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Critique de Foxfire


L'uchronie est en soi un paradoxe. Partant de faits établis, l'uchronie offre un champ de possibles infinis. Ce jeu d'équilibre et de déséquilibres entre le réel et l'imaginaire est ce qui le rend totalement passionnant. L'auteur doit être capable, tout en respectant le cadre historique, de laisser libre cours à son imagination. Pari globalement réussi pour Stephen King même si son 22/11/63 n'est pas exempt de défauts.

Le point fort du roman c'est le mélange entre uchronie relative à la grande Histoire et uchronie personnelle. Ce mélange est souvent gage d'efficacité, permettant d'insuffler de l'émotion dans le récit. C'est d'ailleurs l'aspect uchronie personnelle qui est le plus réussi dans 22/11/63. King fait encore une fois preuve de son incroyable talent pour donner vie à des personnages attachants. Impossible de ne pas être émue par Jake/George et Sadie ainsi que par toute la galerie de seconds rôles qui peuple le roman. On vibre intensément avec eux, avides de savoir ce qu'il va leur arriver. Comme souvent dans son oeuvre, King fait vibrer la fibre nostalgique. Et dans ce domaine, il sait y faire. On a souvent l'envie folle de prendre un aller simple pour l'Amérique du début des sixties. Mais derrière cette vision idéalisée King n'oublie pas de mettre en évidences, par petites touches, les travers de cette époque.
L'uchronie touchant à la grande Histoire est en revanche un peu moins réussie à mon avis. King dresse un portrait de Lee Harvey Oswald qui évite tout simplisme. Ceci dit, j'avoue que je trouve plus marquant le Lee Oswald de Don de Lillo dans le très bon « Libra » que j'ai diablement envie de relire. Dans le roman de de Lillo, Lee était le personnage central, chez King, il m'a semblé plus désincarné, il faut dire qu'il n'est pas le personnage principal, il est davantage un élément de contexte.
Loin de moi l'idée de dire que l'aspect historique du roman est raté, ce n'est pas le cas, le fil narratif autour de l'assassinat de JFK est intéressant, parfois captivant mais parfois aussi un peu longuet. le roman souffre en effet de longueurs et je pense qu'il aurait été salutaire de resserrer le récit sur 700 ou 800 pages au lieu des 1000 écrites par King. Il y a un ventre mou vers la moitié du bouquin qui a un peu fait retomber mon enthousiasme. Fort heureusement, dans le dernier tiers on retrouve la maestria de conteur de King qui raccroche le lecteur pour ne plus le lâcher jusqu'à un dénouement vraiment très beau. Evitant toute facilité et tout cynisme, la fin imaginée par King est terriblement émouvante.

Sans se hisser parmi les meilleurs romans du King, « 22/11/63 » est un très bon cru de l'auteur, à la fois imparfait et très attachant. Sa taille peut faire peur, 1000 pages ce n'est pas rien et il faut bien dire que parfois on les sent passer mais les qualités du roman font vite oublier ces passages à vide. Ceux qui sont admirateurs de King pour créer de beaux personnages seront comblés, d'autant plus qu'ils auront l'immense plaisir de retrouver brièvement Bev et Richie, deux protagonistes de son magistral « ça », d'ailleurs il vaut mieux avoir lu « ça » avant celui-ci le plaisir n'en sera que plus évident. Et puis cette fin qui m'a mis les larmes aux yeux vaut vraiment la peine de s'attaquer à ce pavé.

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