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EAN : 9782290149805
155 pages
J'ai lu (23/08/2017)
4.12/5   228 notes
Résumé :
L'opticien de Lampedusa nous ressemble.
Il est consciencieux, s'inquiète pour l'avenir de ses deux fils, la survie de son petit commerce. Ce n'est pas un héros. Et son histoire n'est pas un conte de fées mais une tragédie : la découverte d'hommes, de femmes, d'enfants se débattant dans l'eau, les visages happés par les vagues, parce qu'ils fuient leur pays, les persécutions et la tyrannie.
L'opticien de Lampedusa raconte le destin de celui qui ne voula... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (62) Voir plus Ajouter une critique
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Nous sommes à la fin de la saison estivale, à Lampedusa, où l'opticien et sa femme vivent toute l'année quant à leurs amis ils tiennent une boutique l'été ensuite ils rentrent chez eux. Il y a de moins en moins de touristes à cause de la présence des migrants. L'opticien, sa femme Teresa et leurs amis ont prévu une balade en mer à bord du Galata, le bateau de Francesco. Cette sortie qui se présentait sous les meilleurs jours se transforme en cauchemar lorsqu'ils entendent les cris de migrants en train de se noyer. Ils ne réussiront qu'à en sauver quarante-sept, plus de trois cent cinquante corps seront repêchés par les autorités.
Une belle écriture pour un récit coup de poing au coeur de l'actualité ! À lire !

Journaliste à la BBC, Emma-Jane Kirby a remporté le prix Bayeux-Calvados 2015 des correspondants de guerre pour son reportage sur le sauvetage de migrants en Méditerranée, dont s'inspire ce premier livre.
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En ce jour d'octobre ensoleillé et étonnamment doux, l'opticien et sa femme ont pris quelques jours de congés dans le but d'oublier, pour un temps, ses soucis, sa boutique qui marche moins bien, ses comptes et l'avenir de ses enfants. Avec des amis, l'opticien ira naviguer sur la mer, se laissera bercer par les flots, contemplera avec apaisement la mer et humera les embruns. À bord du Galata, chacun profitera de cette parenthèse enchantée... Après une nuit calme, l'opticien se réveille en douceur, admire la mer... Tout serait parfait s'il n'y avait pas ces fichues mouettes qui font un boucan terrible. Lorsque Gabriele et Francesco le rejoignent sur le pont, eux aussi sont étonnés par ces cris. le Galata s'approche, la clameur s'intensifie. du haut de la cabine, balayant son regard alentour, l'opticien se rend compte alors que ce qu'il prenait pour des cris de mouette étaient en fait des cris d'hommes et de femmes dont l'embarcation a coulé alors qu'ils essayaient de rejoindre l'Europe. Ils sont des centaines dans l'eau. Comment faire pour les sauver tous ?


L'opticien de Lampedusa, c'est monsieur tout-le-monde, un homme tout à fait ordinaire. Il écoute les infos, d'une oreille parfois. Ces migrants qui fuient leur pays, on en parle tous les jours. du nombre de morts, l'on oublie qu'il y a des hommes et des femmes derrière ces chiffres. Carmine, l'opticien de Lampedusa dont on apprend le prénom à la page des remerciements, va soudainement être confronté à ce qu'il voit et entend aux infos. Comment décrire l'impensable ? Comment sauver des centaines de personnes dans un si petit bateau ? Peut-on décemment choisir qui l'on va sauver ? Emma-Jane Kirby, au cours d'un reportage en Italie sur la situation des migrants, a rencontré Carmine Menna et sa femme, Rosaria. le couple a accepté de lui raconter cette terrible et inoubliable journée d'octobre 2013 qui le marquera à jamais. Autour d'eux, leurs amis, marqués tout aussi fortement. Mais aussi le fossoyeur, qui a la terrible tâche d'enterrer tous ces migrants, les bénévoles, qui essaient de leur trouver des vêtements, de la nourriture, un toit pour dormir. Ou d'autres encore, insensibles au sort des migrants. Un témoignage puissant et émouvant, certes romancé, mais qui permet de ne pas oublier cette situation tragique et qui met le doigt sur une Europe parfois inhospitalière.
