gay chaque jour “ enlevé ” par l ‛ “ ogre ”, son amant brutal et mystérieux). A force d'aborder plusieurs thèmes, l'auteur nous laisse sur notre faim ce qui est d'autant plus dommage que l'histoire ne manque pas d'intérêt et l'écriture est plaisante.
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