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Critique de Presence


Ce tome regroupe les épisodes 1 à 7 d'une nouvelle série, débutée en 2012. Cette histoire est complète et peut se lire indépendamment de toute autre. le scénario est de Robert Kirkman (oui, celui de Walking Dead et Invincible) et Nick Spencer (celui de Morning glory academy), et les illustrations de Shawn Martinbrough.

Conrad Paulson est connu dans les milieux spécialisés sous le nom de Redmond. C'est un voleur professionnel de renommée internationale. Alors que le récit commence, il est sur un paquebot de luxe en train d'essayer de visiter la cargaison. Au fil des scènes, il apparaît qu'il travaille depuis quelques temps avec Celia qui est devenue son apprentie. Conrad Paulson a été le partenaire de James, et a épousé Audrey sa soeur, avec laquelle il a eu un fils prénommé Augustus. Actuellement, il est lassé de sa vie de voleur et souhaite se ranger des voitures (enfin des tableaux et autres babioles). Mais il a aussi promis de réaliser un casse exceptionnel qui a nécessité 3 ans de préparation. Il doit également esquiver l'enquête menée par l'agent spécial Elizabeth Cohen qui s'approche dangereusement de Conrad Paulson.

Le début de ce tome se lit très facilement. Kirkman et Spencer ont opté pour une narration en sous-entendu avec une chronologie éclatée et en laissant parler les images. le lecteur passe ainsi d'une première page dans laquelle Paulson contemple un cadre vide accroché sur un mur (sûrement d'un musée), à la séquence à bord du bateau de luxe, puis à la première rencontre entre Celia et lui, etc. Chaque scène est savamment composée pour en dire le plus possible avec une économie de mots et d'images. Martinbrough compose des pages avec une moyenne de 4 cases par page (parfois une ou deux de plus, quelques pleines pages). Ses visuels apparaissent pourvus uniquement d'éléments servant à la narration, rien de plus.

Le lecteur suit donc Paulson de scène en scène en reconstituant facilement la chronologie puisque le passage du temps présent au temps passé s'effectue à chaque fois soit pour donner plus d'information sur un personnage secondaire, soit pour relater un moment clef de l'histoire personnelle de Paulson. le résultat est sympathique, plutôt décontracté et assez policé. Certes il ya bien quelques coups de poing portés, avec visage tuméfié à la clef, mais rien de gore ou d'ultra-violent. Certes Paulson se met en danger en souhaitant tout plaquer, mais le lecteur sent bien que les conséquences les plus graves sont l'atteinte à son moral, et non un risque de représailles quelconque.

Les illustrations sont également très agréables et faciles à lire. Martinbrough utilise un style un peu simplifié avec un encrage appuyé qui donne un aspect sérieux aux péripéties. Il réalise des mises en scène simples, avec des mouvements de caméras qui soit suivent l'action, soit alternent champ et contrechamp. Si cette technique semble simpliste, Martinbrough l'utilise avec une efficacité redoutable. La superposition de cases de la largeur de la page permet de montrer les personnages, ainsi que l'environnement dans lequel ils évoluent. Martinbrough prend soin de dessiner les décors très régulièrement, ne s'en dispensant que lorsque la conversation dépasse une page. Cet empilage de cases de la largeur de la page permet aussi de créer des effets très expressifs de contraste d'une case à l'autre. Lorsqu'une équipe est recrutée pour un nouveau casse, chaque membre est présenté dans une page de 4 cases larges sans dialogue. Cela suffit pour que le lecteur se fasse une idée de l'apparence du complice, de sa spécialité, avec en plus un élément humoristique et de la raison pour laquelle l'individu se laisse facilement recruter, une narration exemplaire. Les visages sont immédiatement reconnaissables, sans être très détaillés. Ils arborent souvent une expression fermée ou décidée, avec quelques personnages qui sourient. le lecteur pourra juste regretter les lèvres systématiquement trop pulpeuses des femmes.

Et puis, petit à petit, le lecteur commence à se rendre compte que derrière les scènes attendues et classiques, derrière les illustrations sympathiques et sans prétention, se cache une intrigue plus retorse que prévue. Kirkman et Spencer ont structuré leur narration au millimètre près pour mieux rendre leurs personnages sympathiques et attachants. Mais au fur et à mesure, il apparaît des informations et des situations qui prennent par surprise et qui transforme petit à petit cette histoire juste agréable en une mécanique bien huilée. le suspense s'installe et il n'est plus possible de lâcher le tome avant de l'avoir fini. Ils ont conçu une intrigue bien ficelée qui constitue le moteur du récit, avant les personnages, et sans réelle considération sociale ou philosophique. Mais ce qui commence comme un petit polar gentillet et inoffensif, devient un thriller où tout le monde ne joue pas carte sur table. Sans être un polar révélateur des turpitudes de notre société, "J'arrête." est un thriller de bonne tenue.
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