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Critique de incortom


"Le Fléau" de S. King

« Un roman sombre, mystérieux, post-apocalyptique et futuriste »

« Le Fléau » est un roman sombre, mystérieux et post-apocalyptique de S. King où se mêlent l'angoisse, la terreur et une lutte acharnée entre le Bien et le Mal. Nous nous demandons sans cesse qui va gagner : le Bien ou le Mal ? Pour le savoir, il faut le lire jusqu'au bout. Mais passons d'abord en revue les personnages et la vision de cette oeuvre.

Pourquoi futuriste, allez vous me demander ? Eh bien, car elle a été écrite en 1978, et l'action se passe en 1982-1983. Il se constitue de 3 parties : on suit les personnages de juin 1982 à janvier 1983. Résumons : juin 1982 correspond à l'apparition du Fléau qui va toucher bon nombre de personnes, mais heureusement quelques uns s'en tireront. Au départ, nous croyons qu'il s'agit d'une banale épidémie mais au fil des pages, on se rend compte qu'elle emporte tout sur son passage. le terme « le fléau » n'est utilisé que très peu dans le livre, on préfère parler d'épidémie ou de maladie. Mais beaucoup de personnages en réchappent et décident de s'unir : les uns auprès du Bien et les autres auprès du Mal.

Ceux qui choisissent le camp du Bien sont nombreux. C'est donc une lutte acharnée entre Bien et le Mal sachant que le temps joue en faveur des protagonistes. Qui va gagner ? le groupe du Bien établit son campement à Boulder (Colorado), tandis que le camp du Mal se trouve à Las Vegas. Voyons les différentes références présentes.

Commençons par le « groupe » formant le Bien : Stuart Redman décide de s'échapper d'un centre où il est enfermé (Stovington, dans le Vermont), et où, lui dit-on, que les médecins peuvent le guérir mais ils seront tous rattrapés par l'épidémie. Il finit donc par s'échapper et va rencontrer plusieurs autres personnes qui vont s'unir à lui. C'est un Texan assez flegmatique qui est à la recherche de la vérité et peut-être même de la passion, car son nom veut dire « homme rouge », et le rouge est la couleur du désir, de la passion et aussi du sang et de la vie. On comprend donc qu'il refuse d'être traité comme « une bête de foire » et qu'il s'échappe du centre de Stovington. Dans sa quête, il va se lier d'amitié avec un ex-professeur de sociologie, Glen Bateman (peut-être est-ce là une référence au super héros Batman), et un électricien, Ralph Brentner.

Frannie Goldsmith est une jeune femme enceinte (au début du roman, elle est enceinte de trois mois), malgré elle, à la recherche de l'amour. Tout d'abord, elle se lie d'amitié pour un jeune garçon, cultivé, beau gosse mais possessif et jaloux du nom de Harold Lauder, seul survivant. Harold finira, par jalousie, à basculer dans l'autre camp (celui du Mal) et découvrira qu'elle tient un journal intime. Il en tiendra lui aussi un plus tard. En plus d'être enceinte, elle est courageuse, fragile, très inquiète et sentimentale. Elle finira par tomber amoureux de Stuart Redman.

Larry Underwood, un rocker ayant connu le succès au début du Fléau. Il recherche la gloire et l'amour. Son destin va le conduire à trois femmes : la première périra (Rita, on peut imaginer qu'il s'agit de R. Haysworth, femme d'O. Welles car elle est décrite avec des cheveux blonds et un mélange attiré par Larry et elle-même). La deuxième rencontre en est une assez étrange (il va se lier d'amitié pour Nadine Cross, mais on ne sait pas dans quel camp elle est, du moins, au début), et enfin avec Lucy qui deviendra sa femme. Il entretient une liaison conflictuelle avec sa mère (il n'est pas fait mention de son père) et lui voue un amour particulier.

Nick Andros est un sourd muet errant de ville en ville pour trouver un boulot. Durant sa flânerie, il va devenir gardien de prison à la place du shérif qui va succomber au Fléau. Nous pouvons voir un rapprochement entre son prénom, diminutif de Nicolas signifiant « peuple victorieux », car il va s'imposer dans le groupe et va être pris au piège durant la fin de la 2me partie. Il se lie d'amitié avec Tom Cullen, un ivrogne ayant des visions. Vous devez vous demander pourquoi je vous parle d'eux. Eh bien, car ils ont un point commun (hormis H. Lauder) : ils rêvent d'une prophétesse du nom de « Mère » Abagail Freemantle qui va les souder.