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Octobre à Lampedusa, par une belle matinée ensoleillée. En mer, l'opticien se réveille à l'aube. La mer est belle, le soleil brille, il est heureux. Pour un moment, il oublie ses soucis, la crise, la boutique qui va mal, ses fils dont l'avenir l'inquiète. Sa femme et ses amis dorment encore. Il profite du calme seulement troublé par les mouettes qui vocifèrent. Les mouettes ? Non, ce ne sont pas des oiseaux qui poussent ces cris d'angoisse, de désespoir, de douleur. Plus loin, un bateau a fait naufrage, la mer est noire de tous ces naufragés qui tentent de respirer une dernière fois avant de sombrer pour toujours dans les eaux de la Méditerranée. Bien sûr, l'opticien connaissait le sort tragique des migrants venus chercher en Europe, de Libye, de Tunisie, de Somalie ou d'ailleurs un rêve de liberté et de vie meilleure. Mais jusqu'ici il ne s'était jamais senti concerné. La réalité le rattrape de plein fouet. Avec ses amis, il se lance dans un sauvetage effréné mais ils sont plus de 500, hommes, femmes et enfants à tendre leurs mains, le bateau est petit, la mer vorace. Ils en sauveront 47. 47 érythréens qui ont tout perdu. Pour l'opticien, c'est trop peu. Sa vie ne sera plus jamais la même, son sort est désormais lié à cette femme et ses hommes qu'il a sortis de l'eau pour les jeter dans le bain des demandeurs d'asile.

''L'opticien sait qu'avant cette funeste matinée des mains suppliantes étaient déjà visibles autour de lui. Au centre d'accueil. Sur les marches de l'église. Au bord de la route où il faisait son jogging. Ces mains l'appelaient dans les journaux qu'il jetait, ces mains jaillissaient sur l'écran de télévision qu'il éteignait. Elles ont toujours été dans son champ de vision. Pourtant, il choisissait de ne pas les voir.''
L'opticien du Lampedusa, c'est vous, c'est moi. Des petites vies tranquilles, avec leur lot de soucis et de plaisirs, des infos vues à la télé, des drames humains survolés dans le journal du matin, des images qui passent sans s'imprimer. Et un jour peut-être, nos yeux et nos coeurs s'ouvrent car derrière les chiffres il y a des personnes faites de chair et de sang qui fuient la misère, la dictature, la guerre. L'opticien de Lampedusa, c'est l'histoire d'un héros ordinaire, d'un héros malgré lui qui n'a eu d'autre choix que de voir le monde au-delà de sa petite personne.
L'opticien de Lampedusa, c'est un reportage mis en mots, une histoire vraie, un coup de poing dans l'estomac de l'Europe, une lecture nécessaire pour se réconcilier avec l'humain.
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Deuxième livre que je lis sur l'île de Lampedusa, lieu d'arrivée de très nombreux migrants depuis avant 2013.
Le premier, roman de Laurent Gaudé, récit d'un capitaine de bateau de gardes-côtes chargé du sauvetage de bateaux en mer suivant la loi européenne reconnue.
Le capitaine finit par vivre un vrai cas de conscience et un chamboulement de sa personnalité, de ses valeurs.
Ici, Emme-Jane Kirby, journaliste britannique remporte un prix pour son reportage sur le sauvetage des migrants.
A cette occasion, elle rencontre bien l'opticien de Lampedusa qui a activement avec ses amis participé au sauvetage de 47 personnes en mer. Malheureusement beaucoup d'autres périront.
Dans le roman, l'opticien qui n'est jamais appelé par son prénom passe un agréable week-end sur un bateau avec deux de ses amis et leurs trois épouses.
Le matin, notre opticien entend des cris semblables à ceux des mouettes mais devenant de plus en plus horribles au fur et à mesure qu'ils se rapprochent.
Ils seront pris par un besoin de sauver des personnes et d'appeler des secours.
Ils vont vivre des heures horribles, se mettre en danger eux-mêmes.
En lisant ce récit, on assiste à un réveil des consciences face aux humains en détresse.
Certains passages sont très durs comme le contenu des filets de pêcheurs ou l'indifférence de certains navigateurs.
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Les tragiques morts de migrants en Méditerranée. Comment relater de tels événements et rester juste, sans pathos excessif ni voyeurisme ou stricte froideur informative ?
Emma Jane Kirby, correspondante de guerre, relève le défi à travers le récit de cet "opticien de Lampedussa", un îlien sans histoires ni autre signe distinctif que sa passion pour la mer et la pêche.
Mais en ce beau matin où il part en mer avec sa femme et ses amis pour une agréable partie de pêche, sa vie va basculer. Et ce ne sont pas des poissons qu'ils vont ramener au port mais quarante-sept Erythréens, sauvés d'une mort atroce en Méditerranée. Trois cent quatre-vingt cinq de leurs compatriotes n'auront pas cette chance et périront ce même jour lors du naufrage de l'embarcation où ils s'étaient entassés.
