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Critique de Reginalda


Je vais me joindre avec enthousiasme au concert de louanges qui a accueilli la parution de ce livre remarquablement traduit. Outre une narration bien menée, une imagination puissante et un humour savoureux, « L'Homme qui savait la langue des serpents » recourt de façon originale et saisissante au fantastique. Si l'on en croit Jean-Pierre Minaudier, son traducteur et préfacier, Andrus Kivirähk puise pour ce faire dans la mythologie nordique. Quoi qu'il en soit, c'est moins par sa nature – même si elle offre au lecteur des créatures et des visions stupéfiantes – que ce fantastique est remarquable que par sa signification. Alors que les récits de fantasy se servent au mieux des créatures fantastiques pour parler du mal et de la face sombre de l'homme (et au pire pour en faire de simples variantes d'ennemis ou d'auxiliaires), le fantastique sert ici le propos à la fois historique et métaphysique de l'auteur. Andrus Kivirähk nous parle ainsi de la perte, de la disparition inéluctable d'un passé pas forcément meilleur, mais précieux parce qu'il est voué à la disparition.
Leemet, le héros et narrateur est le dernier en tout : le dernier garçon né dans la forêt, le dernier à savoir la langue des serpents, le dernier gardien de la salamandre, le dernier habitant de la forêt… Et il va nous livrer le récit poignant de sa vie, où l'on verra disparaître inéluctablement tout ce qui constituait sa réalité. L'auteur ne sombre ni dans la nostalgie ni dans l'idéalisation, mais, de façon extrêmement subtile, se sert du fantastique – la salamandre, les hommes qui parlent aux serpents et aux animaux, la maîtrise des vents… – pour incarner la réalité condamnée. Cela donne un livre d'une richesse prodigieuse, sans le moindre manichéisme.
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