« Mère » Abagail Freemantle, une Afro-Américaine âgée (108 ans, quand même), ayant des visions de Dieu. Elle prétend effectivement savoir comment vaincre celui qui est à l'origine du Fléau. Passons maintenant au camp du Mal :

Randall Flagg, principal antagoniste et décrit comme un homme ayant des cheveux courts et noirs. C'est un sorcier aux pouvoirs maléfiques qui lit dans les pensées des gens, et portant une flamme en guise de reconnaissance. En anglais, flagged veut dire « être marqué par » et c'est là une déformation du mot. C'est comme ça qu'il contrôle le Fléau et l'esprit d'Harold Lauder. Cet antagoniste est également présent dans les Yeux du Dragon (1984) et dans le cycle de la Tour Sombre (1991) (interprété par Matthew McConnaughey dans le film de 2017).

Dans les visions de « Mère » Abagail ainsi que dans celles de Stuart Redman, Nick Andros et Frannie Goldsmith, il apparaît comme « l'homme sans visage » ou « l'homme en noir », couleur représentant la mort, le mystère ou le Mal. Il peut prendre l'apparence d'un loup ou d'un corbeau. Son pire supplice est la crucifixion, on voit donc un passage biblique et la mort du Christ. On note également une référence aux dessins animés de Blanche Neige (le corbeau est l'animal apprivoisé par la belle mère, qui se transformera en sorcière) et à La Belle au Bois Dormant (animal de compagnie de Maléfique). On peut aussi y voir une référence à un poème d'Edgar Poe (il a été inspiré par le film la Chambre des Tortures avec Vincent Price) ou à Alfred Hitchcock. Généralement, la présence d'un corbeau ou d'un loup marque la présence de son esprit. Faisons un rapprochement entre Maléfique et Randall Flagg car, comme lui, elle veille sur le château avec son corbeau et son sceptre. Il peut être aussi associé au dieu des Enfers, Hadès, car il est craint et rôde toujours parmi les mortels grâce à son casque d'invisibilité. Une autre référence est faite à la fin du livre, musicale, cette fois ci, on le compare au « rôdeur de minuit », « midnight rambler », chanson des Stones de 1969.

Nadine Cross, est une femme aux cheveux noirs striés de blanc, couleur représentant le fantôme, la virginité ou l'invisibilité. Elle a peut-être influencé le personnage de Sindel, apparaissant dans Mortal Kombat, femme de Shao Kahn. Son nom évoque la punition du sorcier car cross, en anglais, signifie « la croix ».

Lloyd Henreid, le second de Flagg. Il est décrit comme étant violent et ne doit surtout pas commettre d'imprudence. En effet, il l'a libéré alors qu'il était emprisonné et en a décidé de faire son second.

La « Poubelle » est un autre personnage que Flagg a réuni avec Lloyd. Il est surnommé ainsi en raison de sa laideur, et le fait qu'il ait commis de nombreux incendies durant son enfance. Il est décrit comme étant solitaire et a été rejeté par ses parents. Il va commettre une explosion ce qui déclenchera la colère du sorcier. Néanmoins, durant la dernière partie (l'affrontement), on s'intéresse à l'antagoniste.

Les villes ne sont pas choisies au hasard : pour le camp du Mal, Las Vegas est citée car elle est connue pour être la « ville du pêché », surnommé « Sin City » en anglais. Nous suivons donc l'itinéraire du groupe du Bien contre le Mal, parsemé d'embûches et de pièges. A chaque détour, il peut être n'importe où. Là où ils s'y attendent le moins.


Nous trouvons une référence à Moïse lorsque les protagonistes (Mère Abagail, Stuart, Frannie et Nick) traversent le désert car il a conduit le peuple d'Egypte durant plusieurs jours jusqu'à ce que la Mer Rouge s'ouvre. Nous pouvons comparer Mère Abagail à Moïse car elle prétend comment savoir combattre Flagg, et de plus, elle a 108 ans lors de son décès dans le désert, tandis que Moïse en avait 120, selon la Bible. Comme lui, elle est en communication avec Dieu lui envoyant des visions.

Nous trouvons également une référence biblique, celle de David contre Goliath, la lutte entre le Bien et le Mal. David, par extension le peuple du Bien, essaye de vaincre l'armée du Mal, par extension Goliath, géant. le sorcier réserve le même supplice à ceux qui désobéissent ou se détournent de lui : il les crucifie, même méthode employée par les Romains pour tuer le Christ qui ressuscitera, sauf qu'eux ne ressusciteront pas. Il est donc craint, comme Hadès, dieu des Enfers et rôde autour des esprits. Quiconque désobéit ou s'oppose à Flagg se voit infliger une sévère sanction.