La force du récit réside dans l'équilibre que l'auteure a su maintenir entre témoignage et fictionnalisation. de multiples petits détails relevant du vécu des sauveteurs sonnent tellement vrais qu'ils sont, à ce titre, irréfutables et en même temps insoutenables pour celle ou celui qui les lit.
Mais d'un autre côté, ne pas avoir fait de Carmine Menna (le héros en chair et en os de cette histoire) un simple témoin, l'avoir protégé du sensationnalisme dont son récit aurait pu faire l'objet en fictionnalisant et en créant ce personnage de "l'opticien de Lampedussa", est à la fois très intelligent et respectueux des personnes et des faits.
Et si la lectrice ou le lecteur partage tous les états d'âme contradictoires auxquels vont être confrontés les héros de cette histoire, il sait que leur tragique aventure dépasse le cadre individuel, ce que ne manque pas de souligner l'auteure dans l'épilogue : "Cela arrivera encore un autre jour, un autre bateau. Il y aura davantage de mains, de corps battant l'eau, de voix suppliantes." Mais la fictionnalisation lui permet également, à travers le suivi du périple des Erythréens sauvés par l'opticien et ses amis, de laisser la lectrice ou le lecteur sur une ouverture qui implique l'espoir et non un fatalisme mortifère...
Heureusement sinon ce livre serait insoutenable et la réalité à laquelle il renvoie encore bien plus !
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critiques presse (2)
LePoint
18 octobre 2016
Le livre pour voir autrement la crise des migrants.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeFigaro
26 septembre 2016
Emma-Jane Kirby, journaliste à la BBC, raconte l'histoire vraie d'un opticien de Lampedusa qui pêchait en mer quand des migrants ont chaviré.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Une rumeur circule. Les rescapés risqueraient une amende de plusieurs milliers d'euros pour être entrés en Italie. Une amende ! Sur quelle planète vit-on pour imaginer une telle loi ? Le Premier ministre est venu à Lampedusa quelques jours plus tôt, il s'est rendu au centre d'accueil. Il a vu l'état dans lequel vivent ces migrants. Le centre accueille trois ou quatre fois sa capacité. Certains réfugiés doivent dormir dehors. Il pense soudain à l'homme aux chaussons à pompon lors de la cérémonie. Où les politiciens croient-ils que cet homme cache son argent pour imposer une telle amende ? Ces gens n'ont plus rien. Ils sont totalement démunis. Ils n'ont même plus de rêves auxquels s'accrocher.
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A propos de l'enterrement des noyés au large de la côte de Lampedussa
Pour ce moment solennel, ils sont vêtus des fripes distribués par le centre d'accueil et ont l'air presque aussi déguenillés qu'à bord du Galate. La plupart ont des maillots à l'effigie de clubs de foot italiens dont ils n'ont sans doute jamais entendu parler. Ils ont aux pieds des baskets usées et les derniers servis se sont contentés de claquettes dépareillées.L'un des hommes porte une paire de chaussons en fourrure dont le pompon manque au pied droit. Ici, ce tableau est si pathétique qu'il n'a qu'une envie : ôter ses propres chaussures pour rendre à cet homme un semblant de dignité.
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En retirant son ciré, l'un des pêcheurs a expliqué ne plus pouvoir supporter son métier, quels qu'en soient les bénéfices. Il a décidé de prendre une retraite anticipée pour rejoindre la famille de son fils à Palerme. Ce n'est pas uniquement la peur de se retrouver en pleine mer au milieu d'un naufrage de migrants, admet-il. C'est aussi la peur de ce qu'il risque de trouver en remontant ses filets.
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L'eau immobile l'accueillait avec délice. En commençant à nager, l'idée le traversa qu'il était violent de briser ainsi la surface cristalline de ses maladroits battements de jambes. Aussi a-t-il bougé lentement, comme s'il avançait dans la nuit sur la pointe des pieds.
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L'opticien examine les visages des survivants. Il y devine toutes les espérances déchues, ce rêve d'Eldorado évanoui. Comme cette Europe devait être vivante et excitante dans leurs imaginaires ! Ils rêvaient d'éclats de rire. Ils s'imaginaient un travail et une maison. Un pays libre. À cet instant précis, l'opticien lit dans leurs yeux le chemin parcouru, le mythe soudain altéré comme la peinture des épaves qui pourrissent près du port. L'opticien ferme les yeux pour suspendre ses larmes.
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Vidéo de Emma-Jane Kirby
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