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Critique de colka


Les tragiques morts de migrants en Méditerranée. Comment relater de tels événements et rester juste, sans pathos excessif ni voyeurisme ou stricte froideur informative ?
Emma Jane Kirby, correspondante de guerre, relève le défi à travers le récit de cet "opticien de Lampedussa", un îlien sans histoires ni autre signe distinctif que sa passion pour la mer et la pêche.
Mais en ce beau matin où il part en mer avec sa femme et ses amis pour une agréable partie de pêche, sa vie va basculer. Et ce ne sont pas des poissons qu'ils vont ramener au port mais quarante-sept Erythréens, sauvés d'une mort atroce en Méditerranée. Trois cent quatre-vingt cinq de leurs compatriotes n'auront pas cette chance et périront ce même jour lors du naufrage de l'embarcation où ils s'étaient entassés.
La force du récit réside dans l'équilibre que l'auteure a su maintenir entre témoignage et fictionnalisation. de multiples petits détails relevant du vécu des sauveteurs sonnent tellement vrais qu'ils sont, à ce titre, irréfutables et en même temps insoutenables pour celle ou celui qui les lit.
Mais d'un autre côté, ne pas avoir fait de Carmine Menna (le héros en chair et en os de cette histoire) un simple témoin, l'avoir protégé du sensationnalisme dont son récit aurait pu faire l'objet en fictionnalisant et en créant ce personnage de "l'opticien de Lampedussa", est à la fois très intelligent et respectueux des personnes et des faits.
Et si la lectrice ou le lecteur partage tous les états d'âme contradictoires auxquels vont être confrontés les héros de cette histoire, il sait que leur tragique aventure dépasse le cadre individuel, ce que ne manque pas de souligner l'auteure dans l'épilogue : "Cela arrivera encore un autre jour, un autre bateau. Il y aura davantage de mains, de corps battant l'eau, de voix suppliantes." Mais la fictionnalisation lui permet également, à travers le suivi du périple des Erythréens sauvés par l'opticien et ses amis, de laisser la lectrice ou le lecteur sur une ouverture qui implique l'espoir et non un fatalisme mortifère...
Heureusement sinon ce livre serait insoutenable et la réalité à laquelle il renvoie encore bien plus !
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