Une autre métaphore y est faite : celle de la 2nde Guerre Mondiale. Boulder, ville du Bien, est considérée comme la Zone Libre. Randall Flagg et ses complices sont donc assimilés aux Nazis, Randall Flagg étant A. Hitler, aussi très craint par ses compatriotes. Mais il ne leur réserve pas le même sort : ses opposants ne seront pas gazés.

Des images sont aussi remarquables par rapport à d'autres romans futurs : par exemple, lorsqu'il évoque la ville d'Hemingford Home, ville native de Mère Abagail, sera réutilisée dans le roman Ca (1986). La ville d'Arnette (au début du roman) sera, notamment, réutilisée dans le roman 22/11/63, roman relatant l'assassinat de JFK. Précisons aussi que la genèse du roman Ca a débuté en 1978, date à laquelle est sorti ce roman. Vous l'aurez compris, autant d'anecdotes que de références bibliques, littéraires et cinématographiques sont mises en avant et précisons aussi que celui ci va influencer plusieurs romans de sorcellerie dont la saga H. Potter ou le Seigneur des Anneaux.

Parlons de la première de couverture où l'on voit un homme en train d'échapper à quelqu'un ou à quelque chose. Sur son visage se lit l'angoisse, l'anxiété, la peur d'être rattrapé probablement par le Fléau. Notons aussi qu'un rat est sur une épaule : on peut donc penser que le Fléau est l'oeuvre du sorcier, Randall Flagg. le personnage sur la première de couverture déambule dans une ville (peut-être Las Vegas) car elle est dévastée, des voitures sont renversées, au troisième plan. La mort n'a jamais été aussi présente que dans cette oeuvre. Avec le roman Ca, il est considéré comme l'un des meilleurs.

Au début, nous avons l'impression que c'est un livre de science fiction et au fil des pages, nous découvrons qu'il s'agit d'un roman où règne l'épouvante, l'horreur, l'anxiété et l'angoisse. le roman se décompose en 3 partie : on commence par la découverte de la maladie, de l'épidémie, donc du fléau et on y apprend que beaucoup de personnes sont touchées, hormis quelques unes (voir plus haut). La deuxième concerne la présentation des personnages du camp du Bien avec la référence au peuple d'Egypte (la traversée du désert et la rencontre avec « Mère » Abagail, référence à Moïse). Notons aussi que c'est durant cette partie que Harold Lauder va changer de camp et va progressivement être contrôlé par le sorcier. Nous remarquerons aussi que Nadine Cross apparaît vers le milieu. La dernière partie est essentiellement concentrée sur Flagg et ses acolytes.

Durant toute la 2nde partie, nous avons la forte impression que Randall Flagg – ou peut-être est-ce S. King en personne ? - allez savoir, plane au dessus de nous car « la Mort gagne toujours, on ne peut empêcher ce qui va arriver ». Dans tous les cas, Flagg et King nous faussent compagnie. En fait, le Fléau est tiré d'une nouvelle de S. King « Une sale grippe », et tout à l'heure, nous parlions du Seigneur des Anneaux, Las Vegas peut aussi être vue comme le Mordor, lieu où l'Anneau a été créé.

Ce qui me paraît important de souligner, c'est que nous avons l'impression que c'est une lutte contre le Mal durant la Guerre Froide. le Bien est assimilé aux Américains, ceux qui cherchent la bombe atomique, et le Mal à l'URSS, ceux qui la détiennent et menacent de faire des ravages s'ils la trouve. D'un côté, nous avons un camp essayant de protéger la planète, notre univers et de l'autre, celui qui essaye, par tous les moyens, de le détruire. Je fais référence à cet événement historique pour deux raisons : l'une car le roman a été écrit en pleine Guerre Froide (1978), si vous voulez connaître la 2nde raison, lisez l'oeuvre. Donc, une lutte entre le Bien et le Mal avec, en fond, la Guerre Froide.

Et enfin, une dernière référence historique, pourquoi avoir appelé le roman le Fléau ? Il aurait très bien pu le nommer l'Epidémie ou encore la Maladie,... Eh bien, non, encore une fois, il faut se référer à la Bible car S. King s'est inspiré du surnom de Attila, chef des Huns, peuple barbare ayant régner durant la période romaine donc ici, R. Flagg est aussi vu comme Attila, qui a lancé une épidémie contre les envoyés de Dieu. On surnommait Attila « le Fléau de Dieu ». le supplice du sorcier peut aussi se référer à celle de Vlad l'Empaleur. Nous pouvons donc résumer en disant ceci : « le Bien et le Mal sont en nous, à nous de savoir à quel camp appartenir ».

Vous l'aurez donc compris : un roman original du fait que le Bien et le Mal se livre à une Guerre Froide, avec plein d'embûche et complexe.
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